Internet autrement…

Nous vivons aujourd’hui dans un monde démesurément ouvert sur un espace de communication en lequel se croisent des milliers d’informations, et cela en un temps très bref, pour peu que l’on arrive à se connecter toutefois…

Paradoxalement, dans un tel espace, il devient de plus en plus difficile de se faire entendre parce que la communication étant avant tout une communication de nécessité, au delà d’une certaine frontière, l’espace relationnel s’apparente à un désert, avec quelques oasis cependant…

Actuellement, et pour deux ou trois ans à mon avis, guère plus, nous sommes situés dans l’explosion des nouvelles technologies de la communication, à l'intérieur d’une zone de transition particulièrement intéressante, celle où tout est encore possible, imaginable, transmissible en toute liberté, sans réglementation définie. Une zone dangereuse certes, mais peut-être aussi un « Eldorado »… En dépit de toutes les dérives…

Pour les pionniers, les novateurs, les créateurs, c’est certainement en ce tout début de troisième millénaire, le meilleur moment de se lancer, de diffuser, de passer par dessus les barrières, de ne plus dépendre de ces relais traditionnels qui conditionnent le succès ou la reconnaissance, interdisant tout accès aux différents « cénacles » inamovibles…

Cela ne durera pas. Le sens du monde, comme il l’a toujours fait par le passé, et comme il continuera de le faire, va réglementer, organiser, planifier, uniformiser rapidement et d’une manière telle, que toutes les innovations seront alors muselées, filtrées par les gardiens de l’ordre du monde.

Il ne restera plus, dans l’oubli, l’indifférence, que ces milliers de rêves, de messages ou de projets avortés que l’Histoire ne retiendra pas. Et tout ce qui s’exprime « du fond de ses tripes » entre des murs d’usine, sur des places publiques, dans les entrées des immeubles, dans les cafés de banlieue, n’intéressera jamais les médias.

Qui alors, débusquera de tous les terriers de violence et de révolte, ces rêves et ces aspirations que personne n’écoute ? Qui les fera naviguer sur le « net » ? Les mots, ne deviendraient-ils que des épluchures accrochées aux broussailles ? Les innovations, ne seraient-elles que pour les « Science-Po », les technocrates ou les « barbouzes » de l’information ?

Créateurs, novateurs, pionniers, si vous n’êtes pas des illusionnistes, allez-y, surfez sur Internet, c’est le moment ! Et osez concevoir un de ces rêves qui pourrait bien être une « piqûre d’héroïne dans la veine à vif sans les effets secondaires dévastateurs » !

Pour conclure, je vous dirais en toute lucidité que le pire est à venir, et que nous allons traverser un siècle terrible… Mais il ne faut pas avoir peur, puisqu’une espérance magnifique peut embraser notre cœur...

Article publié dans Sud Ouest Dimanche le 17 février 2002