Extraits

En dépit des hématomes prononcés sur le visage de la victime - notamment au niveau du nez - et d'une très grosse marque à la nuque, résultat vraisemblable d'un coup donné pour assommer, il n'y a pas eu d'examen de la tête lors de la première autopsie : le procureur de la République de Versailles avait bien insisté sur le fait que cela n'était pas nécessaire ...

Toujours lors de la première autopsie, aucune analyse anatomo-pathologique n'a été pratiquée. Elle seule pourtant aurait pu établir, par la découverte de micro-particules issues de l'étang Rompu dans les poumons, la certitude des causes de la mort du ministre ...

Aucune radiographie non plus pour rechercher les éventuelles fractures ...

Les traces de Valium retrouvées l'ont été dans le sang et les viscères mais pas dans l'estomac. Cela suggère clairement une injection des produits et non une ingestion, contrairement à la version retenue qui veut que le disparu ait absorbé des cachets avant de se rendre en forêt de Rambouillet pour se noyer dans soixante centimètres d'eau ...

Un habitué des salles d'autopsie, après consultation des pièces du dossier, estime que l'hématome enregistré au niveau du maxillaire supérieur gauche du ministre "résulte d'un coup, type crochet du droit" ...

Le poignet droit du corps porte une estafilade qui ne sera mentionnée dans aucun des rapports d'autopsies, qu'il s'agisse de la première ou de la deuxième ...

La position des lividités cadavériques prouve que la dépouille a été transportée aussitôt après la mort ...

Un embaumement clandestin a été pratiqué à l'Institut médico-légal, à l'issue de la première autopsie. Cet embaumement n'avait évidemment pas été demandé par la famille. On ne sait qui l'a pratiqué mais il l'a été. Cette pratique permet en général d'atténuer les traces de coups ...

Toutes les lettres par lesquelles le ministre annonce son suicide sont des photocopies : il n'y a pas un seul original ...

Le premier expert en écriture ayant authentifié les écrits du ministre en 1979 admet aujourd'hui qu'il "aurait très bien pu conclure autrement." Signalons que, entretemps, est survenue l'affaire Grégory et que cet "expert" est l'un de ceux qui ont également "authentifié" l'écriture de Christine Villemin comme celle du "Corbeau" ... Errare humanum est, certes mais perseverare diabolicum ...

Le papier à en-tête des lettres posthumes, pas plus que les enveloppes, ne correspond à celui utilisé au moment des faits par le ministre ...

Quelques heures avant sa mort, la victime a été vue postant des enveloppes demi-format et particulièrement épaisses. Rien à voir avec les seules lettres reçues, d'une épaisseur et d'un format normaux ...

Voici quelques éléments tirés de la passionnante - et inquiétante - contre-enquête de Benoît Collombat sur la mort de Robert Boulin, dont le corps fut retrouvé le 30 octobre 1979, dans la position dite "du mahométan en prière", dans l'étang Rompu, en forêt de Rambouillet.

Si, après l'avoir lue - car je sais que vous la lirez - vous estimez encore que Robert Boulin s'est suicidé, contactez un chirurgien du cerveau. Sinon, déchirez votre carte d'électeur : la sinistre déliquescence dans laquelle n'arrête pas d'agoniser notre Vème République s'enracine pour beaucoup dans cette triste affaire, précédée trois ans plus tôt par l'Affaire De Broglie et à laquelle l'Affaire Bérégovoy fera écho près de quatorze ans plus tard. Au pays des politicards, l'intégrité est bien LA valeur à abattre.