Hapopax, sur Alexandrie online, nous annonce :

“La Ville de Castres et la revue L'Encrier renversé organisent leur 21e concours de nouvelle. Ouvert du 1er janvier au 15 mai 2009 minuit, ce concours est gratuit et accessible à tous sans limite d'âge. La participation se limite à l'envoi d'une nouvelle inédite de 15 pages maximum (22 500 signes) en triple exemplaire au : 25, chemin de L'Arnac, 81100 Castres (France). Anonymat et triple lecture garantis, le jury final est composé des lauréats des éditions précédentes. Le premier prix est de 800 euros, les deuxième et troisième prix de 300 euros. Le prix des Lycéens (cumulable) est de 150 euros. Les oeuvres des dix premiers seront publiées dans L'Encrier renversé.

Le règlement complet est visible sur : encrierrenverse.canalblog.com"”

Et Antoine, toujours sur Alexandrie online nous dit ceci :

J'ai retenu une phrase du règlement qui m'a laissé véritablement pantois, qui a résonné d'une façon étrange dans mon esprit, une phrase qui en fin de compte implique chez le lecteur une réflexion presque métaphysique : "Les manuscrits non retenus ne seront pas renvoyés aux auteurs mais détruits… et recyclés". Je ne cherche pas à être ironique : cette phrase me trouble profondément. :-z C'est un peu le même sentiment que j'avais eu lorsqu'on m'a raconté (ce devait être dans le film "Smoke") l'anecdote de Backtine qui, alors que sa ville était assiégée et qu'il n'avait plus de "papier" pour fabriquer ses cigarettes, a décidé d'utiliser les feuillets de son dernier manuscrit. Ainsi, Backtine, jour après jour, a fumé son dernier livre. Voilà, c'est tout à fait ce que je ressens ici. Ecrire ou fumer, il fallait choisir, et Backtine l'a fait.”

Et voici ma réponse :

... Cette histoire de textes non primés et non renvoyés à leurs auteurs, puis détruits, cela me fait penser à ce concours de textes et poèmes (ouvert à tous) à Langon en Gironde à l'occasion du Printemps des Poètes (tous les ans c'est le même règlement avec 15 euros de participation, 3 env timbrées et les textes en 6 ex)... Organisé par une association "hautement culturelle" et paraît-il, "d'une certaine notoriété"...

J'y ai participé 3 ans de suite, de 2002 à 2005 (je croyais peut-être encore au pèrenohel)...

Je me suis aperçu qu'aux résultats publiés, les textes primés "ne cassaient rien" (je les trouvais d'une consensualité désespérante, peu originaux, alambiqués, lyriques à l'excès, ampoulés... Enfin tout ce qu'on voudra de "délicieusement troudebalesque et bon à émouvoir des gens "bon chic/bon genre/très-de-droite/allant-à-la-messe-faisant-leurs-pâques" et-fêtant leurs anniversaires avec de plantureux gâteaux à la crème criblés de bougies)...

J'ai cessé de participer à ce concours dès 2006. Les textes non sélectionnés n'étaient par renvoyés et sans doute destinés à être réduits en poussière...

... Excusez moi mais je préfère "poussiérer" et au mieux "confettiser" dans les forums littéraires du net, et en particulier dans les forums d'alexandrie!

... Toujours dans "l'optique" si je puis dire, de tous ces concours littéraires ouverts aux "auteurs en herbe" mais aussi à tous les poètes et écrivains de 7 à 107 ans "en leurs petites heures volées à la pendule du bureau de la vie"... Il me sied en ce fil de relater cette "petite anecdote" :

C'était le 10 juillet 1999 à Créon en Gironde (région de Bordeaux)...

Un concours ayant pour thème "les voyages extraordinaires de Jules Verne" avait eu lieu de mars à mai cette année là, en l'honneur de Jules Verne, et organisé par une association culturelle.

Les participants à ce concours, forts nombreux dans toute la région Aquitaine, et de tous âges, étaient invités à rédiger une nouvelle d'environ 15à 20 pages sur un "voyage extraordinaire" sous la forme d'un récit de fiction...

Les 12 meilleurs textes devaient être publiés dans un livre broché édité aux frais de l'association, tiré à 2000 exemplaires et vendu dans la région Aquitaine...

Ayant participé à ce concours je reçus vers le début du mois de juin, un appel téléphonique d'une charmante jeune femme (j'en déduisis qu'elle était charmante, à la voix) m'informant que mon texte était retenu parmi les 12... (C'était ni plus ni moins que l'adaptation d'un chapitre de mon livre "Au pays des guignols gris", alors en 1ère préparation)...

Au jour dit (en fait j'arrivai la veille en vélo depuis l'endroit où j'avais garé ma voiture à 7kms de là, et m'étais installé au camping municipal avec un "barda de clodo") j'arpentai les rues de Créon, les Arcades autour de la place (une ancienne bastide du 13ème siècle), j'écumai les différents stands (pour la plupart de livres et d'objets d'art), "zieutai" d'un oeil salement régalé les filles et dames chic'ment vêtues... et m'informai de ci de là, de cette "grande fête" en l'honneur de Jules Verne...

