Le Blog du Merdier

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Au fil des mots et des visages

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mercredi, octobre 24 2007

L'indemnité "députaine"... Et le feu en Californie

     De Grammophone, dans un forum d’Alexandrie, le 24 octobre 2007

      « Pour chaque député non réélu, les Français devront payer 417 120 euros = 60 mois x 6952 euros C'est la nouvelle indemnité chômage des députés !

Repris ce matin sur RMC par JJ BOURDIN qui souligne que les élus de la gauche à la droite sont tous d'accord ! La plupart des médias n'en parlent pas ! A l'issue des 5 ans d'indemnités, les députés non réélus percevront " à vie " 20 % de ce traitement : soit 1390 euros par mois. L'information sur la nouvelle indemnité "chômage" des députés a été révélée par "Le Canard Enchaîné" le 7 février 2007.

Puis reprise et précisée par le Midi Libre, le 1er Mars 2007. Curieusement, ce sont les seuls médias à en avoir parlé. Silences totaux du côté des télés, radios ou des autres journaux, habituellement pressés de dénoncer les parachutes en or de certains grands patrons (certes avec raison...). »

      Et voici ce que je dis…

     …Voilà bien la preuve certaine d'une inégalité flagrante entre :

 -Les méritants qui méritent, c'est à dire ceux qui bossent toute leur vie dans des métiers difficiles où il faut avoir du talent, de la responsabilité, du courage, une grande "force de travail" et beaucoup d'investissement personnel...

-Les "non méritants" qui évidemment ne méritent pas, sont plutôt des voleurs, des privilégiés du fric, des combinards véreux...

 N'en déplaise à ceux qui ne sont pas spécialement choqués par cette injustice là, je ne vois pas en quoi le fait de siéger à l'assemblée nationale justifierait une indemnité de 417120 euro puis d'une pension à vie de 1390 euro par mois... lorsqu'on n'est plus élu à la fin de la période.

 Il est clair, d'autre part, qu'en 20 ans, depuis 1985 environ, l'écart entre les salaires moyens des Français, et les revenus des 3500 "plus riches" de ces Français, a été multiplié par 10 (grâce aux revenus fonciers, locatifs et surtout boursiers)... Ce qui veut dire qu'on gagne beaucoup/beaucoup plus avec du capital (immobilier ou en actions) qu'en travaillant en exerçant un métier, une activité, ou en étant salarié... Personnellement, je ne respecte que la valeur travail. Je n'ai aucune vénération, aucun respect, aucune reconnaissance pour "le pognon sans le vrai travail"! (et qui plus est, ce qui va avec d'ailleurs, le pognon sans le mérite, c'est à dire le pognon facile, ramassé à la pelle par spoliation et prédation...)

 N'en déplaise aux gens qui ont encore des doutes à ce sujet (ou qui trouvent "ça" normal, ou qui trouvent des arguments pour avancer que c'est "concevable"... je dis : cela est inadmissible et il faut l'exprimer vivement et publiquement... Et ne pas hésiter à attaquer les "aficionados" (convaincus ou consentants) de cet état de choses...

 Ce qu'il y a de sûr, c'est que jusqu'à la fin de ma vie, personne, absolument personne (du côté des convaincus et des consentants) ne me fera jamais changer d'avis quelque argument qu'il me présente; et que j'aurai toujours la même violence, la même hargne, le même rejet, le même dégoût pour ce genre d'injustice (l'inégalité à ce niveau là)... Et pour bien d'autres choses encore, tout aussi inacceptables.

 Au moins c'est clair : on sait ce que je pense.

     …Les seules inégalités que je conçois et que je reconnais, sont les inégalités naturelles : celles qui procèdent de la réalité (du monde, des êtres vivants, de l'univers)...

 Ainsi dans une portée de cinq chatons, il en est un "moins fort, moins résistant que les autres"... Et un arbre résistera mieux au vent qu'un autre par exemple... Cela c'est "dans l'ordre des choses". Je le reconnais donc.

 Par contre, toutes les inégalités qui sont le fait de l'homme (et qui ne sont pas du fait "naturel"), celles là, je ne les accepte pas, je ne les reconnais pas et je les combats. Mais il y a cependant (et c'est heureux) une égalité "souveraine et incontournable" : l'égalité par le fait de cesser d'exister (mourir)...

 Ainsi le riche, le "salaud de riche", celui qui gagne mille fois plus avec ses stock-options, ses dividendes d'actions et ses revenus financiers, qu'un salarié, un artisan, un PME... Même s'il vit cent ans et plus, le fait qu'un jour il cessera d'exister, cela me "sérénise" en quelque sorte...

En effet, s'il devait pouvoir vivre mille ans, ou dix mille ans, je crois que j'en crèverai de rage en cinq minutes! Je suis "très heureux" de cette égalité par la mort... ... Dans le fond, le "bon dieu", il a "bien fait les choses"!

 "K't'y bouffes k't'y bouffes pas, t'y crèves quand même"... Dit la cigale arabe à la fourmi arabe! Eh bien que l'une chante jusqu'à sa mort, et que l'autre amasse des provisions jusqu'à sa mort!

     …Pour un "vieux" député (de droite ou de gauche) non réélu et qui percevrait donc cette indemnité de 417120 euros, et ensuite une rétribution mensuelle à vie, de 1390 euros ; il serait tout de même bien difficile à ce député, séduit par le "rêve américain", de se faire construire une belle villa à Malibu en Californie afin d'y "couler les jours heureux" de sa retraite...

 Sans doute ce "pactole" de 417120 euros ne suffirait-il pas, quand on pense à ce que coûte déjà, avec l'achat du terrain, la construction d'une maison sur la côte Basque ou méditerranéenne en France...

 Aujourd'hui, en cet automne 2007 annonciateur de tous les dangers (ceux liés aux grands bouleversements climatiques) la Californie est en feu. Plus de 250000 personnes déplacées, des villes en flammes, cent mille hectares déjà dévastés, et vu du ciel, une immense langue de fumée noire et de bouillonnements de flammes avançant, poussée par les vents brûlants des déserts ou descendant des montagnes...

