The Pariah Traduction : François Truchaud

Extraits Personnages

On retrouve ici un Masterton en très, très grande forme. Comme toile de fond, un petit village américain de la Côte est, Granitehead, non loin de Salem. Comme personnages, le vent, la pluie, le brouillard et tout une flopée de gens qui ont perdu des êtres chers. Parmi eux, le narrateur, John Trenton, qui ne s'est pas encore tout-à-fait remis du décès de sa femme, morte, avec le bébé qu'elle attendait, dans un terrible accident de voiture. La preuve : de plus en plus souvent la nuit, dans la maison qu'il trouve désormais trop grande et bien solitaire, John croit entendre crisser les chaînes de la balançoire alors que, comme il le vérifie, il n'y a personne dans le jardin ...

Jusqu'au jour où, bien évidemment, il aperçoit sa femme, entourée d'une lueur bleue, se balançant mollement sous la pluie et le vent ...

Tel est le début d'une intrigue envoûtante à laquelle on pardonnera facilement ses quelques maladresses et redites./b Au centre, bun dieu aztèque, Mictantecutli, le "Démon des Morts", qui, selon un codex d'époque, dominait tous les autres dieux. Il était toujours représenté avec un hibou, un cadavre et un plateau contenant des coeurs humains. Quand il s'incarnait, il prenait la forme d'un squelette gigantesque dont les os étaient faits d'autant de petits squelettes grimaçants. Mictantecutli était craint et redouté de tous, y compris dans le Panthéon aztèque, ce qui, si l'on pense au caractère plutôt agressif des entités mixas en général, est plutôt de très mauvais augure ...

Mais comment le dieu, très redouté, d'une civilisation disparue au début du XVIème siècle, se retrouve-t-il à hanter les cadavres de paisibles Américains sans histoires, à la toute fin du XXème siècle ? C'est là que Masterton donne le meilleur de son talent - qui est grand, très grand, et touche parfois au génie. Son histoire tient la route et si les personnages paraissent peut-être un peu stéréotypés - la belle-mère trop mondaine qui déteste son gendre, l'érudit héritier d'une antique famille vivant en hermite dans sa propriété et s'y livrant à des expériences étranges, deux ou trois réincarnations de sorcières de Salem par exemple - le roman dégage l'une de ces atmosphères pesantes et magiques qui sont la marque des bons livres d'épouvante.

Est-ce pour autant une oeuvre majeure dans la carrière de Masterton ? Non Mais il lui manque très peu pour accéder à la catégorie de "Hel" ou du "Portrait du Mal." Mais assez de bavardages : courez lire "Le Démon des Morts" et revenez donc nous donner votre avis.