La remise des Prix était prévue pour 15 heures, sous le Chapiteau Officiel où trônaient sur une estrade décorée de guirlandes de fleurs, les Beaux Messieurs Dames... et Belles Demoiselles du Jury, bien carrés sur leurs sièges rouges capitonnés... Ces dames et demoiselles chic, jambes croisées et épaules dénudées (il faisait 35° à l'ombre) arborant des robes vaporeuses coupées et cintrées à ravir...

Des Douze, l'on ne fit venir sur l'estrade que le Premier Prix, un p'tit jeune de 17 ans, brillant et scientifique lycéen à l'imagination débordante, qui se vit offrir une croisière d'une semaine sur un voilier...

Les noms des onze autres gagnants ne furent qu'à peine cités, et nous fûmes invités à la queue-leu-leu, devant un espèce de guichet en carton bleu foncé aménagé dans le recoin d'une bâtisse attenante... L'on nous remit à chacun 5 exemplaires gratuits du livre broché "Voyages Extraordinaires", recueil des 12 nouvelles... C'est à peine si je parvins à discerner dans la "bousculade" le visage de la demoiselle qui distribuait les livres...

... Et les "flonflons" de la fête en l'honneur de Jules Verne, les attractions pour les enfants, les marchands de frites et de merguez, les groupes animés de tous les visiteurs ce beau dimanche après midi de juillet, les stands de livres et de bandes dessinées et de toutes sortes de gadgets "amuse toutou"... Diluèrent le beau rêve du "clodo littératoque" que j'étais au milieu de cette liesse Julevernesque...

Un "magnifique feu d'artifice" clôtura la belle journée sous les étoiles du ciel de Créon...

... Mais j'eus cependant une, ou plutôt deux "grandes joies" :

Ma très chère cousine que j'adore, et qui demeure dans la région, fut littéralement "épatée" de ce prix que je gagnai, et surtout de voir mon histoire dans le livre publié... La joie affectueuse d'une émouvante simplicité qu'elle me manifesta, valait bien toutes les tribunes du monde!

Le lendemain lundi, ma collègue de travail à la poste où j'officiai dans les landes cette année là, une jeune femme de 31 ans alors, arriva (il pleuvait) selon son habitude à 9h du matin, bien ceinturée dans son imperméable chic et tenant à la main un joli parapluie bleu... Je lui ouvris la porte et lui annonçai que j'avais gagné un prix littéraire et que mon histoire était publiée dans un livre que je lui offris...

Quand on connaît bien cette jeune femme du pays des résiniers d'autrefois de la Grande Lande et à quel point elle "ne fait jamais dans la dentelle" question spontanéité, sincérité et absence totale d'hypocrisie... L'on peut dire que le visage, que le sourire, que la gentillesse et que le regard dont elle m'inonda de toute sa silhouette en ce matin là si ravissante... Cela aussi valait bien toutes les tribunes du monde...

... Cela dit, je ne "cours plus les concours"... Sans doute ai-je cessé de "croire au pèr'nohel"!

Ma conclusion, à vrai dire, c'est que "c'est bien plus que le premier prix qu'il faut gagner".

... NOTE :

A propos des textes primés du concours de Langon pour le printemps des poètes, je dis aussi que certains d'entre eux ont tout de même le mérite d'être bien écrits... Bien écrits comme peuvent l'être de très bons devoirs de Français de lycéens brillants notés par un professeur sévère et pointilleux...

Mais... Au delà du talent, d'une facture personnelle, de la maîtrise de la langue Française (qui ne sont pas loin s'en faut des qualités négligeables)... Il y a cette vibration, cette “essence”, cette voix et ce ton, cette étrangeté soudaine, cette audace et cette liberté dans la formulation ; cette beauté crue, rude et nue comme une barrière de glace déchirée de fjords et de pics rocheux de terres polaires ; ou de paysages Africains immenses ou de déserts des plateaux Andins... Que l'on ne rencontre et découvre que rarement en tous temps, et dont la dimension nous surprend et nous échappe...

Ce que je dis là, et qui est au delà du talent, de la facture personnelle et de la maîtrise de la langue, c'est ce qui fait la différence entre d'une part tous ces bons textes, tous ces bons ouvrages en général fort bien écrits... Et d'autre part ces quelques oeuvres “hors du commun”, qui ne sont parfois même que des fragments d'oeuvre, un passage dans un texte en particulier, des textes épars dans l'ensemble d'une oeuvre, un, deux ou trois livres d'un auteur...

Il est rare, très rare... Et sans doute “assez logique” dans la “marche habituelle et conforme du monde, que de telles oeuvres dont la dimension nous surprend, puissent être reconnues et sélectionnées dans ces concours ouverts à tous...

C'est fou ce qu'il faut que le chemin soit touristique, qu'il soit agrémenté de magnifiques points de vue, jalonné de bancs pour se reposer, bordé de parcours de santé, menant à quelque château entouré d'un parc et de jardins... Mais qu'ils sont étranges, âpres, tourmentés, et comme suspendus dans le paysage, ces chemins sans bancs pour se reposer et ne menant jamais au Château, ces chemins à penser chaque détours...