Le Blog du Merdier

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Notes et textes divers, période 2003/2004

Notes et textes divers, période 2003/2004

 

 

 

 

Notes et textes divers, période 2003/2004

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mercredi, mai 23 2007

Monsieur Cayeux

Il se nommait monsieur Cayeux, mais personne dans la ville ne lui donnait du « monsieur »…

C’était un homme âgé d’environ 45 ans, célibataire, chômeur de longue durée, qui demeurait avec sa mère dans une petite maison ancienne. Il n’avait qu’une seule passion : la bouteille.

Oh, vains dieux ! Qu’est-ce qu’il s’enfilait comme canons, litrons, demis de bière, petits verres de calvados et autres apéritifs !

Sa mère avait déclaré à mon père et à ma belle-mère, un jour d’avril 1970 :

« Je ne sais plus quoi faire de lui… Quand il n’est pas fourré au bistrot, il est là, chez nous, la tête entre ses bras sur la table, affalé, somnolent, je lui cognerais dessus, il ne sentirait rien. »

Mon père répondit alors à cette brave dame :

« Justement, madame, j’ai besoin d’un ouvrier, d’un « arpète » à vrai dire, pour effectuer de gros travaux de déblaiement et de terrassement. Je retape une vieille bicoque et je puis vous assurer qu’avec mon épouse, une telle entreprise nécessiterait l’emploi d’un ouvrier. C’est pas croyable le boulot qu’il faut abattre ! »

Et monsieur Cayeux fut un bon ouvrier ! Je le revois encore, revêtu de son bleu de travail, soulevant les sacs de gravats et de ciment, les pierres énormes, maniant de lourdes poutres, le pic et la pioche… Je travaillais à ses côtés, venu chez mon père à l’occasion de courtes vacances. Nous formions tous deux une bonne équipe d’« arpètes ». Nous étions peu causants certes, mais efficaces…

Et j’en ai donc passé, des heures, avec monsieur Cayeux, dans la poussière et les gravats, soulevant des planches, montant des échafaudages, effectuant de nombreux aller-retour dans le gros camion Citroën de mon père, si chargé que le plancher en touchait presque la route !

Nous avons passé ensemble de bons moments, nous nous octroyions sous le regard bienveillant de mon père, des pauses café ou casse croûte, l’on se roulait une cigarette, et nous repartions au boulot.

Nous étions les seules personnes, mon père, Janou et moi, en cette bonne ville du Pas de Calais, Montreuil sur Mer, à l’appeler monsieur Cayeux.

Pour les autres, tous les autres, des notables jusqu’aux poivrots, il n’était connu que sous des noms d’emprunt, des sobriquets.

Monsieur Cayeux, c’était un monument dans son genre ! …..

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dimanche, mai 20 2007

Démostène

Démostène est un bambin de quatre ans, tout seul dans la grande maison familiale…

Papa avait fermé les placards à clef, caché la pharmacie, barricadé la porte de la cave et celle du grenier. L’enfant pouvait aller à sa guise dans toutes les pièces de la maison. Il n’y avait ni boîtes d’allumettes, ni clou, ni objet pointu à portée de sa main.

Mais dans le salon, tout au-dessus d’une haute commode, trônait un aquarium avec de jolis petits poissons que maman avait payés très cher…

Hardi, Démostène, et bouillant comme un pot de soupe sur une plaque électrique rougie, il empile sa grosse boîte de cubes, un petit tabouret, un wagon de bois de son train, et se hisse au niveau de l’aquarium… Il plonge l’une de ses mains dans l’eau, attrape les poissons, puis les jette, un à un, dans une grande bassine qu’il a récupérée sur l’évier. Les poissons nagent, frétillent, tournent en rond…

Comment ça pleure, un petit poisson jaune et bleu, avec des nageoires en dentelle et de la lumière sur le dos ?