 1700 pompiers protégeaient initialement la ville de Malibu, cet "Eldorado" du "grand rêve américain" (un rêve qui, notons le, implique tout de même pour devenir réalité, d'être en possession de colossaux moyens financiers)... Ce nombre de 1700 pompiers a été réduit à 900, suite à de nombreuses protestations d'autres habitants d'autres villes. Faut-il se réjouir du fait que Malibu (et tant et tant de belles villas californiennes) soient autant la proie des flammes que les quartiers "populaires" (si l'on veut) de Los Angelès?

Y voir là, par une sorte d'esprit de vengeance, par animosité ou haine des "riches", par quelque "malédiction divine", une "justice"?... Ce qui à mon sens, serait complètement absurde, irresponsable.

 Les grandes catastrophes naturelles, celles qui dévastent des pays entiers, et contre lesquelles on ne peut rien faire au moment où elles surviennent ; ne font aucune différence entre les "riches" et les "pauvres", entre les peuples et la vie vécue par ces peuples...

Outre les biens matériels (villas, monuments, infrastructures de loisirs, parcs d'agrément, voitures, propriétés privées...) que possèdent ou dont jouissent les gens, il y a aussi tout ce que les gens ont fait, leurs souvenirs, leurs écrits, leurs oeuvres, leurs albums de photos, leurs documents personnels... Que tout cela soit de n'importe qui, riche ou pauvre.

 Un milliardaire, s'il n'a pas péri dans les flammes, peut se faire reconstruire une belle villa. Un "pauvre bougre" dont la petite maison en éléments péfabriqués a brûlé, s'il est mal ou pas assuré, se retrouve à la rue... Mais l'un et l'autre ont perdu des souvenirs qui ne peuvent jamais être reconstitués ou rachetés.

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vendredi, octobre 12 2007

A propos de la postérité...

      Georges Réveillac sur un forum d’alexandrie, nous dit : « je vois deux sortes de postérité. -Postérité personnelle, celle de Victor Hugo, par exemple.
 -Postérité assurée par autrui, celle d’un inventeur méconnu dont l’invention est utilisée tout au long des siècles. Celle de l’éboueur qui, lui aussi, a fait son possible pour améliorer la condition humaine.
 Pour faire court, j’appelle la première « postérité égoïste » puisqu’elle concerne l’égo, et la seconde « postérité altruiste »… »
     Que penser de la « postérité égoïste » ? L’égoïsme est-il un mal, un bien, ou ni l’un ni l’autre ? La vache dans son pré, qui voit passer un train, et ne fait d’ailleurs à priori aucune différence entre un TGV et un TER, est-elle égoïste ?
 Si la postérité, concept purement humain, est le prolongement de ce « souffle » qui symbolise la durée de la vie ; alors on peut dire de la postérité (pourquoi pas) qu’elle est pour l’animal, la faculté de se reproduire.
En somme l’animal, en se reproduisant, prolonge le souffle de sa vie. Et en ce sens, il en est de même pour l’humain.
L’humain et la vache sont-ils « égoïstes » en prolongeant le souffle de leur vie par la reproduction ? La « pensée » écrite, parlée, dessinée, sculptée ou traduite en musique ; peut-elle se reproduire ?
Imaginons que la « pensée » soit spermatozoïde ou ovule… Et que de la rencontre entre deux pensées [ou entre plusieurs pensées, l’une ou les unes « spermatozoïde(s), et l’autre ou les autres « ovule(s)]… Naisse une pensée nouvelle, tout comme un être nouveau, ou plusieurs pensées nouvelles ?
 En somme, la pensée, en se reproduisant, prolongerait le souffle de ce qu’elle contenait lorsqu’elle s’écrivait, se parlait, se dessinait, se sculptait ou se traduisait en musique…
Aucun être vivant n’a « inventé » la reproduction… Ni l’humain, la postérité.
 La reproduction n’est pas une « idée » mais une réalité.

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mardi, septembre 18 2007

Souvenir d'une réunion littéraire

     Il est de ces êtres, que l’on rencontre une ou plusieurs fois dans notre vie, et qui s’inscrivent dans notre mémoire personnelle de la même manière qu’une légende entrant dans la mémoire collective d’un peuple… Non pas que ces êtres aient été fondamentalement différents de ce que nous sommes, mais sans doute parce qu’ils avaient en eux, quelque chose d’eux seuls qui nous rejoignait alors même que nous ne le savions pas : cette part de merveilleux et d’inconnu, devenue soudain accessible et crédible, traversant la vie et le temps…

L’histoire et l’avenir d’un être, d’un peuple ou d’une civilisation, sont-ils possibles sans légende ?

     Du temps où je me rendais en moyenne une année sur deux à l'assemblée générale de la société littéraire de la poste et de France Télécom, société dont j'étais à l'époque le délégué pour le département des Vosges de 1985 jusqu'en 1998 ; je rencontrais André Guérin qui lui, représentait la société littéraire pour la région Picardie.

 Nous nous rencontrions un jour de mars assez proche de l'équinoxe au 20 avenue de Ségur à Paris, là où siège l'Autorité Postale. André Guérin aurait pu être mon père. C'était un homme généreux, cultivé, mais très simple. Il avait été facteur, puis receveur distributeur de la Poste dans une bourgade de Picardie. A la retraite depuis une vingtaine d'années, il lisait des centaines de livres et faisait paraître une revue de qualité, tant par la présentation que par les textes soigneusement sélectionnés. Chaque fois que nous nous rencontrions en ce jour de mars lors de l'assemblée générale annuelle, nous étions lui et moi, inséparables bien que faisant partie d'un même groupe, avec Josette Rasle la secrétaire et Henri Mouet du centre de tri postal de Paris PLM.

