Le Blog de Pierre-Alain GASSE

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Tag - Saint-Suliac

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jeudi 2 octobre 2014

Quand le vin est tiré... Nouvelle policière - Chapitre 5

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V

Le retour de Simon Le Lagadec

Tous les fils de notre enquête sont brisés. Mais une certitude nous habite à présent, Julien et moi : les vignerons du Mont Garrot, tout comme Jacques Saintilan, nous cachent quelque chose. Quoi ? Telle est la question.

— Qu'est-ce qu'on fait ? me demande Julien.
— Je vais faire appel à un ami, dis-je, parodiant un célèbre jeu télévisé, pour qu'il nous rencarde sur Saintilan et les deux autres. Ils ne me semblent pas très nets.

Simon Le Lagadec, dit Sim, par commodité et sans autre ressemblance avec le défunt comique qu'une calvitie précoce, avait rendu sa carte et son arme, pour s'occuper de sa vieille mère, à cinquante et quelques balais, à mon grand dam, car je regrettais beaucoup cet équipier débonnaire et sûr. Depuis son départ, je ne manque aucune occasion de faire appel à lui - à l'insu de ma hiérarchie, cela va sans dire - pour des travaux de renseignement dont je ne peux me charger moi-même.

Aussitôt dit, aussitôt fait.

Une sonnerie de téléphone antique se fait bientôt entendre :

— Allô, oui ?
— Salut vieille branche ! Alors, ça boume ? Et ta mère, ça va ?

Simon le Lagadec utilise encore des expressions des années soixante que je m'amuse à lui resservir.

— Salut, Béné. Ouais, la routine, quoi. T'as du taf pour moi, on dirait ?
— Tu l'as dit, bouffi. J'aimerais que tu te rencardes sur un trio qui nous interpelle, Julien et moi, surtout un.
— Julien, c'est qui, celui-là ?
— Un ex à moi, du temps de la fac. Je suis en vacances et je l'aide dans une enquête sur le pinard. Tu vois si c'est sérieux !
— Et t'as mis ton nez là où il fallait pas, comme d'habitude.
— Ça se pourrait. Bon, voilà. Il faudrait suivre incognito un certain Jacques Saintilan, qui habite 35, rue du Garot, à la Ville ès Nonais, près de Saint-Suliac. C'est pas loin de chez toi, ça ?
— Vingt bornes à peu près.
— Il semble qu'on l'ait inquiété et il se pourrait qu'il bouge d'ici peu, mais, nous, on est grillés.
— Je peux être sur place dans une demie-heure. Le temps d'appeler la mamie-sitter.
— Super. On reste en planque, S'il sort, je t'appelle. Sa bagnole, c'est une Laguna noire, 255 FX 35. T'as toujours ta Kawa 750 ?
— Plus que jamais, tu penses !

Je hoche la tête : avec son passé de pilote de rallye, c'est pas demain que l'amour des grosses cylindrées va abandonner Simon.

— Alors, parfait ! Mais fais-toi discret. À plus.

Julien a écouté toute la scène d'une oreille admirative. Bénédicte est diablement efficace. Sa réputation n'est pas usurpée. Les souvenirs d'une étudiante brillante mais dissipée lui reviennent en mémoire. Elle était capable de faire trois choses en même temps : jouer au morpion, prendre des notes, lui faire du genou et souvent plus, pendant que lui, à ses côtés, avait bien du mal à se concentrer sur quoi que ce soit !

Il revient sur terre.

— On reste dans les parages, si j'ai bien compris ?
— Je viens de vérifier sur Woogle Maps. Saintilan habite dans un cul-de-sac. S'il sort en voiture, il passera par ce carrefour. Planquons-nous dans ce chemin creux, on le verra forcément passer.

Julien, que cette perspective réjouit visiblement, formule un accord enthousiaste.

Trop. Je m'empresse de réfréner ses ardeurs :

— Ne crois pas que tu vas en profiter, Juju. On n'est pas là pour ça.
— Dommage !
— Chaque chose en son temps !