Démostène a repéré une bonbonne avec son bouchon de liège, dans un coin de la cuisine. Maman avait fait du vin de noix, jeudi dernier… Papa n’avait pas bien refermé les portes du bas du placard sous l’évier. Et là, oh miracle ! s’alignaient trois ou quatre bouteilles à étoiles emplies de vin rouge, le vin que l’on boit tous les jours à table parce que n’ étant pas riche, l’on n’achète que rarement du vin bouché.

Maman, après avoir transvasé le vin de noix dans des bouteilles qui, elles, étaient rangées dans la cave, avait rebouché la bonbonne car il restait un fond.

Démostène fit sauter le bouchon de liège, et vida dans la bonbonne les bouteilles de vin rouge. Puis il remit le bouchon qu’il enfonça à peine. Il colla sur son ventre la bonbonne, le goulot pointé vers le bas, puis la brandit comme un énorme pénis et s’approcha de la cuvette. Il fit sauter le bouchon et le vin se répandit à flots dans la bassine.

Lorsque papa et maman revinrent dans le milieu de la nuit, ils aperçurent la bassine, les poissons morts, ventre affleurant à la surface.

Le petit Démostène, très content de lui, expliqua à ses parents ce qu’il avait fait : « J’étais un vieux pédophile exhibitionniste, les poissons étaient des petites filles, et je pissais tout rouge… »

Maman, qui trouvait que la maison était trop petite, pas assez belle, trop perdue dans la campagne, et que son petit garçon passait trop de temps à faire des dessins ridicules, avait acheté ces poissons parce que le vendeur lui avait dit qu’ils étaient rares et qu’on ne les pêchait qu’en Tasmanie… Maman aimait les chanteurs à la mode dont on se rappelle tout de suite le nom, les vedettes de la télé, les grands auteurs, les as du Show-Biz et la culture générale du promoteur qui nous avait remis les clefs de notre maison.

Le jour du vin de noix, elle avait signé un prêt bancaire de cinq ans pour acheter un tableau d’un peintre célèbre. Le tableau, accroché dans le salon au dessus du canapé, avait détrôné le beau dessin de Démostène, qui n’avait jamais fait rire personne, et qui représentait un car de papys et de mamies arrêté devant un Mac Donald.

En 2077, une arrière petite fille de Démostène ouvrit un vieux carton ficelé, couvert de moisissure et de poussière, qu’elle venait de dénicher sous un amoncellement de caisses et d’objets hétéroclites, dans le grenier de sa maison.

Ce carton contenait tous les dessins de Démostène. Des dessins que personne n’avait jamais vraiment regardés, qui dormaient depuis quatre ou cinq générations, et que l’on avait cependant conservé…

Une cousine de Démostène les avait récupérés, lorsque la maison fut vendue. En ce temps là, autant que l’on se souvienne, la cousine Elisabeth était la seule personne de la famille qui se marrait en regardant les dessins. Elle disait : « Si Démostène, tout petit, n’avait pas eu cette idée de « pisser rouge » pour faire peur aux poissons que dans sa tête il voyait comme des petites filles, il n’aurait jamais, par la suite, traduit par ses dessins, les rêves interdits, ni dépeint à sa façon les situations les plus drôles ou étranges dans les quelles les gens se débattent ».

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Vie après la mort?

Je ne sais pas s’il y a de la vie après la mort parce que tout ce que j’ai entendu ou lu jusqu’à présent au sujet de la mort et de la vie au-delà, ne m’a jamais convaincu ni dans un sens ni dans l’autre. Tunnel de lumière, personnages blancs et resplendissants, enfer et paradis, toutes ces représentations diverses d’un ailleurs qu’on affirme être aussi beau et aussi différent de tout ce que l’on a connu « ici-bas », oui, tout cela ne répond pas à ce que je ressens…

Je crois que l’ensemble de toutes nos expériences et de toutes nos connaissances ne nous ouvre pas encore la voie d’une autre connaissance qui, elle, reste à découvrir…