 Après les discussions et les travaux de l'assemblée générale du matin, venait le repas de midi, gastronomique et plantureux, arrosé de bons vins, dans une atmosphère conviviale et chaleureuse où chacun avait l'occasion de s'exprimer…

Rires, plaisanteries, petites anecdotes et bons mots fusaient de toute part. Dames et demoiselles " sur leur 31 ", coiffées à ravir, souriantes et loquaces n'en finissaient pas de nous émerveiller, André Guérin et moi, alors qu'Henri Mouet et quelques messieurs " bien allumés " de vins de Bourgogne ou d'Alsace, semblaient faire " bande à part ", joyeusement attablés autour de Gabriel Rémy, l'auteur de " Cochebille " qui avait gagné le " Prix Découverte ".

Lors de cette réunion annuelle en 1998, avant mon départ des Vosges pour les Landes, je fis part à André Guérin durant la visite guidée au Louvre, de ces émerveillements et de ces émois qui m'avaient si agréablement saisi en la présence, ne fût-ce que d'un bref instant, de ces femmes aux si jolis visages et si bien habillées venues de leur Aquitaine, de leur Provence ou de leur Bourgogne natale… "

 C'est fou " lui dis-je, " ce que l'on peut se sentir inspiré, loquace, et empli de bien être lorsque visages et voix féminines, étoffes, rubans, écharpes, jolies robes, imperméables et manteaux légers, sacs à main et talons hauts participent à cette fête de l'esprit et du cœur où l'on se sent accueilli et convié avec autant de gentillesse et de délicatesse spontanées ".

J'évoquai en particulier Josette Rasle et Martine Rauzet, les deux secrétaires de la société littéraire. Nous nous marrions comme des gosses et en ce moment là je sentais le temps s'élargir et ralentir comme un balancier d'horloge comtoise qui va s'arrêter. Nous nous regardions tous les deux, notre demi de bière à la main, assis à la terrasse du bar du Louvre, nous fûmes un instant sans voix, sans doute perdus l'un et l'autre dans nos pensées. Tout au dessous de la terrasse du bar, dans le grand hall, s'allongeaient des colonnes de visiteurs de tous les pays du monde, nous percevions d'étranges et agréables musiques qu'une lumière d'après midi et qu'un murmure d'humanité traversaient d'ondes bienfaisantes… A quelques " encablures " de la " bulle " que nous formions ; lui, André Guérin, l'ancien facteur Picard féru de littérature, qui aurait pu être mon père ; et moi, le Vosgien d'origine Landaise qui aurait pu être le fils du facteur Picard ; nos " belles " formaient une autre " bulle "… une " bulle " florale. Du coup, le balancier de l'horloge comtoise venait de s'immobiliser en une éternité habillée et visagée à ravir…

Rompant le silence qui nous unissait, j'eus alors cette question : " A l'âge que tu me dis avoir, toi qui pourrais être mon père, ça te fais quoi ces jolies créatures ? " Il me répondit : " Oh, tu sais, à mon âge, ça me fait pareil qu'à la vue d'une jolie fleur " ! Et je lui déclarai : " Eh bien moi je n'en suis pas encore tout à fait là ! Et j'ai beau me sentir une belle âme, les jolies fleurs comme tu dis, avec leurs essences et leur verdure de dimanche après midi, elles me picotent drôlement le petit bout et je me jetterais bien entre leurs pétales ! »

 Après la promenade ou la sortie traditionnelle se tenait, en une vaste salle de réunions, au Ministère ou en un autre lieu de la capitale, de 18 heures à 20 heures 30, le " grand cocktail géant " qui précédait la " Soirée Spéciale ", dédiée cette année là à Arthur Rimbaud…

André Guérin, pour sa part, ne participait guère en général, ni au cocktail ni à la soirée. Il devait alors regagner par le train sa Picardie natale, après une journée bien remplie, quelque peu éprouvante pour lui étant donné son âge et sa santé.

     Nous ne nous sommes plus revus. Nous avons eu seulement deux ans plus tard, un échange de lettres… Je demeurais alors à Lesperon, dans les Landes et je n'étais plus délégué de la société littéraire.

André Guérin est-il aujourd'hui une " chrysalide ", légère et transparente comme l'azur, suspendue entre les plis d'un voile d'éternité ? Et toutes ces " jolies fleurs ", dont les visages et les verdures de dimanche ont si délicatement embrassé mon regard, vers quelles saisons ont-elles voyagé, diffusant ces essences d'elles dont mon esprit est toujours amoureux ?

 Au cocktail et à la soirée, je ne quittai pas d'une semelle mon ami Henri Mouet, le délégué de Paris PLM, qui " incendiait " à sa manière les " huiles " de la haute congrégation, vidant les verres de punch, grillant force clopes à bouts dorés et engloutissant les petits fours salés et sucrés…

 Un acide, un amer, un noir au grand cœur…et d'un esprit fécond, aussi féru de littérature qu'André Guérin, cet Henri Mouet, avec sa dégaine de Philippe Noiret !

Il me disait : " Il y a trop d'orgueil et d'hypocrisie là dedans ! Ce sont toujours les mêmes qui parlent et qu'on publie " ! Suivaient quelques propos salaces ternissant les étoffes de ces belles dames et griffant les jolis visages… Mais il avait tout de même de bons mots, et quelques gentillesses pour de rares copains à lui qui, à son sens, eussent mérité davantage de reconnaissance. Il me disait encore : " Toi, tu fais pas de bruit, on te voit qu'en petit comité, mais t'es fidèle, tu viens presque tous les ans et tu joues pas des coudes autour de la " sainte table " où se pavanent comme des dindons ces beaux messieurs du Ministère " !

" C'est vrai ", lui ai-je répondu, " je ne me vois pas prendre la parole sur l'estrade devant tous les invités et les participants de la soirée…T'as raison : c'est plus sympa et plus convivial en petit comité, quand tu te sens accueilli dans des visages et des regards amis ".

