La Sagesse des Fouch
Par mary-j-dan le mercredi, janvier 30 2008, 17:42 - Littérature Alexandrine - Lien permanent
Jérôme Nodenot est né le 3 mai 1975 dans le Gers où il passe une enfance consacrée aux livres, aux sports d'endurance et à l'affection de sa famille. En 1994, il s'installe à Toulouse pour ses études : années essentielles durant lesquelles il découvrira ses auteurs fétiches, se formera à la littérature et voyagera, notamment en Espagne et aux États-Unis. Il obtiendra en 1999 une licence en lettres modernes. Viendront ensuite les années d'expérience directe de la vie : il sera employé dans une compagnie d'assurances, agent d'entretien, postier, livreur de pizzas. Depuis 2004, il est pizzaïolo dans une petite ville près de Toulouse. Il est marié avec Alice ; leur fille Cassandra est née en 2004. Jérôme est lauréat du prix 2005 au festival du Livre dans tous ses états pour son premier roman L'Alphabet d'un Paradoxe , et membre du comité de lecture d'Alexandrie Online...
Le résumé :
Antoine est ingénieur commercial dans une entreprise pharmaceutique. Jusqu'ici en adéquation avec son temps, il se trouve dans une mauvaise passe. En pleine dépression il fait la connaissance de ses nouveaux voisins, les Fouch qui, dans une démarche à la fois voltairienne (en ce sens où ils opposent une sagesse du bon sens aux idéologies dominantes) et gidienne (en faisant s'exprimer leur "authenticité" sans compromission) essayent d'exister différemment. Tous les personnages de ce livre cohabitent dans la même résidence à Toulouse (dont l'auteur lui-même). Enfin, la SDF serait aussi une tentative de conciliation entre la vie moderne et une certaine identité française. (Sélection du Prix Alexandrie 2008)
Il s’agirait, presque, d’une thèse soutenue par l’auteur, mais, dirais-je, écrite et développée dans un style d’auteur écrivain. Ce roman est surtout composé, comme le souligne l’auteur, de fragments narratifs, ou méditatifs, et cet ensemble interpelle forcément le lecteur. Je crois que, quelles que soient nos motivations, au fil de nos tranches de vie, nous évoluons, nous identifions et passons d’un conditionnement à un autre, tout en voulant nous en défendre. Tel l’adolescent qui pense s’arroger le droit à la différence. Ne s’est-il pas, au bout du compte, fondu, lui aussi, dans un moule ? Fouch l’a bien compris et là est sa lutte. Jérôme Nodenot démontre, entre autres, la faiblesse de l’homme qui, croyant se démarquer des autres, ne fait que se laisser modeler au fil des générations et des siècles. Déterminer la valeur intrinsèque d’un homme, aux yeux de la société, est une utopie. Ce qui m’amène au mélange des classes sociales, où je n’y vois qu’un semblant de verni pour le « juste dehors » et ne va pas au-delà, ce qui induit, obligatoirement, l’intolérance. La lutte contre son milieu d’origine, l’on peut y arriver et gagner. J’en suis persuadée, mais pour un temps, un temps seulement. Quant au mimétisme, voilà un mot que j’affectionne particulièrement. Il est une aide précieuse pour la formation de sa propre individualité. Avec cependant, une condition essentielle : ne pas se cantonner à un seul modèle. C’est ainsi que l’on forge sa propre personnalité. C’est vrai et c’est un comble. Copier pour devenir un « moi ». L’image du jeu de construction est formidablement bien adaptée. Pourquoi j’ai aimé ce roman ? Mais c’est évident ! En aucun cas, il ne peut laisser indifférent. En voiture, on regarde le paysage ; en lisant « la sagesse des Fouch », on s’observe dans notre société car, la société, c’est bien nous !