J’ai envie de dire : « Oui, il y a quelque chose après la mort ». Mais je ne sais pas comment c’est…

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Le SDF

C’était l’un des trois SDF du pays, Rodolphe, le plus timide, le plus discret, le plus propre. Il ne tendait jamais la main aux portes des Supermarchés, à l’entrée des églises ou des établissements publics tels que la Poste ou la Perception. Il sonnait à la porte des maisons, demandait seulement aux gens s’ils voulaient bien à l’occasion, avoir recours à ses services car il savait faire beaucoup de choses : petites réparations, entretien, jardinage, terrassement, bricolage…

Il se déplaçait en vélo, avec un énorme sac à dos, et une petite carriole attelée à son vélo. Il déambulait chaque jour, d’un bout à l’autre de la ville, dans les villages environnants, et par périodes irrégulièrement espacées dans le temps, il disparaissait, une ou deux semaines, parfois plusieurs mois…

Un jour, il fut invité à dîner dans une bonne maison, chez des gens très conformistes et très respectables mais très gentils. Un intérieur « tiré à quatre épingles », avec du mobilier sobre mais de bon goût, le genre de maison où l’on regarde deux fois avant de poser un pied devant l’autre… Le couvert était mis, une nappe blanche, des verres à pied, de belles assiettes, et le pain, finement coupé en tranches égales, déposé dans une petite corbeille en osier.

La conversation allait bon train, on parlait de l’air du temps, et Rodolphe, la serviette sur ses genoux, buvait le vin du maître à petites gorgées, puis coupait délicatement sa tranche de pâté. Un énorme pot de moutarde, format familial, avec une étiquette à moitié déchirée, trônait, presque vide, strié de longues traces brunes, bien grasses, au milieu de la table, le couvercle posé à côté de la bouteille de vin. Une odeur douceâtre issue du bocal se mélangeait aux senteurs des fromages découverts et réduits à l’état de lambeaux dégoulinants.

« Rodolphe, un peu de moutarde sur votre choucroute, voulez-vous ? »….

Il n’entendit qu’à peine la proposition formulée par la grande dame bien habillée, en face de lui, et s’empressa de vider son verre de vin. Comment eût-il pu oser dire à la maîtresse de maison qu’il n’aimait pas la moutarde, et encore moins la grosse moutarde jaune de ménage, plantureuse et familiale, servie sur la table en énorme bocal ouvert à tous les coups de petite cuiller ?

L’on peut être SDF sans pour autant apprécier outre mesure la choucroute, les fromages qui coulent, les terrines en petits pots de verre achetées au Leclerc ou à l’hypermarché, les haleines chargées soufflées par des bouches avec le son de la voix.

Dans le petit chalet abandonné où il a élu domicile, Rodolphe possède l’eau courante, à la sortie d’un tuyau en plastique, une eau qui n’arrête pas de couler et qui vient tout droit de la montagne au-dessus du chalet. Il peut se laver en plein air, sans risque d’être surpris par ses voisins les plus proches habitant à plus de trois kilomètres de là.

Il enferme ses provisions dans une grande boîte en fer blanc : de gros biscuits vitaminés à la farine bise, quelques clémentines ramassées sur les marchés, des pommes, un saucisson à l’occasion, et, dans une vieille glacière rafistolée, il entrepose des bricks de lait et de jus de fruit. Il dort dans un épais sac de couchage, lave ses vêtements et son linge à l’eau courante et les frotte au savon de Marseille, puis les met à sécher sur les branches des arbres.