 Dans la première partie de la soirée, étaient présentées les œuvres de quelques adhérents de renom, les récentes publications de revues régionales, les programmes festifs, les sorties culturelles, les expositions et les salons. Un intermède entre les séances de dédicaces, les discours et les questions aux auteurs, et l'inévitable palmarès pour l'attribution des prix, présidé par l'une des deux charmantes secrétaires en robe de cérémonie, invitait quelques uns d'entre nous dans l'assistance à lire les textes ou les poèmes " de son cru "… Toutefois, ces lectures en public avaient au préalable fait l'objet d'une sélection. Et notre ami Henri Mouet ponctuait à voix basse mais suffisamment audible de propos acides ou frondeurs les silences, reprises, hésitations ou " cafouillages " des lecteurs émus.

 Il n'est jamais facile de lire ses propres textes en public : la passion, le ton et l'émotion avec lesquels on les lit devant un public parfois inattentif ou distrait, ou le plus souvent dispersé dans des perceptions très diverses ; ne sont que rarement en symbiose parfaite entre l'auteur et un public… qui n'est pas vraiment son public. Certes, ce que l'on met de soi dans le texte lu ne doit pas à mon sens, extérioriser ou imposer au public cette émotion que l'on croit souveraine et qui ne sera pas forcément partagée… Mais plutôt s'écouler vers le public comme une eau qui chante, jaillie de sa source et dont la voix, le rythme et le ton s'efforcent de rejoindre ce qui relie entre eux les gens…

Nous eussions préféré, Henri et moi, assis au dernier rang de fauteuils bleus de l'auditorium, entendre des textes plus " musclés ", plus novateurs, plus créateurs d'atmosphère. Mais nous savions qu'en dépit d'une convivialité reliant des sensibilités diverses, nous étions immergés dans le courant du monde, un courant immuable coulant de son eau habituelle et aseptisée…

Et vint pour clore cette si belle journée printanière, la seconde partie de la soirée, consacrée à la vie et à l'œuvre d'Arthur Rimbaud.

     Je ne savais pas encore que c'était la dernière fois que j'assistais à l'assemblée générale de la société littéraire de la Poste et de France Télécom… J'ai su, autant pour André Guérin que pour Henri Mouet, le drame de leur vie… La grande blessure, celle dont la cicatrice ne s'efface jamais. Et ce rêve immense avec lequel on finit par s'en aller tout seul dans la " chrysalide "… Tous deux vivaient désormais séparés de l'être qu'ils avaient aimé : un fils pour André Guérin, et un ami pour Henri Mouet. J'ai compris que le temps d'une journée de mars, j'avais été pour l'un comme pour l'autre, cet ami et ce fils…

 … Post scriptum : André Guérin n’est plus de ce monde… Et je n’ai d’autre contact avec la Société Littéraire de la Poste et de France Télécom, que par la revue « Missives », à la quelle je suis abonné… [Dernier texte de moi, paru dans « Missives », en 2005 : La tortue]

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vendredi, septembre 14 2007

Prohibition et inquisition...

     « Le judéo chrétien ne peut être qu’un homme de prohibitions sexuelles et d’inquisition », écrit Ishtar d’Alexandrie…

C’est bien cela, oui ! Et ce qu’il y a de paradoxal, de l’autre côté si je puis dire, de cette inclination « formatée » aux normes « bienséantes » qui consiste à exclure du débat public, de l’expression écrite ou imagée, et même de la vie quotidienne en famille, entre amis, certains gestes et comportements où le corps (autant celui de la femme que celui de l’homme) se manifeste… Ce sont ces pulsions, ces émotions, ces rêves, cette « face cachée » de soi, que l’on a bel et bien, et contre lesquels on prétend « lutter »… Avec une souveraine hypocrisie, comme si l’on souhaitait à tout prix se définir « meilleur que les autres et au-delà de tout soupçon »…

Et « l’inquisition » consiste, par une habile expertise, par une « reconnaissance affichée » de la sensibilité de son prochain, ainsi que par toutes sortes de « pirouettes », de mots à double sens, et d’une « mise en confiance » trompeuse (et abusive sans en avoir l’air)… A déterrer la « bête » qui sommeille dans son terrier… Et lorsque la bête est « déterrée », on lui brise les reins, on la poursuit, on l’accule aux chiens et aux pieds des autres chasseurs, on lui sonne du cor aux oreilles, on en fait un jouet pour des enfants sages devenus polissons autorisés (mais tout cela c’est selon, au gré des modes, des humeurs et des violences du temps)…

Est-ce bien « Chrétien », tout cela ?

 Par chance, il y a la littérature, l’art, l’écriture… Et un « certain regard » en symbiose avec un ressenti très profond, par lesquels il devient possible d’oser dire, de se libérer, et peut-être alors… De toucher, d’émouvoir, de vraiment rencontrer l’Autre dans ce qu’il a d’intime et d’authentique en lui… Cela s’appellerait « aimer »…

Mais je sais bien aussi, pour l’avoir perçu parfois dans ma vie, qu’à un certain niveau de regard, et selon la nature même et la singularité d’un ressenti, que ce soit en des situations très difficiles et très sensibles, dont on peut être le témoin, que l’on peut soi même vivre… Il vient ce moment terrible, ce moment de désarroi, de doute… Où l’on se dit « le monde est le monde » (comme la banque est la banque, et les affaires sont les affaires)… Alors là, l’on sent bien qu’on est « en exil »… Et qu’il n’y a plus grand monde à tes côtés…

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mercredi, août 8 2007

La clé d'Alexandrie

     Et voici Romane, nouvelle « Alexandrette » [forum d’alexandrie « Comment avez-vous connu Alexandrie ? »]

     «Si je vous parle de Yugcib, ça vous dit ? C'est lui ma clé d'Alexandrie. J'espère avoir un peu plus de temps, pour venir VRAIMENT participer. Je vous envoie un bout de mon ciel-par-dessus l'océan. »

      … Et la clé de Yugcib dans alexandrie, c’est Becdanlo ! Sans Becdanlo, je serais certainement, de toute manière, entré dans alexandrie mais je ne pense pas que j’aurai autant posté dans les forums…Et que j’aurais eu peu à peu, au fil du temps, des mois, des saisons et maintenant des années… Autant d’ami(e)s… Oui, Becdanlo, assurément, c’était une clé… pour aller dans les étoiles.

