Pèpe Le Beau est un paisible retraité à mille euros par mois...

Il assiste devant son poste de télévision à un débat houleux de l'assemblée nationale où il est question de nouvelles dispositions suggérées par un groupe de députés UMP, à la suite de la réforme des retraites qui vient d'être votée...

Dès le 1er janvier 2011, outre le recul de l'âge de la retraite à l'âge de 62 ans et de 67 ans pour la retraite à taux plein, une nouvelle mesure s'ajoute :

Tous les retraités n'ayant pas encore atteint l'âge de 67 ans, et donc, percevant déjà une pension de retraite, se verront obligés de se mettre à la disposition des entreprises, commerces, services publics, de leur ville ou de leur région. Ils devront être joignables à tout moment par téléphone (fixe et ou portable) afin de se rendre dans les plus brefs délais au lieu dit et d'effectuer un travail de remplacement, de renfort, d'intérêt général ou de maintenance de service... Et cela en fonction, soit de leur activité passée, soit plus généralement en fonction de leurs capacités supposées...

Ainsi, Pèpe Le Beau se verrait proposer – d'autorité – un travail de remplacement d'une caissière de grande surface en congé de maladie, la taille d'une haie chez « Azur Jardins », quelques heures à effectuer dans une crèche pour changer des couches de bébés, le remplacement d'un facteur pour distribuer du courrier publicitaire, faire le ménage dans des mobil-homes de grands campings avant l'arrivée des vacanciers, entretenir des fossés de chemins communaux, tenir un poste de veilleur de nuit dans une usine classée Seveso... et tant et tant d'autres « petits boulots »...

Il n'y aurait pas moyen de se soustraire à cette obligation de devoir effectuer l'un ou l'autre de ces travaux... Une ponction de 50 euros serait faite sur le montant de la pension à chaque refus, de telle sorte qu'au bout de 20 refus par exemple, un retraité à 1000 euros ne percevrait pas sa pension ce mois là...

Selon les députés à l'origine de cette nouvelle disposition... « Cela permettrait aux entreprises privées et publiques, d'assainir leur trésorerie, en employant des gens qui perçoivent déjà un revenu et de surcroît sont couverts par les assurances sociales (donc pas d'urssaf, pas de cotisations patronales, pas de salaire à verser) »...

Le débat à l'assemblée nationale se poursuit, et un autre « ordre du jour » vient : il est question cette fois du remboursement de certains frais médicaux, d'hospitalisation et d'opérations « bénignes »...

L'un des députés avance que bon nombre d'hommes âgés de 55 à 70 ans, et qui ont des « problèmes urinaires » attendent le plus souvent de dépasser 70 voire 75 ans pour se faire opérer de la prostate...

Et que, de ce fait, quand on est « trop vieux », l'opération revient plus cher parce qu'il y a des « suites et des complications »...

Alors se dessine l'idée d'une nouvelle disposition en matière de couverture sociale pour ce genre d'opération : on ne rembourserait plus que 50% si le patient attendait d'être âgé de 70 ans... Et l'on ne rembourserait plus rien après 75 ans...

« Merde! »... Se dit alors Pèpe Le Beau, piaffant comme un vieux cheval nerveux devant son poste de télévision... « non seulement il va falloir que j'aille remplacer la caissière du Leclerc à la veille d'un week end de fêtes, mais en plus il va falloir que je passe sur le billard avant 70 ans et je pourrais plus faire de purée en baisant »...