Agés de 14 ans en 1809, de 25 en 1617, de 61 en 1753 ou de 7 ans en 1001, ils étaient les enfants, les femmes et les hommes de leur temps…

Ils ne savaient ni lire ni écrire parce que, seuls à leur époque, les filles et les fils de seigneurs, de gens fortunés avaient de l’instruction…

Leur nom n’est inscrit nulle part, sur aucun document, pas même sur une pierre tombale. Ils ont vécu leur vie tout simplement, telle qu’elle était : misérable, inconnue des princes, méprisée par les gens de guerre… Ils ne sont donc entrés ni dans l’Histoire ni dans la littérature. Ces gens de tous les pays du monde aux quels l’Histoire n’a jamais donné la parole ont cependant communiqué entre eux, réalisé, imaginé, inventé… Ils ont su raconter lors de veillées ou de réunions familiales toutes ces histoires dont leur esprit était si riche. Dans la langue de leur pays, ils se sont transmis récits et chansons.

Tout cela s’est perdu dans l’immense nuit des temps, sans avoir jamais franchi les limites de leurs villages. Bergers, cultivateurs, journaliers, domestiques, ouvriers ou manufacturiers, ce qui les différenciait chacun des autres personnes, ne pouvait être que ce meilleur d’eux-mêmes à nul autre pareil tout empreint de sensibilité et d’imaginaire, de pensées et de désirs secrets… Toute leur vie s’est fondue dans un quotidien sans magie, dans une pauvreté absolue.

Rivés, assujettis aux contraintes de leur humble condition commune, qu’auraient-ils pu réaliser s’ils avaient eu de l’instruction, s’ils étaient nés dans une famille aisée ? Qu’auraient-ils pu écrire ou inventer ? Combien de découvertes, quelles technologies auraient pu changer le cours de l’histoire ? Quelle serait aujourd’hui notre civilisation ?

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