... Et cet agréable visage (celui de Romane) est aussi une "clé"... Ouvrant la porte d'une "très belle âme"... ... On ne "cambriole" pas! On ne touche pas goulûment!... On effleure, on respire... Et l'on vibre, l'on se tortille, l'on vit et l'on exulte... Non pas comme le ver qui se tortille de régal dans le fruit doux et savoureux, mais comme une chrysalide qui scintille dans la lumière du soleil matinal et se prépare à s'ouvrir pour donner naissance au papillon... qui vivra beaucoup plus longtemps qu'un quart d'heure, un jour ou une semaine...

... Si nous pouvions un jour, toi, Romane et quelques uns d'entre nous... Pour ne pas dire tous ceux et celles d'alexandrie... Réaliser quelque chose ensemble (ouvrir la porte des étoiles par exemple)... A dire vrai, nous avons déjà commencé...

... Je crois très fort, que le jour où l'on arrive à ouvrir certaines portes, à trouver le "passage" nous n'avons alors plus rien à craindre, et qu'il n'existe plus de "système de pensée" de "système économique ou politique", de "frontières", de "sens du monde", d'état, de pays, de religion, et que rien non plus ne peut nous détruire, nous décrédibiliser... C'est ça, le "Dragorek"... Et ce n'est pas de la sorcellerie, ni l'épée flamboyante et lumineuse d'un héros de légende du Seigneur des Anneaux... Il ne faut croire qu'en ce que l'on peut rêver de vrai et de possible... Mais il faut oser rêver grand, voilà!

     Romane :

     « Moi, je les appelle "les êtres de lumière" ceux qui, là, comme ça, par ce qu'on pourrait appeler "hasard" mais qui n'est pas du hasard, sont entrés de plein fouet dans mon coeur parce que. Je ne connais pas encore bien ici. Mais si tu le dis, je ne peux que te croire, parce que.... chhhhhht... pas besoin de mots pour le dire.... »

     Ma réponse :

      Lorsque l'on ose "rêver grand", l'on prend inévitablement "quelques risques", disons... Mais parfois, pour ne pas dire souvent ou toujours, puisque l'on croit si fort en ce que l'on sent, en ce que l'on perçoit plus qu'en ce que l'on voit... ou voudrait voir... cela devient vrai alors que ce n'était qu'apparence ou illusion.

Le seul et vrai risque, c'est le risque de toucher sur ce qui va nous faire mal, que l'on n'a pas encore perçu, et qui, inévitablement existe...

 Mais il faut accepter ce risque : après tout, c'est comme le saut de 90 mètres à l'élastique depuis le parapet du pont de Luc Saint Sauveur... Quoi qu'il arrive (que l'élastique se déchire par exemple) il restera toujours le "vol", le vol sublime, le vol de sa vie, le vol de tous les rêves rêvés à la folie...

C'est comme le saut à l'élastique, oui, mais en moins périlleux physiquement si je puis dire, parce que l'élastique déchiré, c'est adieu à la vie...

En toute humilité pour conclure, j'avoue qu'il m'est arrivé de "rêver grand"... D'avoir même volé comme dans le saut à l'élastique... Et d'avoir touché le fond rocheux et aigu de la rivière tout en bas... Appelons cela "déchirure relationnelle"...

Comme je vis que je n'étais pas mort, je me suis relevé tout écorché et j'ai dit que je voulais rêver encore plus haut...

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Les "chercheurs de vérité"

     De Jardinier (Bruno Leclerc du Sablon), écrivain et poète… Voici ce qu’il nous écrit dans un forum d’Alexandrie « Comment avez-vous connu Alexandrie » :

      « On se rend bien compte, dans les forums, que nous sommes tous des chercheurs de vérité. Ecrire, c'est chercher des vérités et les donner à partager. Il en reste beaucoup. Et même, celles qui ont déjà été dites, n'est-ce pas encore extraordinaire de les redire avec d'autres mots, d'autres images, d'autres nuances ? Alexandrie ? Je suis tombé dedans ! »

      Et voici ma réponse : ... Oui, c'est bien cela, Jardinier! "Des chercheurs de vérité" sommes nous... Et il en reste certainement beaucoup, de ces "vérités" à découvrir, à retrouver, à inventer... Pour autant que des "vérités" puissent s'inventer... "Et même celles qui ont été dites" : et là aussi c'est vrai que chacun de nous, à sa manière, avec sa sensibilité, son ressenti, son "vécu", sa réalité en lui, a pu maintes et maintes fois déjà, rejoindre ce qui avait été exprimé par une autre personne, tant d'autres personnes... Il arrive que paraissent de grandes différences entre les gens, entre un frère et sa soeur, un père et son fils, un homme et une femme "liés pour la vie" (ou liés provisoirement)... Mais au delà de ce qui paraît, au delà de ce qui même se dévoile ou s'observe sans que l'on ne puisse le nier tant il est évident... Il existe un "passage", une "fissure", une "porte"... enfin, quelque chose qui fait que l'on se retrouve (comme si l'on s'était perdu et qu'un souvenir très ancien nous ferait penser qu'on est du même monde, de la même origine) et qu'en définitive, nous pouvons envisager un avenir dans lequel on pourrait exister ensemble sans plus jamais essayer de s'entre détruire, s'éliminer, ou s'ignorer complètement... C'est ainsi, par cette sorte de "passage", que tout devient possible... Alors même que tout, selon les apparences, selon ce qui est évident, nous sépare et nous oppose.

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mardi, juillet 24 2007

Au fil de vos mots et de vos billets...

