SECTION 3

Une fois franchie et parcourue la bande littorale “civilisée” (avec routes, villes, internet, téléphone fixe ou mobile, eau, canalisations, électricité, infrastructures, belles maisons aux toitures métalliques et beaux espaces et parcs et circuits de promenades aménagés...) commence la forêt équatoriale, une nature sauvage et vierge, sans aucun pylône, fil électrique, pont ou route... Une nature belle et sauvage, inchangée depuis des millions d'années... Mais des gens y vivent, dans cette nature : regroupés en des villages perdus dans la forêt, ne circulant et ne communiquant entre eux que par pirogue le long de cours d'eaux “labyrintiques”... Des enfants se lèvent à 2h du matin pour aller à l'école en pirogue jusqu'à la “ville” distante de plusieurs heures de navigation parfois périlleuse et toujours difficile...

Quoiqu'il en soit de ce “petit bout de France équatoriale”, la Guyane... Il n'en demeure pas moins que nous sommes bel et bien ici en Amérique du Sud, en “Amérique tout court”...

Vers l'océan Pacifique, vers les terres lointaines de Patagonie et du Cap Horn au Sud, et vers les terres lointaines du Nord de l'Amérique, il n' y a que des immensités à perte de vue... A ce qu'un “vertige” vous prenne et vous emporte, tant ces immensités sont diverses, bouleversantes, et d'une si grande beauté, d'une si grande pureté, d'une si grande violence... Nous sommes là dans une dimension “surréaliste” (la beauté, la très grande beauté, a assurément quelque chose de “surréaliste”)...

L'on ne peut qu'imaginer, lorsque la pensée prolonge le regard... Au delà de l'Amazonie, du plateau Brésilien, et des pampas de l'Argentine... La cordillière des Andes, les hauts plateaux Boliviens et du Pérou, L'Aconcagua, les vallées Chiliennes, l'extrémité des Andes au Sud du continent Américain, recouverte d'un immense glacier disloqué, cisaillé et hurlant comme milles violons de musiciens géants... Et cette côte tourmentée du Sud du Chili, éclatée en mille et mille petites îles, battue par les vents et les pluies venus du Pacifique Sud, recouverte de forêt primaire, pratiquement inhabitée... (Là il y tombe plus de 8 mètres de pluie par an, alors qu'en Guyane il n'en tombe que 2 mètres et demi!)

La Guyane n'est pas si “chaude” qu'on le dit : à Paris ou à Lyon par exemple, le thermomètre peut monter jusqu'à plus de 40° à l'ombre en été, alors qu'à Cayenne il fait au maximum 34 ou 35 ° à l'ombre à 4h de l'après midi et 23/24 à 6h du matin, la moyenne annuelle et constante étant de 26 degrés...

Durant le mois de mars, puis de septembre, au minimum des pluies, les averses bien que quotidiennes, sont brèves et espacées... Par contre de fin avril à mi juillet, durant la “grande saison des pluies”, c'est “des cordes” pendant des heures! Et durant la “petite saison des pluies”, de mi novembre à mi février, un peu moins... Mais les “saisons” en fait, fluctuent beaucoup d'une année sur l'autre (prennent de l'avance ou du retard) au gré du déplacement irrégulier dans sa progression, de la Zone Intertropicale de Convergence (ZIC) entre le 2ou 3ème sud et le 10/15ème nord... Cayenne étant située au 5ème Nord... Parfois la ZIC “descend” jusqu'au 10ème Sud ou encore plus bas, ou “remonte” plus rapidement vers le 10ème Nord...

Par exemple en ce moment (mars 2009) la ZIC stationne encore au voisinage de l'équateur géographique et “épargne” la Guyane (sans doute cette année jusqu'à début avril)...

“El Nino” ce courant du Sud Pacifique venu de l'Antarctique et logeant la côte d'Amérique du Sud (qui influence tout le climat de la Terre) génère cette année dans la zone intertropicale et équatoriale, des “saisons de pluies” plus marquées, et un hiver rigoureux en Europe Occidentale, et Amérique du Nord...

SECTION 4

Le trajet de Bordeaux Mérignac à Paris Orly, ne fut en comparaison du vol Paris Orly – Cayenne, qu'un “saut de puce”... Ce mardi 17 mars 2009 entre 8h 40 et 9h 50. A quelque sept mille mètres d'altitude, par ce temps magnifique, dans ce ciel tout bleu sans nuages, à bord d'un petit Air Bus d'Air France et un peu “gâtés” que nous fûmes par de charmantes hôtesses (c'était pour Irène le 1er voyage en avion – soit dit en passant les femmes d'Air France et des Aéroports sont “super chic/super classe” dans leurs uniformes bleus bien coupés, et ont de fort jolis visages - )

... A quelque sept mille mètres d'altitude donc, c'est cent fois mieux qu'une vue de la France sur Google Earth réglée à l'échelle correspondant à l'altitude de 7000 mètres! Comme quoi le réel en l'occurrence, surpasse de loin le virtuel...

