Le réel est saisi sur le vif, soit dans son authenticité, soit selon une représentation orientée dans un sens ou dans un autre, soit encore il est représenté de manière à faire effet, à faire spectacle, autant dire qu'il est "mis en scène" ; mais il n'est pas, il n'est plus l'expression poétique ni la transcendance de ce qu'il porte en lui ; et c'est bien là que réside l'imposture, une imposture qui va toujours de plus en plus loin et qui s'impose dans l'art, dans la littérature...

La presse, les critiques, les éditorialistes, en somme toute une "nomenklatura" d'intellectuels et de faiseurs de prix, soumise aux modes du moment, au sensationnel, à l'émotion, à tout ce qui fait événement et qui s'exprime dans une langue de dominants, une langue d'effets de style et de formulations n'ayant plus rien à voir avec la littérature et que d'ailleurs le "commun des mortels", l'homme, la femme de "la vie qui court", ne comprend pas ou fait semblant de comprendre afin de se donner le genre qui est celui de "l'air du temps"...

Il demeure cependant de par le monde, des gens, des artistes, des écrivains, des êtres qui à eux seuls, chacun d'entre eux, sont une culture, un style, un langage, et sont par là même dirais-je, des "créateurs d'atmosphère"... Lorsque disparait l'un ou l'autre de ces êtres là, c'est à chaque fois, toute une culture, tout un style, tout un langage, qui disparait avec l'un ou l'autre de ces êtres. Mais il reste la trace, l'empreinte, comme sur un mur ou comme sur un chemin du monde. La trace, l'empreinte, vivante... et le souvenir.

Le réel mis en scène sans expression poétique ou sans transcendance de ce qu'il porte en lui, n'a pas d'autre avenir que celui d'une pièce jouée dans un temps et dans un espace limités, une pièce dont les décors se succèdent avec des personnages en vue et des spectateurs qui vont et viennent...