Il a même creusé sa tombe, pour le cas où il viendrait à disparaître, une grande fosse rectangulaire de un mètre cinquante de profondeur, protégée par quatre dalles en béton récupérées sur un chantier. Et comme il a toujours été prévoyant, dans une poche de sa vareuse, avec ses papiers, il y a une lettre… « Pour quand on le trouverait mort » : « Je ne dois rien à personne… Le pire, dans la solitude, c’est le regard des autres, surtout le regard des femmes, pour moi qui suis un homme… Lorsque j’aperçois une femme très vieille, je la regarde comme si elle était ma mère. Quand je vois une femme de mon âge, il me semble que c’est ma femme ou ma sœur. Et quand je croise le regard d’une jeune fille ou celui d’une fillette, c’est ma fille que j’aperçois. Cependant, je n’ai jamais eu, de toute ma vie, ni mère, ni sœur, ni femme ni fille… Je voudrais être enterré là où j’ai fait mon trou. Et je lègue à mon notaire seulement la peau de mon trou de bale »…

……

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Le coq sur le tonneau,dans le poulailler

C’était un coq juché sur un tonneau renversé au beau milieu du poulailler. Un magnifique coq au plumage feu, vert et bleu, avec une queue aux couleurs de l’arc-en-ciel, en forme de panache, comme la queue d’un cheval de cirque. Et une crête majestueuse rouge sang.

Il dodelinait de la tête, l’œil vif et la crête frémissante. Tel un mâle ombrageux soucieux du bien être et de la fidélité de ses épouses caquetantes et picorantes, il trônait ainsi, tout faraud, gonflé de ses plus belles plumes, sur le flanc du tonneau renversé.

Il pouvait tonner, venter, pleuvoir, grêler, le ciel même pouvait s’effondrer sur le poulailler, maître coq au plumage vert et feu ne quitterait son poste d’observation que pour se précipiter s’il était nécessaire, au devant de quelque renard ou autre prédateur venu s’infiltrer entre les mailles grillagées de son territoire.

Une détonation dans le lointain, à la lisière de la forêt, claqua dans le vent, comme un coup de fouet brutal sur le dos d’une rosse chétive. L’air en trembla, et le silence qui se fit, au-delà de la résonance de cette déchirure infligée au paysage, souleva le voile de fierté qui enveloppait le coq. Il n’y eut plus alors qu’un petit être au plumage froissé, légèrement tremblant, avec le regard d’un oiseau tombé dans la main d’un enfant polisson.

Le tonneau, lui, n’avait pas tremblé, et les poules apeurées s’étaient réfugiées tout au fond de leur abri de bois et de tôles.

Trois hommes surgirent et tournèrent autour de l’enceinte grillagée, inspectant le poulailler, riant aux éclats, criant d’une voix grasse, titubant, s’insultant… Trois énergumènes chaussés de grosses bottes en cuir noir, vêtus de vareuses épaisses et couvertes de poches, le fusil à la main, et la cartouchière autour de leur ceinture…

« On y va ? On se le fait ? »… Hurla l’un des types, accompagnant son ordre d’un bref coup d’œil ironique et cruel.

« Oh que oui ! On va se le faire, cet enfoiré, ce trou du cul à plumes, ce gibier de basse cour »…

Ils n’eurent pas le temps d’achever leur phrase, les deux autres…

Une formidable explosion déchira l’animal en deux amas de chair, de plumes et de sang. Et le tonneau roula sur lui-même.

Que pouvait-il faire en l’ occurrence, ce pauvre coq, que de servir de cible à trois énergumènes éméchés, revenant d’une partie de braconnage où l’on s’était amusé à faire quelques « cartons » ?

…..