Dans les vingt premières minutes c'est l'ascension puissante et rapide au dessus de l'estuaire de la Gironde puis de la région Poitou Charentes ; et dans les vingt dernières minutes la descente tout aussi rapide mais graduée, vers le site de l'aéroport d'Orly Sud... A peine un quart d'heure, en définitive, pour “sauter” à 7000 mètres maximum entre deux régions de France distantes de 500 km tout de même! Juste le temps de prendre un café...

... Ce n'est pas - du moins c'est ainsi que je l'ai ressenti – la question de savoir si “c'est sûr et sans danger” (de prendre l'avion) qui me préoccupait : cela m'était et me sera toujours indifférent et “sans problème”...

La seule “inquiétude” qui me viendrait, si je puis dire, ne tient qu'à tout ce qui a trait aux contrôles, à l'information, à la signalétique, à la communication, aux automatismes ; le fait de savoir exactement où, dans quelle direction aller, se diriger, se positionner... Cette espèce d'appréhension, dirais-je, d'un univers “formaté” (peut-être un peu “Kafkaïen”)...

Mais je dois reconnaître que cette 1ère expérience d'un grand vol intercontinental, avec un “transit” entre deux terminaux à Orly, fut “assez heureuse” par ce si beau 17 mars 2009... En grande partie due à la gentillesse, à la prévenance des hôtesses, femmes des aéroports et stewards et autres personnes d'équipage... (dont beaucoup étaient de la France du bout du monde)...

L'on monte dans un avion en passant dans un “tunnel” vitré entre le hall de départ et l'intérieur de l'avion : l'extrémité du “tunnel” est un “sas” (comme entre 2 rames de TGV)... Là on vous accueille, puis vous vous faufilez dans un couloir de passage entre des rangées de fauteuils et vous cherchez votre place... ( j'avais lors de l'achat de mon billet électronique, opté pour un siège près d'un hublot)...

Pour le passage d'un avion à l'autre à l'aéroport d'Orly, il suffisait de suivre un couloir, une fois sorti du “tunnel vitré”, qui conduisait directement vers le hall des différentes connexions, puis de là,vers le hall d'embarquement pour Cayenne...

SECTION 5

L'Air Bus A 340 pour Cayenne était bien plus gros, bien plus imposant, que celui de Mérignac à Orly : trois immenses espaces chacun divisé en 3 parties soit les rangs du centre, et les rangs latéraux... l'espace de l'avant de l'avion, puis celui du milieu avec de chaque côté les ailes de l'avion et les réacteurs, et enfin l'espace de l'arrière de l'avion... Tout cela d'un bout à l'autre me paraissant “à perte de vue”...

Si le hublot est petit, et si l'aile de l'avion ne permet pas de distinguer quoi que ce soit vers l'avant, il n'en demeure pas moins que le champ de vision par le hublot, est tout de même immense, une fois en altitude!

Fermeture et verrouillage des portes à 10h 45 heure de Paris, manoeuvres d'accès à la piste d'envol, accélération au sol, décollage... Et en quelques minutes seulement pour tout cela, voici très vite une “carte Google Earth en vrai” de la région Ile de France à 7000 mètres d'altitude, puis une carte encore à plus grande échelle de tout l'Ouest de la France à quelque 9000 mètres d'altitude, sans aucune formation nuageuse et dans une luminosité exceptionnelle... Il n'était pas 11h 30 que je distinguai très nettement l'estuaire de la Loire, puis les côtes de Vendée, et le rivage disparut dans une brume de lumière...

L'Atlantique... L'Atlantique jusqu'à la côte Espagnole du Nord Ouest... Une étendue lisse, bleue comme le ciel, avec des “rides” aussi fines que des cheveux de femme... Et de temps à autre, le tout petit point noir d'un cargo suivi d'une “chevelure blanche de minuscule comète”!

Je savais que nous survolerions le Nord Ouest de la péninsule Ibérique... J'avais déjà bien avant le départ, regardé sur ma “grosse et belle Téterre”située à côté de mon ordinateur, à Tartas, quel serait le trajet vers la Guyane...

Et c'était exactement ce trajet là, tel que je pouvais le suivre selon le plan de vol en face de mon siège, sur un petit écran personnalisé avec des écouteurs, permettant au voyageur de visionner des films, des clips vidéo, des informations, des journaux de télévision, ou encore de jouer à des jeux vidéo...

Une hôtesse emplie à notre égard, à Irène et à moi, d'une touchante sollicitude, nous expliqua les fonctions de la télécommande... Je n'utilisai que la touche me permettant de suivre le plan de vol avec les informations sur l'altitude... Et la température extérieure... de moins 53 degrés à 10650 m d'altitude! Impressionnant, la température de l'air à l'extérieur de l'avion sous ce soleil éclatant à la lumière violente et aveuglante!

Je me suis dit alors : “Hors de question d'aller bourrer une pipe, assis sur l'aile de l'avion!”...