Le souffle du temps qui passe emporte feuilles et rameaux des saisons lointaines. Des hivers glacés ont pétrifié ce qui restait encore des feuilles et des rameaux dans les champs devenus stériles...

D'horribles épouvantails ont éloigné les oiseaux aventureux qui passaient au dessus des jardins barrés de clôtures... Mais pas les saisons des hommes qui elles, toujours reviennent, avec les feuilles sur les rameaux.

Il y a deux mille ans les Gaulois craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête.

Le ciel n'est toujours pas tombé même si les hommes marchent sur la tête. Notre histoire vient à peine de commencer, et tout ce qui a été écrit, tout ce qui s'est dit, tout ce qui été fait... N'est pas même le premier chapitre du livre...

     Apprivoise-t-on un animal ou est-ce l'animal qui nous apprivoise?

Et que dire de cette idée d'apprivoisement?

    Aime – moi très fort, prends moi par la main même si mon poil se hérisse, si mon oeil noir enterre le monde entier, si je me cabre, refusant d'avancer...

Alors tu verras : d'un seul coup je déchirerai ce voile sombre devant ma face, j'arracherai des racines dans mon ciel pour les planter dans ton champ, et s'il le faut j'irai te chercher le halo de la lune...

Mais dans la clarté de mon regard, si ton sourire ne vient pas, si tu passes hautain ou indifférent, je te jetterai les chardons ramassés dans les champs abandonnés...