The Pistoleer Traduction : Danièle & Pierre Bondil

Ce livre est une biographie romancée de la vie d'un hors-la-loi texan assez peu connu en France mais dont les fans de Bob Dylan ont peut-être entendu parler puisque le chanteur américain lui a consacré une chanson.

Il est intéressant de constater que sa naissance, le 26 mai 1853, à Bonham, au Texas, fait de John Wesley Hardin un Gémeaux : le livre de James Carlos Blake nous décrit en effet un authentique Janus, tour à tour tueur froid, proche de la psychopathie, et gentleman au grand coeur et à la vive intelligence, parfaitement capable de se reconvertir dans le droit après son séjour en prison, avant de rechuter après la mort de son épouse.

L'enfance de John Wesley fut heureuse. Son père était un prêcheur méthodiste (ce qui explique d'ailleurs le second prénom qu'il donna à son fils) qui cumulait également les fonctions de juriste, de maître d'école et éventuellement de conducteur de troupeaux. Comme tout père, James G. Hardin souhaitait voir ses enfants réussir mais on ne peut vraiment pas dire qu'il se montra violent ou trop sévère. Il aimait ses enfants et, jusqu'au bout, il soutint son cadet tout en déplorant sa violence.

La blessure dont serait issu l'étrange parcours de John Wesley serait plutôt un fait de génération : la Guerre Civile - en français, la Guerre de Sécession - qui allait creuser entre le Nord et le Sud un fossé qui, de nos jours, n'est pas encore comblé.

Chez les Hardin, on avait plutôt des sympathies sudistes mais on ne possédait pas d'esclaves et on ne faisait pas de propagande esclavagiste. Pourtant, en 1868, alors qu'il avait tout juste quinze ans, c'est un Noir qu'abat John Wesley. Il affirmera toujours l'avoir fait en état de légitime défense mais, même s'il disait la vérité, en cette terrible époque de Reconstruction, il n'avait aucune chance d'échapper à la corde, encore moins d'être jugé équitablement. Sa fuite s'explique donc de manière très logique. Dans la foulée, cet habile tireur tua quatre soldats nordistes en patrouille - dont deux Noirs - qui voulaient l'arrêter.

En 1871, on retrouve notre pistolero sur la fameuse Piste Chisolm, qu'arpentent les troupeaux de bestiaux en route vers Abilene. Là encore, Hardin dégaine un peu trop souvent et s'en prend, entre autres, à des Mexicains. (Il faut lire l'évocation qu'en donne James Carlos Blake : on se croirait chez Sergio Leone.)

John Wesley tenta cependant de se ranger : revenu au Texas, il se maria et eut trois enfants. Il chercha même à se faire fermier mais ...

Mais tout d'abord, c'était plus fort que lui. Ensuite, il faut bien convenir à sa décharge que son extraordinaire dextérité au pistolet lui faisait recevoir des propositions très avantageuses, comme celle que lui fit Jim Taylor, célèbre anti-Reconstructionniste texan. Il l'accepta, autant par intérêt que par goût personnel et ce fut ainsi qu'il entra dans la guerre de clans opposant les Sutton et les Taylor. D'où, de nouvelles morts sur sa conscience - si tant est qu'il en ait eu une.

Après le meurtre d'un shérif-adjoint à Comanche, en 1874, Hardin fuit à nouveau. Les Texas Rangers l'arrêteront trois ans plus tard et il sera condamné à 25 ans de prison. Après de multiples tentatives d'évasion, il finira par se résigner et par reprendre ses études. Quand il sort pour bonne conduite, en 1894, il est ... avocat et s'inscrit au barreau du Texas.

Après la mort de sa femme, il prend pour maîtresse l'une de ses clientes. Mais le mari de celle-ci s'insurge et ...

L'affaire semble assez obscure et la version retenue par James Carlos Blake n'est qu'une de celles qui ont couru sur l'affaire. Toujours est-il que John Wesley Hardin fut abattu par l'officier de policer John Selman, dans un saloon d'El Paso où il jouait aux dés. C'était le 19 août 1895, il avait quarante-deux ans.