The Wells of Hell Traduction : François Truchaud

Extraits Personnages

L'un des thèmes préférés du grand Lovecraft, qu'il a traité sous diverses formes et, de manière à notre avis magnifique et exemplaire dans "La Couleur Tombée du Ciel", était la contamination des humains par une entité venue des étoiles. Dans "Les Puits de l'Enfer", Masterton reprend l'idée mais l'adapte à sa propre nature d'écrivain - et aussi à notre siècle. Lovecraft, en effet, évoque rarement la science dans ses nouvelles. Une certaine forme de mathématiques, oui, dans "Par delà le Mur du Sommeil" ou "Les Rêves dans la Maison de la Sorcière", et la biologie et la chimie dans des nouvelles assez "classiques" comme "Herbert West, le Réanimateur", voire dans "L'Affaire Charles-Dexter Ward." Le Solitaire de Providence était avant tout un poète et un rêveur qui adorait les cauchemars : l'aspect réaliste des sciences ne le séduisait pas.

Masterton, lui, sans être un fanatique des expériences menées par des savants brillants mais complètement fous, vit plus avec son temps. Il n'y a qu'à songer, par exemple, à la base de "Sang Impur" pour le constater. Dans "Les Puits de l'Enfer", il imagine une contamination extra-terrestre par infiltration dans l'eau des puits d'une communauté. Au risque de décevoir les fans de John Carpenter qui, devant ces lignes, pourraient imaginer (avec délices) un village entier de zombis contaminés , je rassure tout de suite les âmes sensibles : seules trois personnes le seront effectivement. Une quatrième mourra avant de l'être complètement.

En outre, Masterton laisse planer un doute sur la nature de la créature responsable de la contamination : animal dont l'espèce aurait disparu il y a des millions et des millions d'années et dont un spécimen serait parvenu à survivre, endormi dans les roches ? animal d'origine terrestre, même s'il était largement antérieur aux dinosaures ? ou animal-entité extra-terrestre qui aurait engendré certaines légendes - dont le mythe de Chtulhu si cher à Lovecraft ? ... Bon, c'est vrai, vu ce que cet être est capable de provoquer, fût-ce à distance, on penche plutôt vers l'entité extra-terrestre malveillante. Mais que voulez-vous, c'est la loi du genre.

Comme souvent chez l'auteur, le récit est à la première personne. Le narrateur, Mason Perkins, plombier de son état, se promène toujours avec son chat roux, Shelley. (Non, il n'arrive rien au chat.) Les personnages sont, dans l'ensemble, depuis la laborantine dont est amoureux Perkins jusqu'aux fermiers contaminés, assez peu conventionnels et cela ajoute au charme de ce roman qu'on lit sans déplaisir mais aussi, peut-être, sans passion. Un bon moment de lecture mais pas un grand.