Pas possible, dîtes-vous ?

Je suis venue vous dire que je suis un… chat. Dans ma précédente vie, j’étais une femme, et je rêvais…

Une nouvelle loin d’être banale qui, sous couvert d’une conception chimérique ou hallucinatoire, met en exergue quelques mentalités ; l’inaptitude de l’autre à la compréhension ; le « moi pour moi, et toi pour moi » ; la crainte d’une contamination psychologique. Des attitudes qui lorsqu’elles vous sont destinées peuvent inciter au refuge. Folie ou refuge ? Mais l’un va-t-il sans l’autre !

L’auteur s’interroge : « Que s’est-il donc passé ? Qu’est-ce qui a bien pu l’amener là où elle est rendue ? » Et l’auteur souligne la déconvenue d’une solitude dont on ne peut se départir malgré nos efforts, la certitude que nos tentatives sont irrémédiablement vouées à l’échec ; ces amitiés contrefaites qui n’impliquent que l’instant, celui d’une bonne action qui satisfait l’ego, mais point trop n’en faut ; l’épuisement moral. La recherche de l’autre, sans a priori, puis le constat, l’analyse de soi, le désir de comprendre pourquoi une personne seule restera à jamais une pestiférée. La gentillesse, la bienveillance, la capacité à écouter les doléances et confidences nous hissent, tant que nécessaire, sur le piédestal du « meilleur ami ». Puis c’est la dégringolade, parce que le temps est passé, il en a trop dit, il est gêné, il n’a plus besoin de vous, et, comme un Kleenex, il vous jette et vous passez dans le camp de persona non grata.

L’histoire est joliment narrée, la description de la transformation de Marie, sa découverte à son réveil… Une question me brûle les lèvres : Mycha, pour si bien vous mettre à sa place, étiez-vous un chat dans une ancienne vie ?
Ci et là, quelques touches d’une puissante réalité font de cette nouvelle plus qu’un conte, et la connotation « psycho-fantastique », suggérée par l’auteur, me semble exactement adaptée. Et pour répondre au titre, je dis : oui, c’est possible.

Parce qu’elle est originale, parce qu’elle a les mots là où on peut s’interroger, parce qu’elle sensibilise, cette nouvelle mérite d’être lue.