Sur ces mots d'espoir (ou pas !), Julien gare son Alfa Romeo Giuletta 940 dans le chemin creux, prête à embrayer dans les roues de la Laguna Éxécutive de Saintilan.

Mon pressentiment est le bon : quinze minutes plus tard, après quelques mains baladeuses, facilement contrôlées, et un baiser volé à la sauvette par Juju, la Laguna noire croise notre cachette. J'ai demandé à mon ex de suivre le véhicule à bonne distance. Au bout d'un kilomètre, une grosse Kawasaki argent émet des appels de phare dans notre dos. C'est Simon. Je lui fais signe de nous doubler et de poursuivre la filature à notre place. Nous décrochons. Je lui transmets par téléphone tout ce que je n'ai pas eu le temps de lui communiquer lors de mon appel. Il crachote dans le casque-micro relié à son téléphone :

— Ben, dis donc, c'est quoi, ce binz ?
— Je ne sais pas encore très bien : simple espionnage économique ou entreprise mafieuse. Pour l'instant, seuls des délits sont avérés : sortie frauduleuse de marchandises sous embargo, infractions douanières. Mais ce qui intéresse Julien pour son article, c'est de remonter la filière jusqu'aux commanditaires, d'exposer à ses lecteurs le pourquoi et le comment.
— Si les triades chinoises sont là-dedans, faites gaffe où vous mettez les pieds, leurs méthodes sont expéditives, à ce qu'on dit.
— T'inquiète ! Tu me connais.
— Ouais, justement ! Je te conseille, si vous trouvez quoi que ce soit qui s'apparente à un crime, de prévenir procureur et commissaire aussitôt !
— OK, Simon. Tu vois bien que j'ai besoin de toi. Quand est-ce que tu reviens ?
 — Arrête avec ça, tu sais bien que je ne peux pas.
— OK, d'accord. Bon, tu me tiens au courant ?
— Ça marche !

Je raccroche.

Fini le bon temps ! L'ennui, avec des co-équipiers plus jeunes, c'est qu'ils me draguent tous, qu'une fois sur deux, je finis par coucher avec et que ça se termine toujours en eau de boudin, par une demande de mutation de leur part ou de la mienne ! La vie de couple dans la police, c'est pas de la tarte ! Et à ceux qui sont pas de la maison, "flic" ça fait peur, encore plus au féminin ! Alors, Julien ou pas Julien ? J'hésite à replonger. Le réchauffé, c'est pas trop mon truc. Pourtant, lorsque je le regarde, il se passe quelque chose, là, dans mon bas-ventre, que je n'ai pas ressenti depuis longtemps.

Fin de la minute d'auto-commisération.

Fin du chapitre aussi, tiens, pendant qu'on y est.

(à suivre)

©Pierre-Alain GASSE, octobre 2014.

mardi 30 octobre 2012

Quand le vin est tiré... - Chapitre 2


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Chapitre II

Vingt-quatre heures plus tard, à Saint-Suliac (Ille-et-Vilaine)

Les chambres d'hôtes "Les Mouettes" se situent dans une pimpante bâtisse du bourg même de Saint-Suliac. L'une d'entre elles, au rez-de-chaussée, possède des lits jumeaux. Julien n'en a pas trouvé d'autre sur la commune et il préfère loger au cœur de son champ d'investigation.

Nos deux nouveaux équipiers, habitués l'un comme l'autre à un minimalisme d'inspiration nordique très en vogue chez les gens de leur génération, à leur arrivée dans les lieux, trouvent le décor un peu suranné. Polis, ils n'en disent cependant rien à leur hôtesse, une veuve de marin, dans la soixantaine, plus vraie que nature. Peut-être en rajoute-t-elle un peu pour les touristes (accent du terroir, tablier bleu). La couleur locale, ça plaît bien. La propreté est impeccable, la literie modernisée et de plus, le rez-de-jardin leur convient tout à fait : ils pourront ainsi aller et venir à leur aise en toute discrétion. L'affaire est donc conclue : 58 € la nuit, petit déjeuner compris, durée à leur convenance ; en ce début juin, Dame Jeannine n'a rien de réservé avant le 15 prochain.

