Hier je n'avais pas de lumière dans mon auberge.

Il me suffisait de raccorder un fil. Je n'ai pas raccordé le fil. J'ai pris toutes mes bougies et je les ai brûlées...

J'ai posé sur la plus grande table dans la salle de mon auberge, ma vieille lampe à pétrole et j'ai brûlé tout le pétrole...

Mes amis disaient en entrant : « ici c'est la seule auberge où l'on s'éclaire avec des bougies et une lampe à pétrole ».

Aujourd'hui je raccorde le fil... Mais il y a panne et mon auberge reste dans le noir...
Mes amis disent en passant : « ici l'on ne s'arrête pas, car il n'y a pas de lumière ».

     En ces moments de solitude, lorsque toutes ces mains s'éloignent, que tous ces regards se croisent, se fuient ou se cherchent... Qu'en est-il de ce qui vit en nous, inspiré de paroles sans personne pour les entendre? Des paroles pourtant prêtes à repousser l'ombre du silence?

Se tordre le coeur à l'infini dans l'espérance déraisonnable de voir des pierres dans un désert de rocailles, suer de la rosée ? Est-ce que l'amour sue du coeur des humains quand on presse de toutes ses forces cette pierre en eux qui leur tient lieu de coeur?

Des millions de soleils dans la galaxie, se tordent dans les flammes durant des milliards d'années terrestres, mais la vie vient elle cependant, sur ces mondes qui tournent autour d'eux?

Quand bien même viendrait quelque idée à changer le monde, être seul lorsque cette idée jaillit, c'est comme d'être couché dans le sable d'un désert : le vent furieux recouvre l'idée à changer le monde, et de sa voix de mille chacals, crie que lui seul existe...

     Combien d'années – lumière nous séparent de ces étoiles si familières qui peuplent le ciel de notre Terre?

Et combien d'années – contact faut-il traverser dans le si court espace aux ondes toujours brouillées pour atteindre ces visages si proches?

     

     On aime les gens en fonction de ce qu'ils réalisent, nous apportent, savent dire, chanter, écrire...

Pourquoi ne pas « aimer tout court », tout simplement?

Est-ce que l'on met le parfum des fleurs que l'on respire dans des flacons avec une étiquette?

Est-ce que l'on sait le nom des fleurs que l'on voit pour la première fois dans un pays inconnu... Et que l'on aime?

     La chance c'est une très belle fille qui se donne à n'importe qui... Mais pas à tout le monde.

Tous les becs sont ouverts, enturbannés de pâtée et frémissant d'aise : la moindre giclure aspirée en plein vol éclabousse les yeux et ravit le gosier...

La chance peut s'inventer, l'oiseau peut ouvrir le bec, non plus pour une giclure mais pour un festin... La très belle fille peut passer à côté du lit sans troubler le sommeil, pour qui ouvre au matin sa fenêtre et fait d'un jour de pluie, un jour heureux...