25 avril 1566, Parcieux-en-Dombes (Ain) : décès de Louise Labé, dite parfois "La Belle Cordière", poète.

Elle avait pour père Pierre Charly qui, en épousant en premières noces la veuve du cordier Jacques Humbert, dit Jacques Labé, s'installa définitivement dans la profession où, jusque là, il n'avait été qu'apprenti. Mais Louise ne devait naître que du second mariage de son père et, à cette époque, Pierre Charly avait lui-même récupéré le surnom de son prédécesseur. Ce qui explique comment la jeune Louise se retrouva avec, en fait, le nom du premier mari de la première femme de son père.

On ignore le mois exact de la naissance de Louise mais on sait qu'elle naquit en 1524, à Lyon. Compte tenu de ses poèmes, il est certain qu'elle reçut une excellente éducation, bien supérieure à celle alors donnée aux filles. Pourtant, elle se maria dans sa caste, épousant le cordier Périn, par ailleurs propriétaire de nombreux immeubles à Lyon.

Les deux époux semblent s'être bien entendus. Périn laissa sa femme disposer de son argent pour acheter entre autres des livres, objets à l'époque très rares et d'autant plus précieux. Louise possédait, on le sait, des ouvrages grecs, latins, italiens, espagnols et français. On la voyait souvent dans ses jardins de la place Bellecour, où elle pratiquait l'équitation en montant comme un homme.

Parmi ses amis, elle comptait Maurice Scève et sa jeune maîtresse, Pernette du Guillet. Scève étant considéré comme le chef de file de ce que l'on nomme encore l'"Ecole lyonnaise", Louise Labé y fut entraînée. Elle composa seule mais aussi avec Olivier de Magny, ami de du Bellay et disciple de Ronsard, ainsi qu'avec le poète humaniste et mathématicien Jacques Peletier du Mans.

Certains ont imaginé une liaison entre la Belle Cordière et Magny mais rien ne fut jamais prouvé. Comme nombre de femmes éduquées de cette époque, Louise Labé fut dénigrée, probablement de manière injuste.

En ces temps-là, tout le monde écrit des poèmes. Du Bellay, avec sa "Défense et illustration de la langue française", en 1549, pose les bases théoriques du genre et Ronsard, Magny et Pontus de Tyard, pour ne citer qu'eux, s'engouffrent à sa suite et à celle de Pétrarque. Louise Labé, elle, subit l'influence très nette non d'Horace ou de Catulle mais d'Ovide, ses "Elégies" en sont la preuve.

Elle s'intéresse à Erasme et à son "Eloge de la Folie" et prend violemment position contre la façon dont Jean de Meung a achevé le travail de Guillaume de Lorris, c'est-à-dire en faisant suivre un récit mythique et hautement symbolique de descriptions très matérialistes et beaucoup trop misogynes. En vain : "Le Roman de la Rose" poursuivra son parcours triomphal.

Des oeuvres conservées de Louise Labé, on lira le "Débat de Folie & d'Amour", ses "Trois Elégies" et enfin vingt-quatre "Sonnets", tous exprimant à titre divers les tourments de la passion vus par l'oeil des femmes.

Mais Louise Labé est aussi l'une des toutes premières féministes de notre littérature. Elle plaide pour l'éducation des filles ainsi que pour une plus grande liberté. Elle insiste bien sur leur droit à la culture, au même titre que les hommes.

Labé possédait un sens profond de la prosodie et du rythme et cependant, ses vers paraissent d'une simplicité presque enfantine, dépouillés de nombreux tics qui subsistent dans ceux de ses homologues masculins de la Pléiade.

Pour vous faire une idée exacte de son grand talent, voyez ici, sur le site de Lauranne.

Il semble que Louise Labé ait cessé d'écrire en 1556. Elle se retira alors à la campagne où elle mourut, le 25 avril 1566, laissant un testament qui dotait nombre de jeunes filles et leur permettait ainsi d'accéder à un éducation certaine. ;o)