Sur la table de bois peint de la chambre, Julien a posé son ordinateur et sorti d'une chemise cartonnée divers articles de presse. Il se tourne vers Bénédicte assise en tailleur sur son lit et plongée dans un examen attentif des fleurettes de la tapisserie.

— Bon, tu m'écoutes Béné ? Voilà. J'ai été mandaté par une grande revue viticole pour enquêter sur les agissements des Chinois. Ils tenteraient, entre autres, de cloner à leur profit des cépages français protégés, pour reproduire des grands crus bordelais sans payer les royalties prévues par les accords de l'OMC. Et la piste m'amène ici.
— À Saint-Suliac ? De la vigne ? Tu rigoles ou quoi ?
— Pas du tout, ma chère. Figure-toi que jusqu'au siècle dernier, on y produisait du vin, rouge et blanc, et ce, depuis l'Antiquité !
— Alors, là, tu m'en bouches un coin ! Ça devait être de la piquette, en tout cas.
— Même pas. Au début, du temps des Romains, oui, mais ensuite la culture de la vigne a fait de tels progrès qu'au XVIe, il paraît même qu'un marquis de Quintin venait s'approvisionner sur la quinzaine d'hectares de vignoble qu'il y avait alors.
— Bon, d'accord, mais aujourd'hui à part quelques treilles, et encore ! y'a pas plus de raisin par ici que de beurre en broche !
— Détrompe-toi ! Il y a même une association pour le renouveau du vin breton, et les bonnes années, les vignerons suliaçais produisent dans les quatre cents litres de vin. Qu'ils ont le droit de boire ou de donner, mais pas de vendre. C'est là le hic. Officiellement, les quatre départements bretons ne sont plus région viticole et l'Administration tolère, mais ne veut pas officialiser cette résurrection.
— Et pendant ce temps-là, les Chinois rachètent à tour de bras les domaines viticoles mis en vente ou dont les propriétaires ne peuvent résister à des offres de rachat mirobolantes. Ils ont commencé par des petits châteaux dans le Bordelais et l'Anjou, mais j'ai lu la semaine dernière que Gevrey-Chambertin venait de tomber dans leur escarcelle ! Mon bourgogne préféré ! Ça commence à bien faire !
— Madame donne dans le patriotisme à tout crin et boit du Gevrey-Chambertin ? Je ne savais pas que la Police payait aussi bien ! Rassure-toi. Nos exportations de vin représentent encore plus de la moitié du marché chinois, mais il est vrai que les choses bougent très vite. L'an dernier, la progression du secteur a dépassé les 2O % ! L'engouement pour le vin est devenu un phénomène de société. Les financiers se sont emparés du créneau et la Chine est en passe de devenir le 5e pays consommateur au monde, mais elle est déjà le sixième producteur !
— Tu me récites Wikipédia par cœur ou quoi ?
— J'ai fait mon boulot. Je me suis documenté. Mais, tu as raison, revenons à notre sujet. Je vais t'emmener voir les deux inventeurs de la vigne de Saint-Suliac. Nous avons rendez-vous demain matin à dix heures sur les pentes du Mont Garrot.
— Les inventeurs de la vigne ? Sur les pentes du Mont Garrot ? C'est quoi, ce délire ?
— En 1996 on a retrouvé un vieux cep de vigne dans un taillis inextricable sur les pentes sud du Mont Garrot, un escarpement qui culmine à 73 m au-dessus du niveau de la mer, tout près d'ici. Mais, on verra ça demain. Si on se faisait une crêperie en attendant ? Je commence à avoir la dalle, moi, pas toi ?
— En voilà une idée qu'elle est bonne, moi, je dis.
— Alors, vendu !