          AU FIL DES MOTS ET DES VISAGES

     J’avais sur différents forums : Alexandrie Online, Le Portail des Auteurs, Passion des Mots, Nota Bene Forum actif, Grain de Sel, Café Babel… émis l’idée d’une anthologie des « petits mots historiques » de chacun d’entre vous… Ces mots drôles, émouvants, ces réflexions, ces phrases courtes mais très belles, ces cris du cœur, ces voix et ces regards qui ne sont que de vous et de vous seul, que j’ai parfois notés dans mes carnets et qui m’ont émerveillé… Mais les carnets sont trop nombreux, les pages difficiles à retrouver au milieu des brouillons et des ratures.

Alors voici ce fil… Je pensais créer une nouvelle catégorie sur mon site, en séparant par rubriques chacun de ces « univers » que sont les forums cités plus haut, mais je préfère en définitive tout rassembler dans un même « univers »… Quelque chose comme un « Bagdad Café littéraire Yugcibien »… Je ne le dirai jamais assez : sans vous je ne suis rien… Sans ces petits mots de vous, sans vos visages, sans vos regards, sans vos rêves, je suis une « coquille » vide… La « consistance », l’intérieur de la « coquille », ma « vie intérieure », tout cela je le dois à votre existence, à ce que vous êtes…

D’autre part, il y a, je le sais, en dehors de mes « univers » de communication sur le Web, des gens que je rencontre tous les jours, des personnes de ma famille, des amis, des copains, des connaissances ou même des gens que je ne vois qu’une fois… Et donc, il y a des mots, des anecdotes, des regards et des visages qui participent, de leur gravité, de leur humour, de leur dérision parfois, de leur émotion souvent, à cette « si drôle d’expérience » : la traversée de la vie…

     AINSI COMMENCERAIS – JE… Ce 17 mai 2006, Parce qu’il faut bien commencer… Par un nom, par un visage… Dans le Portail des Auteurs, de Sonia Calligaro : « Le rire c’est comme les essuie glaces, ça n’arrête pas la pluie mais ça permet d’avancer ». C’est vrai : la pluie n’en finit pas de tomber… Mais elle ne tombe pas toujours. Avez-vous déjà entendu le bruit que ça fait, les essuie glaces ? Surtout quand on met le « balayage turbo » ? Il y a comme une obstination à éclaircir la vitre… Cela me fait penser à une respiration. Sonia, je te comprends… Tu me dis que tu es « un brin narcissique »… Je trouve cela très émouvant : n’est ce pas, je crois bien, aimer cette image de soi et, au travers de cette image, aimer cette quête que l’autre peut avoir de l’image qu’on a ? Au point de la ressentir en soi, cette quête… comme une « piqûre d’héroïne » ? Dont on ne peut plus se passer ? Et au-delà de l’image, il y a bien sûr, tout ce que contient l’image : la vie en soi, les mots, le regard, l’idée de relation, le ressenti… Ah ! la pensée, parfois secrète, que l’autre peut avoir envie de s’y jeter dedans !

     Dans Nota Bene forum actif, de Masques de Venise, le 23 octobre 2005 : « Halloween… Le fêterez vous ? Chez moi je suis obligée. D’abord à cause de nos origines celtes. Ensuite, parce que Céline a grandi et qu’elle a voulu nous cuisiner ce soir des yeux de crapaud et des cœurs de sorcières. » Certes, il n’y a là dedans, rien de « philosophique » à priori ! Mais quelque chose qui sent bon la famille, la fête, et… une certaine inspiration. Ah que j’aurais eu envie, envie très fort, d’être invité à cette soirée ! Halloween, c’est vrai, on peut ne pas aimer… Mais quand ça sent très chouette la famille et la fête sans « se prendre la tête » et dans la bonne humour et la gentillesse et le désir d’inventer pour faire rire, ça vaut bien Carnaval ou 15 Août à la plage ou la fête des vendanges ! Tu peux pas m’inviter, Masques de Venise, pour le prochain Halloween ? ( excuses, je plaisante !)

     18 mai 2006 Dans Grain de Sel forum actif, de Swallow (Espagne), le 25 mars 2006 : « C’est la vivacité de ce forum qui m’a séduite : des milliers de messages en un petit trimestre, juste quelques 50 inscrits parmi lesquels une bonne dizaine qui ne postent jamais. » Effectivement, un forum ne doit-il pas être REACTIF ? Presque du « tac au tac » ? Et puis, en définitive, ceux « qui ne postent jamais »… resteront-ils toujours aussi silencieux ?

     Sur Alexandrie, de Pascal, le 17 mai 2006 : « Tu seras le premier humain sur cette planète à m’avoir souhaité ma fête » dis-tu ! Il était 0heure 01 exactement. J’aime beaucoup cette phrase de toi en réponse à mon message. Etre le premier dans les petites choses comme dans les grandes, me paraît être une ambition raisonnable. Etre le premier sur la planète à souhaiter sa fête à Pascal sur Alexandrie, n’a certes rien à voir à être le premier navigateur tel Francis Drake à s’aventurer au-delà du Cap Horn là où pointe l’extrémité de la péninsule Antarctique… Mais il y a, assurément, à être le premier quelque part, dans un « détroit de la Pensée » ou dans l’une de ces passes si nombreuses de la vie… quelque chose « d’alchimique ». Et qui me fait dire en souvenir de certains êtres que j’ai rencontrés dans ma vie : « Par le caractère exceptionnel de la relation, du regard et de la pensée qui les a liés, ne fût-ce qu’un seul jour, à d’autres personnes proches ou non ; ils ont été la preuve certaine que l’esprit humain pouvait évoluer ».

