Los Angeles Noir Traduction : Patricia Barbe-Girault & Adelina Zdebska

Extraits

Merci aux Editions Asphalte qui, par l'entremise d'un partenariat avec Blog-o-Book, nous ont permis de découvrir cet ouvrage.

En principe, tout recueil de nouvelles présente de grandes inégalités. Ce"Los Angeles Noir", orchestré par Denise Hamilton, elle-même auteur de thrillers aux USA et qui a fourni à cette anthologie le texte "Minuit à Silicon Alley", fait exception à la règle.

Bien qu'on apprécie forcément telle ou telle nouvelle par rapport aux autres, on ne peut nier que presque toutes se montrent fidèles au genre qu'elles prétendent servir, ce roman noir à l'ambiance oppressante et désespérée souvent ponctué d'une chute finale qui en souligne le cynisme absolu. Outre Hamilton elle-même, seize noms du polar américain se donnent ici un rendez-vous qui tient ses promesses.

Michael Connelly, inusable, ouvre le bal avec "Mulholland Dive", titre jeu-de-mots pour une histoire d'assassin noyé de façon aussi stupide que l'arroseur du proverbe se fait arroser. Vient ensuite la première femme de la série, Naomi Hirahara, avec un texte magistral où règnent une folie progressant lentement vers son but et un saphisme qui, jusqu'au bout, taira son nom.[

"Une Epoque Dangereuse" , d'Emory Holmes II, est une classique histoire d'amitié entre un flic et un garde du corps, sur fond de trafic de drogues au pays du gangsta rap. Denise Hamilton, qui s'est réservé la quatrième position et la fin de la première partie, a choisi un noir particulièrement grinçant pour "Minuit à Silicon Alley." Un peu comme Janet Fitch avec sa réjouissante "Méthode", nouvelle où l'humour, très noir mais allègre, se met au service d'une justice immanente.

Une autre femme, Patt Morrisson, est également aux commandes de l'excellent "90210, Morocco Junction", dont l'action se situe dans le milieu huppé du "Vieux Berverley Hills" et nous révèle au passage des misères morales qui n'ont pas grand chose à envier à celles des quartiers plus humbles. "Passée la trentaine" que l'on doit au fils d'Ann Rice, Christopher, fait une incursion sanglante dans le milieu homosexuel de la Cité des Anges et, bien que relativement courte, fait preuve d'une rare intensité dans l'analyse des caractères.

Autre "grande" nouvelle (pour moi, en tous cas ) : "Lazare à Hollywwod" d'Héctor Tobar. Réalisme, maîtrise du scénario, vérité des personnages, tout dans ce texte rappelle les meilleurs moments de séries comme "NYPD Blue" ou "The Shield." Ce penchant pour l'étude de moeurs, on le retrouve aussi dans la nouvelle suivante, "The Golden Gopher" de Susan Straight. "La Clochette" par contre, que l'on m'en excuse, appartient pour moi plus aux histoires insolites qu'aux nouvelles noires. L'auteur en est Jim Pascoe. Idem pour "City of Commerce" de Neal Pollack et "La Partie de Pêche d'Ivan Denissovitch" de Lienna Silver. En revanche, "Roger Crumbler", de Gary Phillips, renoue avec le polar - et aussi avec l'humour noir.

De la quatrième et dernière partie, je conserverai le souvenir d'"Apparences", nouvelle ultime du recueil - un modèle du genre signé Diana Wagman. Mais les trois autres, Celle qui avait embrassé Columbo", de Scott Phillips, "Liens de Sang", de Brian Ascalon Roley et enfin "When the Ship Comes in", de Robert Ferrigno, m'ont paru tissées de clichés et d'effets gratuits.

Je n'en recommande pas moins aux amateurs l'anthologie proposée par Denise Hamilton : c'est tout de même un bel hommage au polar et au roman noir. ;o)