Ils se retrouvent bientôt, à deux pas de leur logis, sur la terrasse du Galichon, l'unique crêperie du bourg, installée dans une vieille maison décorée avec goût.

Deux galettes "complètes", deux "andouille de Guéméné", deux crêpes "caramel au beurre salé" et six bolées de cidre plus tard, nos protagonistes ont l'estomac calé et l'humeur gaie. Bras dessus, bras dessous, ils entreprennent alors une petite promenade digestive par les ruelles du village jusqu'au port. C'est une belle soirée de fin de printemps. Le fond de l'air est doux. Le ciel, légèrement ennuagé, laisse le soleil déployer ses ors sur les eaux de la ria. Au Nord-ouest, l'oratoire de Notre Dame de Grainfollet, se découpe en ombre chinoise sur un horizon enflammé. Romantique à souhait, n'est-il pas ?

Julien en profitera-t-il pour tenter de ranimer les cendres du passé ? Bénédicte enterrera-t-elle ce soir sa vie de célibataire à corps défendant ? Vous le saurez peut-être dans le chapitre qui vient.

(à suivre)

©Pierre-Alain GASSE, octobre 2012.

samedi 27 octobre 2012

Quand le vin est tiré... - Prologue et chapitre 1

Voici en version probatoire le début de la nouvelle aventure de Bénédicte Plassard, héroïne récurrente de sept nouvelles policières déjà (les premières réunies dans "Passe de quatre", les dernières dans "Le Triangle de Mlle B.", deux recueils téléchargeables gratuitement sur le site d'Alexandrie Online.

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Prologue

Bénédicte Plassard, OPJ à la BRI de Rennes Centre, célibataire malgré elle depuis plusieurs mois, n'avait pas trouvé le moyen d'épuiser ses jours de récupération du premier semestre. Ainsi se retrouve-t-elle, un lundi matin de juin, convoquée par son commissaire qui lui signifie que les affaires étant un peu plus calmes, elle est en vacances à compter de cette minute.

— C'est un ordre, Plassard, il n'y a plus que vous qui n'avez pas pris toutes vos récup'. Ça fait désordre et ça complique la vie du service, alors, exécution !
— Bien, Commissaire. Et je reviens quand ?
— Commencez d'abord par partir, on vous rappellera si on a besoin de vous.

D'abord renfrogné, le joli minois de la policière tente de s'éclairer d'un sourire :

— Vous savez bien qu'au bout de deux jours de vacances, je m'em... quiquine, Commissaire.
— Peut-être, mais votre crédit RTT déborde et vos RPS aussi. Je n'ai plus de quoi vous les payer et on ne peut pas les verser sur votre compte épargne-temps. Alors, il faut m'utiliser tout ça avant vos congés annuels. Vous pouvez disposer, capitaine.

Bénédicte Plassard salue et sort du bureau.

Chapitre I

Retrouvailles

Selon un bref calcul de tête, cela l'oblige à deux semaines d'inactivité, au bas mot. Vacances ! Elle a le mot en horreur. Pas la chose, non ! Faut pas pousser. Mais décidément, en ce moment dans sa vie, tout est vacuité ! À commencer par son lit, vide de chez vide depuis... Elle renonce à compter. Trop longtemps, en tout cas ! Ensuite, son équipier Simon Le Lagadec dit Sim, qui a fait valoir ses droits à une retraite anticipée pour s'occuper de sa vieille mère ! À cinquante-deux ans ! Quelle misère ! Obligée de supporter des petits jeunes, nerveux comme des pur-sang, (dé)formés à la culture du résultat et à la déontologie trop souvent douteuse. Alors si maintenant, en plus, on la prive de boulot, c'est la totale ! Le vide sur toute la ligne.

Elle retourne mettre un semblant d'ordre sur son bureau, transmet à ses équipiers les instructions pour les affaires en cours et sort d'un pas désabusé sur le Boulevard de la Tour d'Auvergne. Qu'est-ce qu'elle va bien pouvoir faire de tout ce temps ?

