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Tag - Viol de Nankin

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vendredi, juin 25 2010

Le Viol de Nankin - Iris Chang ( III)

Iris Chang divise son ouvrage en trois parties : le récit de l'invasion planifiée de la Chine orientale, et tout particulièrement de Nankin, du point de vue des Japonais de l'époque ; le Viol de Nankin vu par les Chinois qui survécurent ; le Viol de Nankin vu par les Occidentaux qui, contre vents et marées, s'entêtèrent à rester à Nankin pour tenter de préserver la population.

Parmi ceux-ci, Chang retient les destins d'un Allemand John Rabe, chef du parti nazi de Nankin, et de deux Américains, George Fitch, chirurgien qui ne cessa d'opérer et de soigner les victimes épouvantablement mutilées qui arrivaient dans son hôpital, et Minnie Vautrin, plus tard surnommée par ceux qu'elle avait aidés "la déesse de Nankin".

Tous officiaient dans ce que l'on appelait "la Zone de Sécurité", territoire interdit en principe aux soldats japonais mais qui dut cependant supporter bien des attaques, de jour comme de nuit, de la part de simples troupiers avides de femmes à violer comme de hauts gradés qui recherchaient eux aussi le sexe et le meurtre.

Que dire ici sur tous ces gens qui aimaient tellement la Chine et son peuple qu'ils risquèrent leur vie pour eux ? Simplement que Nankin ne les oublia jamais. Lorsque, après la guerre, les Nankinois apprirent que John Rabe, qui n'avait pas hésité à défendre leur cause auprès d'Hitler et avait, pour cela, basculé dans le collimateur de la Gestapo, était privé de tout pour cause de "dénazification", ils réunirent un maximum de fonds et expédièrent leur maire en Suisse où il se procura une foule de vivres qu'il fit remettre à Rabe et à sa famille.

Pourtant, en dépit de tous leurs efforts - tous, revenus dans leur pays, essayèrent de faire connaître les atrocités japonaises en diffusant notamment un film enregistré en partie par le Dr Fitch sur les horreurs dont ses malades étaient les bien fragiles rescapés - et encore aujourd'hui, en 2010, les atrocités commises par les militaires japonais, à Nankin mais aussi dans une grande partie de l'Asie, et cela avec très vraisemblablement l'aval d'Hiro-Hito, sont passées sous silence, voire complètement ignorées. En d'autres termes, l'Histoire enseignée en Occident (et au Japon) est une Histoire tronquée, qui ne tient pas compte des souffrances endurées par des victimes dont il faut rappeler le nombre : en huit ans, plus de trois millions de soldats et neuf millions de civils.

Faites vivre leur mémoire : lisez "Le Viol de Nankin" et faites-le lire. ;o)

Le Viol de Nankin - Iris Chang ( II )

Chiang Kaï-chek avait fait de Nankin la capitale de sa République nationaliste mais lorsque les Japonais arrivèrent en vue de la ville et qu'il devint évident qu'on ne parviendrait pas à les arrêter, les gouvernants prirent bien entendu le large. Chiang donna également l'ordre formel aux milliers de soldats qui restaient de se rendre à l'ennemi. Il escomptait sans doute que les Japonais prendraient en charge les prisonniers mais ce fut loin d'être le cas ...

Le Viol de Nankin fit entre 100 000 et 300 000 victimes. Parmi elles, il faut compter :

1) tout d'abord les soldats chinois qui furent rassemblés en un premier temps, puis séparés en plusieurs petits groupes et exécutés, souvent à la mitrailleuse, après avoir été forcés de creuser ce qui deviendrait leurs fosses communes ;

2) ensuite _les civils de sexe masculin, des vieillards aux petits garçons et aux bébés__, que les Japonais abattaient à vue dans les rues ou encore chez eux. Des concours de "décapitation" avaient lieu, dont je vous laisse découvrir par vous-même les circonstances exactes. Il en sera de même pour les tortures infligées ;

3) et enfin les civils de sexe féminin, là encore des vieilles femmes aux fillettes, qui furent violées de façon singulièrement atroce, souvent jusqu'à la mort. Très peu en réchappèrent et, parmi les rescapées, beaucoup se suicidèrent ...

4) A cela, on doit ajouter toutes celles qui furent emmenées comme "femmes de réconfort." Sur ce statut imaginé par les militaires japonais, vous en apprendrez un peu plus en lisant "Les Orchidées rouges de Shanghaï" de Juliette Morillot, une fiction certes mais qui a le mérite de s'intéresser à des faits trop souvent ignorés des Occidentaux, obnubilés par Hitler, les Nazis et les camps de concentration.

Signalons pour en terminer que les viols n'épargnèrent pas certains hommes et jeunes garçons.

Le Viol de Nankin - Iris Chang ( I )

__''++The Rape of Nanking : The Forgotten Holocaust of World War II Traduction : Corinne Marotte++''__

Passionné, douloureux, implacable, ce livre, signé par la petite-fille de Nankinois réfugiés aux USA par miracle, est absolument à lire par tous ceux qui, lassés de la vision réductrice que l'on donne et l'on redonne en Europe de ce que nous appelons la Seconde guerre mondiale, veulent en savoir plus sur la face asiatique de l'horreur qui s'abattit sur le monde à la fin des années trente. On le conseillera aussi aux autres, ne serait-ce que pour qu'ils puissent varier un peu leur sempiternel discours.

Pour la toute jeune République chinoise, dirigée, depuis 1930, par le chef du Kuomintang (ou "Parti nationaliste"), Chiang Kaï-chek, les hostilités avec le Japon, pays qui se posait comme le fédérateur d'une sorte de "Grande Asie" face à l 'Occident et surtout face aux Etats-Unis, avaient démarré, le 18 septembre 1931, lorsque l'armée impériale avait envahi la Mandchourie, terre natale de la dynastie Qing. Cette invasion n'était que le premier acte d'une tragédie qui allait ensanglanter une bonne partie de l'Asie, dont la Chine du Nord et de l'Est, jusqu'en 1945.

Pourtant, il est de tradition de placer le début de la Seconde guerre sino-japonaise le 7 juillet 1937, avec l'Incident du Pont Marco Polo (ou de Lugou) encore que le Japon n'ait déclaré officiellement la guerre à son voisin que le 7 décembre 1941, c'est-à-dire après l'attaque de Pearl Harbour. Mais peu importe la date retenue : ce qui est important, c'est que les Chinois, nationalistes ou communistes, vont résister avec rage à l'avance des troupes impériales et que ces dernières, convaincues par la propagande qu'elles n'auraient guère de mal à triompher de l'ennemi, vont en ressentir un tel dépit qu'elles arriveront à Nankin dans un état de frustration et de haine d'une rare intensité.

C'est cette explication que l'on donne en général non pour justifier mais pour expliquer les atrocités qui se déroulèrent à Nankin pendant six semaines à compter du 13 décembre 1937.