Ici je pense à mon copain Ould Ruis au lycée Duveyrier à Blida en Algérie, alors que j’étais âgé de 13 ans et lui aussi… Il me parlait de cette Algérie de demain qu’il « voyait » alors qu’il fallait pour cela, franchir les trente années du début de l’histoire de ce pays en tant que nation indépendante et arriver dans cette si dramatique dernière décennie du 20ème siècle qu’il « m’écrivait » avec ses mots à lui, de son regard qui n’était que de lui…

Je pense à Madame Félicie Figeac, à Cahors, qui, au 7 rue Paramelle en 1956, fut pour moi comme une deuxième maman et qui pelait des truffes par milliers les soirs d’hiver pour payer des vacances à sa famille…sans jamais extérioriser son affection mais en ponctuant ses réflexions de petits mots verts, acides et drôles…

Je pense à Habiba, la petite Tunisienne de 16 ans que ma mère, à Tunis, en 1958, prenait pour sa fille et dont la gentillesse et l’humilité étaient encore bien plus impressionnantes que son extrême beauté…

Je pense à eux… Et à tant d’autres jusqu’au jour d’aujourd’hui… A ceux et celles qui viendront… Demain. Ceux là furent vraiment des « Premiers », au même titre que Christophe Colomb, Magellan ou Francis Drake. C’est donc cela, mon école, ma « formation universitaire » : ces visages !

     19 Mai 2006 De Papillon, sur PASSION DES MOTS : « La vie met parfois des personnes sur notre route, qui nous marquent à tout jamais ». Je pense que ces personnes là sont en fait, un peu plus nombreuses que l’on peut le croire ! Mais c’est vrai qu’il est plus facile… et plus naturel, de dire du bien des gens que l’on aime…Pour ce qu’ils nous ont apporté. Il arrive cependant que l’on rencontre des personnes qui, à priori, soit par ce qu’elles paraissent, soit par les propos qu’elles viennent de tenir, soit parce qu’elles sont d’une sensibilité qui nous surprend ou nous heurte… ne nous semblent pas « fréquentables »… Ces personnes là nous « marquent » aussi, dans la mesure où s’introduit dans notre esprit, l’idée que notre « vision du monde » ou même notre regard, n’est pas une « religion », un refuge définitif ou une « vérité »… Il est donc très difficile de dire du bien, de ces personnes là ! Et si l’on y parvient tout de même, c’est parce que l’on a pu entrer dans leur regard et toucher ce qu’elles sentaient, sans, évidemment le partager… Les personnes « qui nous marquent à tout jamais » sont donc celles qui nous « forment » alors même que nous préservons notre liberté.

      20 mai 2006, Si j’ai ouvert cette rubrique, c’est parce que j’éprouve le besoin de me sentir relié à l’esprit de la personne à laquelle je pense ou avec laquelle je suis en contact. Sans doute beaucoup de gens ne sentent pas en eux ce besoin là, ou bien le sentent différemment de moi, ou pour des motivations qui leur sont propres… Je peux donc rencontrer en l’autre quelque chose qui me ressemble ou qui est différent. Bien sûr, je le dis, si cela « me ressemble », alors j’en suis fou de joie ! Mais si c’est différent, cela m’interpelle et je m’interroge… Et, très curieusement, par cette différence, je me sens moins seul. Il y a dans la ressemblance, parfois, même si elle rapproche les êtres au point de ne plus se passer de se voir ou de s’écrire, comme un prolongement de cette solitude en soi… Et dans cette solitude là, viennent des pudeurs, des silences, des élans prisonniers du rêve, des mots qui ne viennent pas, des gestes que l’on ne fait pas… Ah ! La solitude à deux… quand on se ressemble trop ! Ce régal absolu de s’être trouvé et de s’être jeté l’un sur l’autre, de la totalité de soi !... A l’orée de ce « désert » qui peut venir !

      21 Mai 2006 Sur le forum des Babéliens, de Nina Padilha, écrit le 1 – 4 – 2006 : « L’envers de notre dangereuse attirance vers des gens qui n’ont rien à nous offrir est notre propension à nous sentir ennuyés par ceux qui ont effectivement quelque chose à nous offrir ». Si nous aimons des gens qui n’ont rien ou presque à nous apporter, c’est tout simplement parce que ces gens nous ont plu. Et il n’y a pas de raison « logique » ni d’explication à cela… Sinon qu’ils nous ont plu à cause de ce que l’on désirait d’eux et qu’ils ne nous ont pas donné… Il a suffi d’un joli visage, d’une apparence, ou de quelque chose d’eux qui est venu « chatouiller » une espérance en nous, latente, insidieuse, inhibée ou exposée au regard de l’autre… Si nous n’aimons pas ou si nous ne sommes pas attirés par des gens qui ont beaucoup à nous apporter, c’est assez dramatique… Mais parce que nous ne souffrons pas de ce que nous perdons, nous considérons que cela n’a pas d’importance… En somme, cette phrase de Nina illustre bien le sens habituel de la relation humaine : fondée sur les apparences et concentrée sur ses propres aspirations ou désirs.

      Le 1er Janvier 2007, voici ce que nous écrit SYLVIE, de PASSION DES MOTS : J’ai toujours pensé que la solitude était réservée aux personnes âgées, qui ont déjà vécu leurs vies… Mais depuis quelque temps, je ne me suis jamais sentie aussi seule et abandonnée… Et je n’ai que 22 ans. Surtout en cette fin d’année, ou se retrouver seule devant la télé est un peu déprimant ! Alors pour cette année, je souhaite à tout le monde de se sentir aimé et désiré tous les jours, je vous souhaite de n’être jamais délaissé et toujours dans un sentiment amoureux sécurisant… Je vous souhaite de l’amour encore et encore et d’aimer intensément. Et pour reprendre une phrase de Jacques Brel : « Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques uns… Bonne année à tous.

Marie lui répond ceci : Il vaut mieux être seul que mal accompagné

Et Fée : Je connais des gens qui auraient pu passer le réveillon avec d’autres et ont préféré être seuls.

Puis, Ishtar : …A mes yeux, le réveillon de la nouvelle année n’a aucun attrait sinon une magnifique opération commerciale pour les magasins de vêtements, les grandes surfaces, les restaurants, les concepteurs de spectacles de pyrotechnique et les débits de boisson… Personnellement je préfère le réveillon de Noël qui est beaucoup plus symbolique, fraternel et familial… C’est être seul à ce réveillon là qui serait malheureux à mon sens !

