30 avril 65, Rome (Empire romain - Actuelle Italie) : suicide de Marcus Annaeus Lucanus, dit Lucain, poète.

Il naquit le 3 novembre 39, à Cordoue, qui faisait alors partie de l'Empire romain, dans une famille d'aristocrates (= equites) qui cultivaient l'art de la guerre mais aussi celui de la politique et des belles-lettres puisque le grand-père de l'enfant n'était autre que Sénèque l'Ancien (dit aussi "le Rhéteur"), le célèbre orateur et son oncle, Sénègue le Jeune, philosophe de l'école stoïcienne, dramaturge, écrivain, homme d'Etat, qui fut aussi le précepteur de Néron.

Rapatrié très jeune dans la Ville éternelle, Lucain y reçut une excellente éducation. Il fut entre autres l'élève du rhéteur Lucius Annaeus Cornutus et put poursuivre et compléter ses études en se rendant à Athènes.

Revenu à Rome et soutenu par son oncle, il devint très vite l'un des favoris de Néron. En 59, il obtient la questure et l'augura et, l'année suivante, reçoit, des mains mêmes de l'Auguste, la palme des Jeux néroniens.

En 62, il s'illustre dans l'épopée en publiant une partie du célèbre "De Bellum Civile / La Guerre Civile", que nous connaissons mieux sous le titre de "Pharsale."

Extrêmement populaire et célébré dans les milieux littéraires, Lucain finit par s'attirer la jalousie de l'Empereur qui lui fait interdire de lire ses oeuvres en public. En 65, le jeune homme se révolte et s'implique dans la conjuration initiée par Pison (selon certains historiens, son intervention dans l'histoire demeure incertaine). Toujours est-il que le complot, qui vise à faire abattre l'Empereur par sa garde prétorienne, échoue et que Néron donne l'ordre à Pison mais aussi à Sénèque, à Lucain et à quelques autres - dont Pétrone - de se donner la mort.

On dit que, en un premier temps, pour échapper à son destin, Lucain s'abaissa jusqu'à dénoncer des complices réels ou supposés et, parmi eux, sa propre mère. Mais rien n'a été prouvé.

Et, le 30 avril 65, c'est avec courage qu'il se fit apprêter un bain et, selon l'antique tradition, s'y fit ouvrir les veines par son propre médecin, à la fois pour complaire à l'Empereur autant que pour échapper à sa cruauté. Il n'avait pas eu le temps de compléter son "De Bellum Civile." Il n'avait pas encore vingt-six ans.

La critique moderne l'a gratifié du surnom d'"André Chénier de la langue latine", tant sont variés les genres littéraires dans lesquels il s'illustra. Hélas ! la majorité de ses textes est perdue - notamment ses lettres et ses discours. Ne subsistent que quelques titres ou bribes de son "Eloge de Néron", de ses improvisations mêlées ("Silves"), de ses "Saturnales", de sa tragédie "Médée", de son poème sur la ville d'Ilion (Troie) et sur celui qu'il consacra à Orphée et enfin de sa descente aux enfers rédigée en grec : "Καταχθώνιον."

Son "De Bellum Civile", lui, a survécu, bien qu'inachevé. On ne possède que les dix premiers chants. Il en manque deux qui devaient conter soit le suicide de Caton d'Utique après la défaite de Metellus Scipio à Thapsus devant les armées de César, soit l'assassinat de ce dernier en mars 44 avant J.C. ;o)