SECTION 13

A quatre jours de pirogue sur l'Oyapock, fleuve frontière avec le Brésil, vivent à Trois Sauts, au sud de la Guyane en pleine forêt Amazonienne, des communautés de Wayampi, peuples Amérindiens des grands bois, venus par les affluents de l'Amazone, du Nord du Brésil... Semi nomades, ils vivent de chasse et de pêche, et sont aussi artisans en objets de vannerie.

Six groupes ethniques peuplent la Guyane : les Galibi, les Palikour et les Arawack vivent près du littoral et aux abords des estuaires ; tandis que les Wayana et les Wayampi, et les Emerillons vivent dans la forêt profonde.

Les Emerillons sont les derniers arrivés en Guyane Française, au 18ème siècle, du Paraguay.

Les Arawacks sont venus d'Amérique du Sud, depuis la côte Nord du Vénézuela.

Et les Palikour vivent au Sud Est de la Guyane près de l'estuaire de l'Oyapock, région quasi inhabitée, et se sont tout récemment sédentarisés et leurs enfants sont scolarisés.

Les autres populations d'origines autres que celles des Amérindiens sont pour l'essentiel les Bushinenge (hommes des bois) anciens esclaves de Guyane Hollandaise qui ont fui les plantations des colons Européens. Vers la fin du 18ème siècle après des dizaines d'années de luttes, de révoltes, et de tentatives d'implantation, ils obtiennent le droit de s'installer sur des territoires de la forêt où ils organisent leur vie de la même manière que dans leur pays d'Afrique d'origine... L'on appelle aussi les Bushinenge “Noirs marrons” ou Noirs réfugiés.

Toutes ces populations n'ont que peu de contacts, même aujourd'hui encore, avec les Européens, les Asiatiques, les Noirs et les Créoles de la civilisation “occidentale”... A l'exception peut-être des “Noirs marrons” qui vivent en grand nombre dans l'Ouest Guyanais, de St Laurent du Maroni à Mana et Iracoubo et dont les enfants et les jeunes sont bien scolarisés...

J'ai été très surpris par le nombre de Chinois qui tiennent la plupart des commerces, restaurants et hôtels : à eux seuls, ils représentent peut-être les trois quarts de la vie économique en Guyane. Les Chinois d'ailleurs, ont économiquement investi toute la région des Caraïbes, du Nord de l'Amérique du Sud et en particulier les trois Guyanes... “On les voit partout”, absolument omniprésents et fort nombreux, de conditions sociales diverses, mais très entrepreneurs en “affaires”...

Dans l'ensemble, qu'ils soient Blancs, Créoles, Noirs, Amérindiens, Chinois ou autres Asiatiques, ou encore réfugiés venus du Surinam ou d'ailleurs... Tous ces gens de Guyane sont de commerce et de relation “assez facile”, très polis, agréables, vêtus proprement ; d'un langage parfois un peu “chaotique” (mais on arrive à se faire comprendre pourvu que l'on désigne les choses simplement)...

Les conducteurs dans leurs voitures (on voit énormément de 4X4) sont “lestes et acrobatiques” mais très respectueux des piétons et des cyclistes, s'arrêtent même pour te laisser passer en dehors des bandes de traverse! Et ils ne klaxonnent pas rageusement comme dans les villes de France! (sauf si tu es trop lent)

Les femmes sont très belles mais on n'en voit peu d'âgées : elles sont très bien habillées, peu maquillées, n'ont pour bijoux que des colliers de perles ou des bracelets artisanaux. Toutes sont Noires, ou fortement métissées, pas “grosses” mais de belle stature, les cheveux lisses coiffés “à l'Européenne” ou ramassés en de jolis chignons. Il y a bien là, dans ce pays, une élégance, une simplicité et des couleurs de vêtements, une féminité “belle et émouvante”...

Je me suis même fait “draguer” en présence de ma femme (draguer et sifflé, oui!) par une femme jeune (qui n'avait rien, mais rien de l'apparence d'une femme de “petite vertu”)...

A Cayenne (la capitale tout de même) c'est encore là que la “civilisation occidentale” est la plus apparente... Par comparaison, l'Ouest Guyanais fait beaucoup plus “Afrique Equatoriale” ou “Amérique du Sud” pauvres (avec les maisons en planches, tôles, matériaux de récupération, rues et places en terre battue et bazars où l'on vend de tout)...

La bibliothèque municipale de Cayenne a du “cachet” (de l'exotisme et de l'atmosphère) : en grande partie en bois et d'architecture “19ème”... L'on y trouve quantité d'ouvrages littéraires, historiques, scientifiques, outre des romans et livres pour enfants... Les salles de lecture sont bien aérées, l'accueil agréable, et elle est “assez fréquentée” cette bibliothèque (par de nombreux jeunes)... Il y a même un “point Net” (gratuit mais “verrouillé” pour le courrier électronique personnel, les pièces jointes, les téléchargements)...

En dépit de cette “occidentalisation” apparente, à Cayenne, il n'en demeure pas moins qu'ici, tu es bien sur un autre continent, l'Amérique du Sud, proche du Brésil, de l'Amazonie, et des autres pays d'Amérique Latine... Et qu'ici, le “Blanc” est minoritaire (mais ce n'est absolument pas gênant tant les cultures et les diversités coexistent assez bien dans l'ensemble)... Il n'y a qu'à observer un moment ces nuées d'enfants, de jeunes et de familles à la sortie des écoles!

La seule chose, si je puis dire, qui m'a vraiment choqué, c'est lorsque j'ai vu dans les vitrines des magasins de prêt à porter, ces mannequins de femme “comme en France” : le vrai “prototype” de la femme blanche Européenne élégante et “occidentalisée”! Je m'attendais (et c'eût été plus logique, plus naturel) de voir dans les vitrines des mannequins de femme Noire ou Créole ou Amérindienne!