The Pistoleer Traduction : Danièle & Pierre Bondil

Avec une impartialité absolue, James Carlos Blake nous représente l'ambiguïté foncière du personnage. On peut même dire que l'écrivain n'est pas tout-à-fait convaincu par la légende qui assure que jamais John Wesley Hardin ne tira sur un homme autrement que pour se défendre.

Son héros est un superbe animal capable de raison mais qui, souvent, la perd et se laisse griser par l'odeur du sang. On sent bien la jouissance qui est la sienne quand il tue et, très souvent, même si Blake ne le dit pas, Hardin apparaît au lecteur comme l'ancêtre de certains tueurs en série, ceux qui compartimentent leur vie sans efforts et sont aptes à mener une vie pour ainsi dire normale tout en assassinant sans remords, par goût, par plaisir.

En arrière-plan, bien sûr, non seulement la Guerre de Sécession et son cortège d'horreurs mais aussi, mais surtout, la Reconstruction telle que la voulut l'Union, c'est-à-dire une humiliation et une insécurité constantes pour les Sudistes vaincus. Bien loin de pacifier les rancoeurs entre Blancs et Noirs, les Nordistes se sont complus à les alourdir, à les rendre encore plus sauvages. Et même si l'on ne souscrit pas à leur idéologie, on doit admettre que le Ku-Klux-Klan ou les John Wesley Hardin ou encore les frères James sont bel et bien nés de ce mépris de l'Union envers les gens du Sud et leur mode de vie.

Un roman-biographie étonnant qui se lit comme on regarderait un western de Sergio Leone : du sang, de la poussière, de la folie et des hommes qui vont jusqu'au bout d'eux-mêmes, même si c'est droit en enfer. ;o)