Anniversaire de mariage sur la plage, à St Girons, Landes, côte Atlantique, le samedi 9 Août 1997

    Dans la Haute Lande, le thermomètre affiche 34° à l’ombre. Il n’y a pas un souffle de vent et l’air est humide, pesant…
S’il y a des mariés du 9 Août –et il y en a, sûrement—dans la Haute Lande, en Chalosse ou dans le Bas Armagnac, le jeune marié doit cuire dans son jus, en costard, chemise, cravate et pompes cirées.
A l’église on nous apprend que « c’est pour le meilleur et pour le pire »…
Comme si la fidélité pouvait être une vertu avant d’être un choix !

De l’autre côté du chemin

    S’il me suffisait de passer de l’autre côté du chemin pour que change la vie des êtres qui me sont chers, et qu’ainsi passe et agisse en eux ce « bleu de mon ciel » qui leur pourrait être salutaire… Je n’hésiterais pas. Encore me faudrait-il surmonter la peur du « passage » et surtout, la peur de les laisser seuls sur le chemin (à ce sujet d’ailleurs, cette peur là n’en est plus une du tout lorsque je pense à tous ces êtres qui en aucune façon n’ont réellement besoin de moi). La peur de laisser l’autre seul donc, est une peur d’autant plus grande que cet « autre » n’a pas beaucoup d’autre dans sa vie…
 Ce que je n’ai jamais réussi à changer en demeurant sur le chemin, comment pourrais-je prétendre à le changer en quittant le chemin ?
Je ne mourai donc point de ma propre main, à moins que mon existence ne devienne un enfer pour les autres.
Sur le chemin, ou de l’autre côté du chemin, à quoi sert-il d’être bon si l’on ne fait pas le bien ? Le monde est peuplé de gens qui, sans être forcément bons, font du bien… C'est-à-dire qu’ils changent réellement la vie de quelques personnes qu’ils rencontrent.
Est-ce que mes pensées, mes réflexions, le « bleu de mon ciel », est-ce que les mots que je peux dire, ont eu jusqu’à ce jour ce pouvoir que je leur conférais avec autant de sincérité ?
Non seulement cela n’a rien changé mais cela ne m’a pas même servi moi-même !
Quelle absurdité que ce ciel immense qui ne sert pas à grand-chose ! Etre bon sans avoir fait le bien c’est l’une des définitions de l’enfer ! L’on peut aussi définir l’enfer par la privation de la présence et de l’esprit de ceux que l’on aime (pour un croyant, l’enfer est la privation de l’amour et de la présence de Dieu).
Même si l’on est bon –au point même de se croire meilleur—et seulement bon, alors la présence, l’affection et l’esprit des êtres chers tout au long de notre vie… Ou dans des « segments d’existence », ne sont qu’un « chocolat glacé » qui te reste dans la main tant qu’il n’est pas fondu.
J’ai eu, oui, un « grand ciel » ! Mais à dire vrai, quel bien réel ai-je fait ?
Passer de l’autre côté du chemin, c’est y trouver de cet autre côté, ce que l’on a été sur le chemin, ni plus ni moins… [Août 1997]

        La mécanique céleste

    Un extraterrestre m’a dit « Vous avez eu Papon et Philippe Tétard, entre autres spécimens de votre espèce… »
Je lui ai répondu en baissant la tête que j’appartenais  à l’espèce humaine…
L’extraterrestre est reparti dans les étoiles…
Combien de mondes a-t-il visité, l’extraterrestre ?
Et la « mécanique céleste » tourne, tourne…Indéfiniment. Avec l’impuissance de tous les radio télescopes de toutes les humanités…[Août 1997]

 
        Le ciel qui brûle

    Ton ciel brûle et fait des étoiles ; la terre sous tes pieds s’entrouvre et fume… Tu baisses les yeux pour ne plus voir ton ciel.
Mais le ciel est toujours au dessus de ta tête et il s’allume tout seul !
Tu piétines les cendres qui fument sous tes pieds… Mais le feu dans la terre ne s’éteint pas.
Et cependant aucune porte ne s’ouvre toute seule. Et rares sont les mains et les regards qui te cherchent…
Et tu dis alors : « j’avancerais plus facilement avec une bassine retournée sur ma tête, qu’avec ce ciel qui brûle en moi »…[Août 1997]


        Le marché de Périgueux

    Comme dans le « Grand Bleu », j’aimerais descendre en apnée jusque dans le fond de la mer humaine de ce marché d’été : il y a peut-être des dauphins là aussi !
[Marché de Périgueux, mercredi 13 Août 1997]


        Rêve fou, fou…

    Un homme vieux, malade, pauvre, peut-être même infirme et difforme dans un fauteuil roulant, ni poète ni musicien, ni peintre ni philosophe et n’ayant jamais su rien faire de sa vie… souverainement régalé par une femme jeune, belle, chic, gentille et riche…
L’impossible ne peut-il être rêvé ?
La Beauté, toute gonflée d’amour, riche de tout ce dont elle s’habille, s’approchant doucement de la laideur la plus laide et la touchant, la léchant de petites flammes très douces ; libérant dans les veines desséchées de la laideur si laide, toute la sève de la laideur et la faisant trembler, ivre d’un absolu bien être…
…La laideur la plus laide et la plus solitaire qui n’a jamais reçu sur la moindre parcelle de son épiderme, la plus petite goutte d’amour…[Août 1997]


        L’être social et l’être « autrement »

    L’être social qui est en nous, communique plus facilement avec le monde parce qu’il s’adapte aux règles et qu’il a des repères…
Mais l’être irrationnel qui est en nous, communique difficilement et même parfois pas du tout… Il y a en lui, en cet être là, différent de l’être social, une singularité que la règle ne prend jamais en compte. Aussi ne lui reste-t-il, à cet être là, pour communiquer, que des signes, des signes de lui seul…[Août 1997]

 
        Pierre et Jean

    Il était une fois Pierre et Jean.
Pierre appréhendait le monde en maître de maison au jugement sûr, en conducteur d’une puissante et confortable automobile. Sa carte de crédit était un mot de passe universel, même si, à l’occasion, son compte se trouvait à découvert…
Jean, lui, appréhendait le monde tel un skieur de fond qui n’aime pas la neige et ne sait pas bien s’arrêter. Il n’a ni automobile ni jugement sûr… Son compte n’est jamais à découvert, et le fond de son ciel non plus d’ailleurs… Mais sa carte de crédit ne « passe pas » : trois, quatre fois retournée, elle est le plus souvent refusée.
Ainsi va le monde : il y a Pierre ; il y a Jean…[Août 1997]


        Pas meilleurs loin de là…

    La mort ne nous rend pas meilleurs que nous avons été dans la vie… C’est l’inéluctable, l’inacceptable, pour les êtres que nous sommes, hantés notre vie durant par le spectre de cette mort venant, qui nous fait découvrir au dessus du cercueil, toutes ces qualités que le disparu avait, de son vivant…
Lorsque nous étions, on ne nous a presque jamais dit le meilleur de nous… Et si l’on nous l’a dit, c’était pour en user, en tirer parti, de ce « meilleur »… Comme on tire le lait d’une vache pour le boire ou en faire des fromages.[Août 1997]


        Sur une carte postale de vacances, fin juillet 1997

      Aline, Marie-Thérèse, Doriane et les Autres… Bonjour le Groupement Postal des Brimbelles, et splatch ! Une très grosse vague blanche sur vos visages ! J’aimerais vous dessiner l’enchantement de ce rivage traceur de routes nouvelles !
Mot de passe à jamais périmé : « Ravage ».