Les Manuscrits Ne Brûlent Pas.

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Tag - littérature espagnole

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vendredi, février 24 2012

Sans Nouvelles de Gurb - Eduardo Mendoza (Espagne)

Sin noticias de Gurb Traduction : François Maspero

Extrait uibPersonnages/b/i/u

Freud aurait sans doute conclu qu'Eduardo Mendoza et moi-même n'avons pas les mêmes rêves. C'est la seule explication que je trouve à l'absence d'enthousiasme que suscite en moi ce que, jusqu'ici, j'ai lu de cet auteur.

Pourtant, en choisissant "Sans Nouvelles de Gurn", roman hyper-court ou longue nouvelle écrite dans un style ouvertement parodique, je pensais que tout irait bien. Eh ! bien, non. Certes, il y a quelques scènes où l'on sourit et d'autres où l'on rit. Les commentaires de l'extra-terrestre abandonné par son acolyte Gurb, parti en mission dans une ville espagnole après avoir adopté la plastique de Madonna (non, je n'invente rien), sont souvent pince-sans-rire et, bien entendu, son discours, si absurde qu'il paraisse parfois, cherche à remettre en cause notre manière de vivre, à nous, "civilisés" terriens - ou prétendus tels.

J'ai compris tout ça, j'ai souri, j'ai ri mais ... dès avant le milieu du roman, je m'ennuyais déjà.

Alors, comme je m'en veux un peu - j'aime bien comprendre - je ferai sans doute une troisième tentative avec Eduardo Mendoza. Après tout, avec un peu de chance et si Dieu me prête vie (comme aurait dit le Général ), il me reste encore trente ans pour pouvoir dénicher le roman de cet écrivain que j'aurais toujours eu envie de lire.

mercredi, août 11 2010

Un Coeur Si Blanc - Javier Marías (Espagne)

Corazón tan blanco Traduction : Alain & Anne-Marie Kéruzoré avec l'aide de l'Auteur Extraits

C'est à deux reprises que je me suis attaquée à la lecture de ce livre : la première fut un échec mais j'allai jusqu'au bout de la seconde. Mon erreur, je m'en rends compte aujourd'hui, fut de ne pas tenter la lecture à voix haute dès le départ. Il est en effet des textes qui veulent - et même exigent - ce type de lecture : "Un Coeur si Blanc", dont le titre s'inspire de "Macbeth", est de ceux-là.

Selon une technique déconcertante et qui en exaspérera plus d'un, Javier Marías prend un fait, plus ou moins important dans son essence mais qui, pour ses personnages, revêt toujours une importance particulière même s'ils ne le savent pas toujours, et, à partir de là, il brosse tout un livre dans un style soutenu, pointilleux sur les détails les plus criants comme sur les plus infimes, qui encense le point-virgule mais abbhore la phrase courte ou simplement moyenne, et qui privilégie avec éclat les phrases longues, cinglées de virgules et formant souvent un paragraphe tout entier, à la Saint-Simon ou à la Proust.

Avec cela, une analyse au microscope des émotions et des pensées des personnages, une maniaquerie dans le choix de la nuance qui rebute, séduit, irrite, fascine et désespère. Un auteur étonnant, par lui-même traducteur émérite et fin connaisseur des mots et de leur pouvoir, qu'il faut lire par doses homéopathiques certes mais qu'il faut lire - enfin, je le crois. ;o)

"Un Coeur si Blanc" est axé sur le malaise indéfini ressenti par Juan, le narrateur, dès son mariage avec Luisa. Tous deux sont interprètes pour les Nations Unies et partent en voyage de noces à Cuba. Dans leur chambre d'hôtel, un soir, alors que Luisa souffre d'une légère indisposition, Juan surprend la conversation de leurs voisins : un couple illégitime, lui marié, elle non, où est évoqué la mort éventuelle de l'épouse, laissée en Espagne. Ce fragment d'une histoire qu'il ne connaît pas ne va cesser de hanter Juan - et partant Luisa - avant de se révéler, d'une façon bien étrange, liée à son propre passé ...

Au début, c'est vrai : le lecteur se demande où l'auteur veut en venir. Mais il finit par se dire très vite qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Et, pourvu qu'il ait la volonté de savoir, il découvre qu'il a eu raison d'insister. Il découvre aussi un auteur tout-à-fait atypique dont la prose et la technique lui laissent, une fois le livre refermé, cette impression, à la fois irritante et agréable, que l'on éprouve en sirotant, par exemple, un jus de citron. ;o)