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La maison de retraite

Fin octobre et sa pluie de feuilles mortes sur la maison de retraite…

Désastre de gâteau à la crème effondré sur une assiette à dessert après le repas de midi…

Fauteuils roulants repliés et rangés dans le fond du réfectoire, contre le mur du couloir…

Filles de salle en tablier rayé épongeant les tables, balayant les reliefs d’un repas dominical…

Somnolence bruyante de ronflements et de sifflements de poitrines, affaissements de silhouettes décharnées ou débordantes de rondeurs, dans le grand salon tout inondé de soleil d’automne…

Dehors, près de la grande porte vitrée dont les battants se referment toujours si lourdement, un petit pépère sec et tremblotant fume sa cigarette à la sauvette, pressant le bout jauni entre deux doigts aux ongles noirs…

Un immense après midi d’automne, tout doré de soleil déclinant, s’étire jusqu’à la cloche du soir dont le son rappelle celui qui annonce l’arrivée du train en gare…

Des dames et demoiselles, filles ou petites filles des pensionnaires, parce que c’est dimanche après midi, vont venir, puis repartir, les unes très bien habillées, en tailleur ou robe chic, offrant leur bras au vieux papa agité d’une frénétique danse de Saint Guy ; les autres en tenue plus sportive car, si l’on est venu ce dimanche, c’est aussi pour aller se promener avant de dire bonjour à la mémé.

Les feuilles qui tombent avant d’être complètement jaunies ont parfois une odeur délicate et quand elles frissonnent très doucement sur le sol dans la lumière presque tamisée d’un très bel après midi automnal ; l’élégance de certaines silhouettes, les sourires sur les visages, esquissent un décor de dernier acte, tels des traits d’aquarelle sur une toile palpitante de personnages fragiles et tremblants d’émotion. Mille petites anecdotes d’une vie quotidienne, avec le cortège de préoccupations aussi personnelles que diverses, ont ainsi, quelques heures durant, rejoint des souvenirs anciens, des visages disparus, des attentes renouvelées, de petits et gros bobos dans le cœur et dans le corps… De nouvelles années aux couleurs d’octobre, puis de novembre, vont bientôt s’ajouter aux printemps et aux étés fleuris de ces belles visiteuses de dimanche après midi, alors que le givre de décembre et la glace de janvier auront depuis longtemps déjà, brûlé de noir les fleurs de la Toussaint jetées dans le pourrissoir du cimetière communal.

Imparable vieillesse, pourrais-tu m’épargner le désastre du fond de gâteau à la crème coulant sur le bord de l’assiette et salissant la nappe de papier ?

La terrible souffrance d’un soubresaut d’émerveillement cruellement empêché par le frottement d’une culotte mouillée ?

……

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L'artiste

L’écrivain, l’artiste, le cinéaste, le musicien ou le chanteur, même s’il n’est guère très connu, est dans une certaine mesure, vénéré par ses concitoyens, en particulier par les personnes de l’autre sexe… C’est fou ce que l’écriture par exemple, génère d’ « aura », d’écoute et de considération. C’est fou ce que l’écriture, même, absout… jusqu’à l’exécrabilité de l’être.

Plus encore que l’acteur, le chanteur ou le réalisateur de films, l’auteur, celui qui publie des livres, a sa cour. Les salons et les manifestations littéraires qui foisonnent un peu partout, en France peut-être plus qu’ailleurs dans le monde, témoignent de cet esprit de chapelle où l’on entoure l’auteur adulé… A condition toutefois que ce dernier ait pu faire lire son livre…

Mais cet auteur, avant de débarquer au « pays des auteurs », comme dans un port d’Amérique avec sa petite valise en carton à la descente du bateau, a sans doute été ce semeur de messages dans des bouteilles à la mer que personne ne ramassait… En ce temps là, ses « petits papiers » écrits au crayon, jetés sur les tables des conférences ou dans les halls de manifestations culturelles, n’avaient ni lecteurs ni admirateurs.

Au delà de tous ces auteurs qui n’ont encore jamais débarqué au « pays des auteurs », combien d’enfants, de vagabonds, d’infirmes, d’ agonisants, de déracinés, d’ exclus et de marginaux ; combien d’humbles et anonymes employés de bureau, ouvriers d’usine, « piliers de bistrot », et autres personnes représentatives de tous les milieux sociaux, n’ont que cette langue du cœur et des tripes, cette langue de tous les jours, et ces images, ces scénarios, ces rêves et ces idées qui tournent dans leur tête, se vident autour d’une table… Ceux là ne font ni livres ni chansons ni films ni pièces de théâtre. Ils sont tout simplement, mais avec combien de candeur ou de truculence, les innombrables acteurs de la grande scène du monde ! A dire vrai, le poids de ce qu’ils expriment vaut bien le poids de tous les livres du monde.

