Merci aux Editions Bourin qui, dans le cadre d'un partenariat avec Blog-o-Book, nous ont permis de découvrir cette oeuvre de Simon Critchley.

Depuis la nuit des temps, depuis l'apparition du premier de leur tribu confite en cogitations et extrapolations diverses, les philosophes, autoproclamés ou déclarés tels par des disciples enthousiastes, se sont interrogés sur tout, à commencer par le sens de l'existence. Cette dernière impliquant fatalement l'étape que constitue la Mort, ils ont aussi été bien obligés de retourner la Faucheuse sur le gril de leur esprit.

Insoucieuse de leur curiosité, la Mort, toujours consciencieuse et digne, n'a jamais omis de se présenter à la porte de l'un ou l'autre de ces penseurs lorsque leur temps était arrivé.

Dans ce livre qui mêle humour et réflexion sérieuse, Simon Critchley recense pour notre plus grand bonheur et notre plus grande soif de connaissance les circonstances dans lesquelles des philosophes comme Platon, Epicure, Kant et tant d'autres eurent leur entretien premier et ultime avec la Mort.

Circonstances éminemment variables : Socrate, en absorbant la ciguë, sait déjà que, en acceptant une mort injuste pour défendre ses idées, il ne meurt pas mais entre à jamais dans la Vie de l'Esprit et des Hommes ; le grand Epicure, rattrapé par de douloureux calculs rénaux, affirma jusqu'au bout qu'il ne redoutait pas la Mort ; le fondateur de l'"idéalisme transcendantal", Kant, eut comme dernière phrase : "C'est bien" ; beaucoup moins heureux que ses glorieux aînés, Nietzsche mourut dans l'horreur de la folie et un état quasi végétatif ; plus proches de nous, Camus l'Intègre nous a tirés sa révérence dans un accident d'automobile sur lequel toute la vérité n'a peut-être pas été faite ; quant à son grand rival, l'"Agité du Bocal" que vilipandait si bien Céline, j'ai nommé Jean-Paul Sartre, il déclarait, faux modeste, ne pas se soucier de sa mort - sans doute espérait-il des funérailles grandioses, à la manière de Hugo, ce dont il profita hélas ! grâce à la chape de bêtise imposée à notre pays par la bien-pensance et le politiquement correct qu'il avait contribué à instaurer à compter de la Libération.

Mais Critchley évoque également des noms moins connus du néophyte et il le fait avec une absence si totale de pédantisme et une passion si vive de son propos que le lecteur, charmé, lit presque d'une traite __"Les Philosophes meurent aussi."

Un livre que je vous recommande, en cette période de fin d'année. ;o)__