Il m'eût certes, été impossible lors de ce séjour de trois semaines en Guyane (le long du littoral uniquement) de découvrir dans son immense diversité, la faune Guyanaise... Sans effectuer la visite du parc animalier situé en direction de Montsinery à proximité de Cayenne...

C'est à peine si l'on rencontre le long des routes, dans les parcs et jardins, autour des maisons et en ville... Ou aux abords des quelques chemins de terre “qui ne mènent nulle part”... Quelques lézards verts et quelques oiseaux (dont cette espèce de petite corneille, le Zozo diable ; les nombreux bleuets et “petits merles noirs et élancés”) ; un grand nombre de fourmis de diverses tailles (dont une toute noire, longue de 3cm et peu leste), d'insectes volants (dont ces fameuses “guêpes sauterelles” en formations autour des creux des arbres) ; de batraciens (crapauds boeufs, crapauds plus “ordinaires” si l'on peut dire, grenouilles au cou et au ventre rouge)...

Dans le parc animalier j'ai vu de “très beaux minous” ( le majestueux jaguar dans un “territoire” aménagé, l'Ocelot, le chat Margay, le puma) ; quelques singes ( capucins blancs et bruns, atèles, paresseux...) ; de belles tortues, dont la tortue charbonnière ; des serpents (anaconda, boas verts et jaunes, boa constrictor) ; de gros oiseaux de proie, des tapirs, des pécaris... Et de magnifiques aras (bleus, verts, jaunes et rouges...). A noter que celui qui “parle le mieux” est le petit perroquet vert, le plus “ordinaire” de tous...

Nombre de ces animaux sont protégés, mais hélas en voie de disparition du fait du déboisement et de la réduction de leurs territoires naturels...

En face de cette diversité animale et végétale, de cette profusion et de cette intensité de la vie sous toutes ses formes... Et en tant que l'un des représentants de la race humaine, je me sens un peu “étranger” sur cette planète... Et aussi un peu “jeune” puisque mes plus lointains ancêtres “humanoïdes” n'ont que trois millions d'années d'ancienneté et sont la dernière espèce venue sur une Terre qui déjà à l'époque, avait “hébergé” les fourmis depuis plus de cent millions d'années, et les dinosaures durant 140 millions d'années...

J'ai “risqué” de me promener, tout seul et sans “portable”, sans un couteau et en “petites savates”, bras nus, sans casquette, sans lunettes, sans appareil photo en bandoulière... Totalement désarmé donc, suivant l'un de ces “passages” ne menant nulle part, sous cette voûte végétale et arborescente...

J'avais moins peur (peut-être pas du tout peur)... Sous ce couvert végétal “d'un autre monde”, que dans la pénombre d'une rue de faubourg de grande ville après le coucher du soleil... Moins peur, oui, et plus de confiance si je puis dire... Et pourtant je suis un étranger au milieu de toute cette vie non humaine... Toute cette vie qui existe et que je ne vois pas mais qui elle, me voit...

Il y a toujours de l'ailleurs dans le dedans... Mais il est bien difficile de trouver de l'ailleurs dans le dedans lorsqu'on vient d'un ailleurs...

L'ailleurs n'est jamais ce que l'on croit quand on l'imagine ou le rêve...

L'ailleurs est ce que l'on vit quand on le perçoit : c'est un espace qui s'ouvre et qui contient ces gens, ces paysages, ce ciel, toute cette vie autour de soi, tout ce que l'on n'avait encore jamais vu mais que, tout à fait étrangement l'on “reconnaît”...

L'ailleurs est sans exil...

Dans l'ailleurs il y a comme une perte du sentiment d'exister ou de ne pas exister ; une perte, aussi, du sentiment de ne pas être existé par ce qui nous entoure et en particulier par les autres gens proches de nous, que l'on rencontre...

Dans l'ailleurs il n'y a pas plus de reconnaissance de la part des autres, que d'indifférence ou d'anonymat...

Dans l'ailleurs ce qui remplace les repères et la culture, dilue les préjugés... Et sans doute “assainit” ou libère la pensée... Et qui en même temps fait de toi un être “seulement de passage”, c'est cette intemporalité universelle des êtres et des choses dans la relation qui s'établit ; donnant ainsi à ton “passage” une dimension plus élargie que celle qui existe mais demeure figée, réduite, à l'intérieur d'un dedans où l'on ne voit jamais ou rarement un ailleurs, où l'on ne fait que croire par habitude, et, au mieux, imaginer...

L'exil, l'exil avec de la solitude de surcroît... Est dans le dedans... Dans ce dedans vécu sans y avoir vu d'ailleurs, ou dans ce dedans que l'on peuple d'impossibles ailleurs...

... Oui, j'ai aimé ce pays, moi qui d'ordinaire préfère les déserts, les grands espaces infinis, les terres nues, les hauts sommets rocheux, les paysages d'Afrique du Nord ou du Sud de la France... J'ai aimé ce pays si végétal, si arborescent, si impénétrable avec ses immenses forêts, ses grands fleuves sinueux, ses savanes humides et boisées... Sa côte Atlantique si “avare” de plages ; ce pays encore vierge dans sa plus grande partie... Ce pays d'Amérique du Sud.

Il y a même des “montagnes”! Cayenne a ses “hauteurs” tout autour, du côté de Matoury, de Montjoly... Et plus loin sur la route de Régina et de St Georges de l'Oyapock, vers le Brésil, il y a là, perdu dans un paysage un peu tourmenté, le bourg de Cacao que l'on atteint par une route complètement défoncée, de treize interminables kilomètres après avoir quitté la nationale 2... Cacao, un village de Hmongs ingénieux et agriculteurs, où chaque dimanche se tient un grand marché populaire et pittoresque... Le “produit principal” (local) y est là, le ramboutan (un “oursin” à poils rouges dont le fruit à l'intérieur de la “carapace” ressemble à un lytchee Chinois)

... Oui j'ai aimé ce pays, ce pays que le “grand tourisme de masse palace 4 étoiles piscine autocars de luxe” n'a pas encore envahi...