L’« aura », les filles, les cocktails littéraires, les coupures de journaux, les critiques élogieuses ou acerbes participent à cette interminable marche qui traverse les siècles et les civilisations sans jamais changer de spectateurs. De l’autre côté des filles, de l’ « aura » et des cocktails, dans l’ombre du rideau, dans la lumière des projecteurs, les visages caramélisés sont bien plus amoureux des modes et des images que de la pensée ou du message…

L’auteur, le cinéaste, le chanteur, le poète, l’artiste, comme tous ses congénères, quand il engloutit des petits fours, fume des cigarettes, vide les verres à pied, parfume la salle de son haleine…

Que reste-t-il alors du message, si émouvant certes, le temps de son impact, puisque personne n’en est vraiment amoureux au point de ne donner à celui qui le porte, que la modeste place qui est la sienne dans l’univers ? Le succès, toujours provisoire, dans la clarté des projecteurs, sous les spots publicitaires, est assimilé à une voie royale représentative d’un système de valeurs pour des admirateurs figés dans l’inconsistance de leurs émois et de leurs espérances qui souhaitent de toute évidence monter à leur tour sur le plateau.

Les bandes bleues ou rouges autour des livres ne relient jamais les gens entre eux. Seul, le message, bien plus fort que la beauté des mots ou des images, est le vrai lien…

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L'astronef

Tous les jours, un astronef imaginaire se pose devant moi, le matin en principe…

Lorsque j’ouvre les volets de la porte d’entrée de ma maison, il est là, près du massif de fleurs, dans mon jardin…

Sur la plage de Contis même, devant un blockhaus de la seconde guerre mondiale, il se dresse, étincelant dans son fuselage argenté…

Cet astronef imaginaire cependant, n’ouvre pas ses portes. Je ne sais rien des éventuels cosmonautes qui pourraient venir d’un autre monde, à bord de cet autobus de l’espace. Seraient-ils, ces gens là, porteurs de quelque message ? Viendraient-ils d’un monde meilleur que la terre ? Je n’en sais rien. Je sais seulement si les jours sont clairs ou sombres. Lorsque les jours sont sombres, j’ai envie de partir dans l’astronef. Lorsque les jours sont clairs, je me réconcilie avec les enfants de la Terre et l’astronef devient alors un objet de curiosité.

L’alternance entre les jours clairs et les jours sombres me fait finalement préférer le voyage dans l’imaginaire…

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Ces étoiles de mon cosmos

De l’un de tes sourires, de l’un de tes regards, d’un mouvement léger de ta silhouette, d’un petit geste de ta main, d’un pli du vêtement que tu portes lorsque tu t’approches, d’une flamme de soie ou de laine nouée autour de ton cou, de l’une de ces essences de ta féminité, d’une vibration de la lumière de ton visage, tu me ravis, et j’en avalerais tout le bleu de mon âme avant d’avoir prononcé le moindre mot pour te dire que tu m’as plu… Elles me font bien rire, les milliers d’étoiles de mon cosmos !

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Des prédateurs...

Je ne fais pas de différence entre les animaux et les êtres humains : je les aime ou je les combats, selon la relation qui s’établit entre eux et moi. Mais, de tous les êtres vivants, ce sont les prédateurs humains qui me font le plus horreur…

Eliminer les prédateurs humains n’est peut-être pas la solution : il en viendrait d’autres, issus de tous les bouillons de culture, même les plus porteurs de germes guérisseurs de maux. Ce qu’il faudrait, c’est l’absence de nourriture pour les prédateurs.

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