Il est une île vers laquelle je reviens toujours, et c’est la seule entre toutes où je me jette sur le sable de son rivage, un cri rauque, un râle, un souffle brûlant dans le fond de ma gorge, aspirant jusqu’au plus profond de mon âme les effluves d’une salive océane venue de ce rivage, si douce, si enivrante, si proche de la chevelure de notre très lointaine étoile d’origine…

Pourquoi cette île et pas une autre, je ne saurais le dire… Peut-être comme l’aurait écrit Montaigne si La Boétie avait été une femme : « Parce que c’était elle, parce que c’était moi ».

Mais sur toutes les îles du monde, j’ai envie de planter des rosiers, de faire chanter des oiseaux, de gratter la terre comme un jeune chat…

Même si c’est toujours sur le sable de mon île que je viens me jeter, même si je ne cesse de me laisser étreindre le regard lorsqu’un rivage enchanteur se dessine à l’horizon.Août 1997