Elle a donné son mobile-home de Pléneuf Val André en location jusque début juillet. Impossible d'aller se dorer la pilule là-bas. Et de toute façon, la météo annoncée n'est pas terrible ! Le soleil dans les îles, elle réserve cela pour cet été. Alors, quoi ? Une petite croisière en catamaran ? Elle consulte son compte en banque sur son smartphone. Il n'est pas dans le rouge, mais à marée basse quand même. Sa dernière virée au Casino lui a coûté cher. C'était pour le service, mais elle n'aurait pas dû jouer son propre fric, après avoir perdu les 200 € que lui avait octroyés le Commissaire ! Total : la cagnotte du service est à sec et elle sur le sable !

Elle s'attable à la première terrasse qui se présente sur le Boulevard et commande un un café-crème. Là, touillant distraitement un expresso bientôt froid, elle s'abîme dans des pensées aussi grises que le ciel plombé de cette matinée, lorsqu'une voix mâle la hèle depuis le trottoir opposé :

— Bénédicte ?

Un homme brun élancé agite le bras dans sa direction. Arquant les sourcils, elle tend les mains, paumes ouvertes, pour signifier son ignorance. Le quidam prend cela pour une invite et traverse aussitôt la chaussée. Pendant les quelques secondes que cela prend, sa procédure d'identification s'accélère dans l'esprit aiguisé de la policière et lorsque qu'il s'arrête devant elle, un prénom jaillit des lèvres de Bénédicte :

— Julien !

Gagné. Rennes. Licence en Droit. Cela remonte à dix ans maintenant. Elle avait passé le Concours d'Inspecteur de Police et l'avait obtenu. Leurs chemins s'étaient séparés. Il a pris dix ans. Elle moins, apparemment, puisqu'il l'a reconnue et elle pas. Ils s'embrassent comme de vieilles connaissances qu'ils sont.

— Alors, qu'est-ce que tu deviens ? Toujours dans la Police ? demande Julien en la détaillant du regard tandis que Bénédicte lui fait signe de s'asseoir à sa table.
— Oui, oui, capitaine à la BRI d'en face. Et toi, avocat ? Magistrat du siège ? Ou du parquet ?
— Non, non, journaliste d'investigation, free lance.
— Ah bon ? On fait presque le même métier, alors ?
— On dirait bien. Mais pas avec les mêmes outils. À toi le flingue, à moi le stylo, enfin, le clavier et la souris. Bénédicte voit là un raccourci journalistique aussi typique qu'erroné, mais s'abstient de le relever.
— Et tu travailles sur quoi en ce moment ?
— Je ne peux pas te donner les détails, tu t'en doutes, mais là, je pars sur une enquête très près d'ici, à Saint-Suliac. Tu connais ?
— Ouais, un peu, c'est sur les bords de Rance, non ?
— Exact. Et toi, t'es sur quoi ?
— Que dalle. Mon boss vient de me mettre en congé pour quinze jours. Chômage technique. Des jours à récupérer avant la date fatidique. Ça m'emmerde. J'ai rien de prévu. Je sais pas trop quoi faire.
— Ça te dirait de m'accompagner ? Tu me servirais de couverture. Un couple, vrai ou faux, ça attire moins l'attention qu'un solitaire.

Bénédicte regarde Julien. Julien regarde Bénédicte. Dans quoi va-t-elle se fourrer encore ? Les non-dits restent sous cape. Finalement, la paume de sa main droite va frapper celle de Julien :

— Tope-là, Juju !

Juju c'était le surnom de Julien, au temps de la Fac. Elle, c'était Béné.

— Mais on fait lit à part, OK ?

Julien écarte les mains, paumes ouvertes et levées, comme pour signifier : "Si tel est ton choix, d'accord".

(à suivre)

©Pierre-Alain GASSE, octobre 2012.