     Bonané, bonané, bonané !... Perroquette-t-on, dès que Minuit sonne, le verre de champ’ à la main ! Et que j’te bizuque, et que tu me bizuques… ça tue pas la solitude, on se regarde on se plaît, ah que c’est bon, ah que c’est chouette, de se serrer très fort… Mais qu’en sera-t-il demain de nos émois, toi en petite robe chic, et moi en turlututu chapeau pointu me retenant de roter ? Ton vieux voisin a passé le soir du 31 devant sa télé « Bonnes femmes à poil avec des plumes au cul », et le SDF d’Intermarché s’est tapé un magnum de Blanc avec les sous des « Bonnes Ames »… Bonané, bonané, bonané… Beau Kaka oui ! Beaux glaouis, beaux soussous, bon couscous, beau manteau belle et longue écharpe blanche et bajoues députaines…

Sylvie est un bien trop joli prénom féminin pour être tout seul un soir de fête ! Et dire qu’il y a des mecs qui, fête ou pas fête, rotent à table à côté de leur nana !

          Imposture ou pas ? Mary-j-dan, d’Alexandrie, dans un billet de son blog nous dit ceci : «Forcer un bayement (facilement décelable et impossible à confondre) en s’exprimant, et diriger son regard vers la gauche, est un signe manifeste d’imposture… »

Où commence précisément, le bayement ? Et le bayement n’est-il pas, comme bien d’autres manifestations involontaires telles que regards, expressions du visage, plis, tics, petits gestes automatiques, sourire, intonation de voix ; l’un ce ces signes extérieurs qui nous trahit, nous révèle ?

Nous avons tous, je crois, de ces petits signes se manifestant à notre insu, et que les autres lisent, interprètent ou traduisent. Le bayement est donc l’un de ces signes. L’on baille naturellement… Et presque automatiquement, si l’on a faim, si l’on s’endort ou si l’on s’ennuie. L’on « force » un bayement comme l’on « force » tout autre signe pouvant nous trahir. C'est-à-dire que, plus ou moins conscients de ce qui, relationnellement, pourrait nous desservir, nous masquons par quelque « fioriture » gestuelle, comportementale ou de sourire ou de regard, ce que nous ne voulons pas montrer de nous, qui nous décrédibiliserait. Et c’est fou ce que nous en usons, de ces « fioritures »… Que les autres ne peuvent vraiment traduire ou interpréter que dans la mesure où ils nous connaissent de longue date, tant ces « fioritures » sont personnelles… Sans doute y a-t-il en ces « fioritures » parfois, quelque élégance, quelque chose de troublant, d’émouvant ou de séduisant… Mais où se situe véritablement la frontière entre l’authenticité et le mensonge ? L’idéal dans l’authenticité, mais aussi il faut le dire dans le mensonge (et là ce n’est plus vraiment l’idéal) c’est de s’épurer de toutes ces fioritures et de ces arrangements afin de ne conserver d’elles, en soi, que celles qui nous singularisent dans un sens ou dans un autre mais aussi sans dessein…

Je pense à certains vins de table qui, dès les premières gorgées nous brûlent l’estomac… Et par analogie, à ces êtres que l’on rencontre et qui dès le premier abord, nous déplaisent souverainement par leur agressivité ou leur vulgarité. Mais je pense aussi à ces vins de marque ou de qualité certaine… Et par analogie à ces êtres que l’on rencontre et qui dès le premier abord, nous plaisent et dont nous rêvons d’être l’ami…

S’il est aisé de se défier et de s’éloigner des êtres qui nous déplaisent ; il est parfois risqué de s’ennamourer d’êtres qui nous plaisent…

C’est en effet une drôle de forme de prédation, que celle qui consiste à sucer doucement ses victimes alors même qu’elles jouissent de se sentir sucées… Comme si elles buvaient chaque jour un excellent vin dans lequel aurait été jeté tous les midis, une pincée d’arsenic prise entre les bouts d’une pince à épiler. Mais l’arsenic en vérité, on le verse à dessein en sachant qu’il détruira… Ou bien on ne sait pas que c’est de l’arsenic parce que l’on a décidé que c’était « pour rendre meilleur le vin »…

Il est de ces prédateurs qui ne savent pas qu’ils sont des prédateurs… Ou font semblant de ne pas l’être jusqu’à vraiment croire qu’ils ne le sont pas… Ce sont ceux là les pires.

Saint Thomas a dit qu’il voulait d’abord toucher avant de croire… Ce n’était pas une si mauvaise idée que ça ! Disons que c’était à expérimenter…

     Quant au mensonge, il y aurait beaucoup à dire… Et matière à réflexion. Il y a le mensonge par omission, le mensonge par dissimulation, le mensonge par moitié sachant que l’autre moitié est la vérité… Ce qui est certain cependant, c’est que le mensonge est toujours le mensonge quelle que soit sa forme, puisqu’il fausse tout et qu’il invalide la relation, en particulier lorsque l’idée que l’on se fait de la relation est une aspiration élevée de l’âme et de l’esprit, et que l’on « s’existe » plus ou moins sincèrement dans cette aspiration.

 Il y a aussi le mensonge par ignorance ou par méconnaissance, le mensonge quand on ne sait pas que l’on ment. Je ne parle pas du mensonge qui consiste à faire semblant de croire que l’on ment sans savoir : c’est peut-être là, le pire des mensonges…

 Et je m’aperçois en définitive il m’est impossible d’apporter une conclusion déterminante à tout ce que je viens d’écrire là… L’incertitude et l’interrogation demeurent… Faut-il pour autant s’en désespérer ? Non, il faut vivre, aller jusqu’au bout de l’expérience… Pour le meilleur et pour le pire. Vivre et espérer, avec ou sans « fioritures »…

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