23 avril 1895, Christchurch (Nouvelle-Zélande) : naissance d'Edith Ngaio Marsh, dite Ngaïo Marsh, romancière.

La future romancière doit à son oncle son second prénom, qu'elle adoptera comme nom de plume et qu'il faut prononcer "nayou". En langue maorie, il signifie "Reflets lumineux dans l'eau." ;o)

Son père était employé dans une banque et, du côté maternel, elle appartenait à une famille qui compta parmi les premiers colons du pays. A l'âge de quinze ans, elle intègre le collège St-Margaret, à Christchurch puis, à compter de 1915, la Canterbury University College School of Arts où elle passera cinq ans.

La Grande guerre lui a enlevé son ami d'enfance et fiancé et, même dans son milieu social, beaucoup de choses ont changé. Ngiao prend donc des cours de diction et d'art théâtral et entame une double carrière de comédienne et de peintre. Elle visite l'Angleterre et ouvre à Knightsbridge, à Londres, en partenariat avec Mrs Thau Rhodes, un atelier de décoration d'intérieur qui connaît très vite un succès appréciable. Mais la santé fragile de sa mère la rappelle en Nouvelle-Zélande. Après le décès de Mrs Marsh, survenu en 1932, la jeune femme se consacre à son père qui vivra encore dix-sept ans.

Son premier roman, "A Man Lay Dead / Et Vous Etes Priés d'Assister au Meurtre de ...", sort en 1934. Y apparaît pour la première fois celui qui restera son enquêteur-fétiche, l'inspecteur Roderick Alleyn, de Scotland Yard. Le personnage réunit les très réalistes qualités d'un authentique limier de la police à celles, toutes fictionnelles, du héros imaginé par Dorothy L. Sayers, lord Peter Wimsey. Au fur et à mesure que la série avancera dans le temps, on le verra prendre lui-même de l'âge et épouser entre autres une artiste-peintre timide, distraite et drôle dans laquelle on peut reconnaître la silhouette de l'auteur.

Pendant toute la décennie, Marsh se partage entre la peinture, la rédaction de pièces pour le théâtre local et celle de nouveaux romans policiers. En 1937, elle s'autorise un court séjour en Grande-Bretagne avant de faire un petit tour d'Europe qui durera six mois.

Durant la Seconde guerre mondiale, elle se met au service de la Croix-Rouge néo-zélandaise. Elle travaille également pour la section théâtrale de la Canterbury University et s'installe dans une routine qui lui permet de consacrer neuf mois à l'écriture de ses romans et les trois autres à la mise en scène d'une pièce de Shakespeare à l'université.

En 1949, elle retourne en Angleterre et y crée la British Commonwealth Theatre Company. Bien que ses romans, qui sont très appréciés du public, lui assurent largement l'alimentaire, sa grande passion demeure le théâtre. Elle vivra assez longtemps pour assister à l'essor du théâtre néo-zélandais et c'est dans son pays natal qu'elle meurt, ennoblie par la reine Elizabeth II, le 18 février 1982.

En tout, elle a écrit trente-deux romans appartenant au genre "à énigme" classique, plus proches d'Agatha Christie, de Sayers et de Wentworth que du roman noir. Avec ces dames, elle continue d'ailleurs à être considérée comme l'une des "Reines du Crime de l'Age d'Or" qui contribuèrent à faire du roman policier un genre à part entière.

Ses intrigues ont en général pour cadre les paysages anglais sauf "Mort au Champagne", "Cauchemar à Waiatatapu" et "Un Linceul de Laine" qui se déroulent en Nouvelle-Zélande, ainsi que "Photo d'adieu" qui se déroule lors des vacances d' Alleyn. "Descente fatale", dont le critique H. R. F. Keating disait qu'il comptait parmi les cent meilleurs romans policiers jamais publiés, débute pour sa part en Nouvelle-Zélande mais se développe et s'achève à Londres.

Avec Ngaio Marsh, c'est un style simple et une construction classique que découvre le lecteur. Néanmoins, dans presque tous ses romans, il est rare qu'il découvre le nom de l'assassin avant les toutes dernières pages. C'est sans doute cela qui a permis à son oeuvre de survivre - et de se faire périodiquement rééditer. ;o)