The Cases That Haunt Us : From Jack the Ripper to Jobenet Ramsey Traduction : Emmanuel Scavée

Extraits

Co-écrit par John Douglas, ancien agent du FBI, et le journaliste Mark Olshaker, ce volume de plus de quatre cents pages ne casse pas trois pattes à un canard. Certains lecteurs, parmi les néophytes, risquent même de s'ennuyer grave s'ils ne possèdent pas une connaissance assez étendue des affaires criminelles qui se sont déroulées de l'autre côté de la Manche et surtout de l'Atlantique.

Contrairement à ce qu'ils se proposaient de faire, Douglas et Olshaker n'apportent aucun éclairage nouveau sur les affaires qu'ils extraient de leurs cartons plus ou moins poussiéreux. En ce qui concerne Jack l'Eventreur, premier grand tueur en série officiellement répertorié et qu'admirait Joseph Vacher, notre hexagonal "tueur de Bergères", la chose ne saurait trop étonner : les noms des principaux suspects valables sont toujours là mais nous n'aurons jamais, sauf miracle authentique, la preuve décisive qui désignera le seul coupable parmi eux - en admettant d'ailleurs qu'il y soit réellement.

Même son de cloche pour l'enlèvement du tout jeune Charles Lindbergh Jr : les auteurs se contentent de démontrer que Bruno Hauptmann, qui fut exécuté en avril 1936 comme seul responsable du kidnapping et de la mort du bébé, avait sans doute des complices, lesquels ne furent évidemment jamais retrouvés.

Le meurtre atroce d'Elizabeth Short, mieux connu sous le nom d'"Affaire du Dahlia Noir", ne reçoit pas non plus d'illumination particulière : ce qu'en disent nos auteurs sonne plutôt comme un ronron reprenant à son compte les éléments de l'enquête et les réalignant les uns après les autres, mais sans plus.

Le traitement réservé à l'Etrangleur de Boston est un peu plus imaginatif puisqu'il rappelle, mais très brièvement, qu'Alberto de Salvo ne fut peut-être dans l'affaire qu'une espèce de bouc-émissaire, coupable des viols reprochés à l'Homme en Vert mais qui, par la suite, peut n'avoir reconnu que des faits qui lui auraient été rapportés par l'un de ses co-détenus de jadis. Pourquoi aurait-il agi ainsi ? Par vanité, bien sûr mais aussi dans la certitude que, de toutes façons, il serait enfermé dans un hôpital psychiatrique et non dans une prison d'Etat - ce qui ne fut pas le cas.

Deux autres "cas" sont traités de la même façon, de manière si banale, si peu digne d'intérêt, si dénuée de punch que j'ai même oublié à qui ils se rapportaient. Bref, le lecteur européen n'apprend quelques menues choses que lorsque Douglas et Olshaker s'attaquent à l'affaire Lizzie Borden et à celle de la petite JoBenet Ramsey.

Le nom de Lizzie Borden est bien connu des amateurs de fantastique puisque, pour une raison mal définie - peut-être la petite comptine très évocatrice qui courut après les meurtres, "Lizzie Borden took an axe, etc ..." n'est-elle pas étrangère au phénomène - la littérature, le cinéma et la télévision ont fait d'elle une espèce d'équivalent féminin de Jack Nicholson dans "Shining." Mais à notre connaissance, aucun ouvrage documentaire n'est paru en français sur cette affaire qui défraya la chronique dans l'Amérique du début du XXème siècle. En ce sens, l'ouvrage de Doublas et Olshaker a le mérite de nous familiariser avec ce double parricide supposé - rien ne fut prouvé.

De même, le viol et le meurtre de la petite JonBenet Ramsey, retrouvée, le 25 décembre 1996, dans la cave de la maison où elle vivait avec ses parents et son frère, sont rarement évoqués dans les médias et l'édition français. A ce jour, en dépit d'une revendication survenue dix ans plus tard mais rejetée par les autorités comme étant une affabulation de pervers désireux d'avoir son quart d'heure de célébrité, l'affaire demeure tout aussi mystérieuse que celle du Dahlia Noir.

En résumé, un livre planplan, sans aucune originalité, qui ne passionne guère mais qu'on feuillette jusqu'au bout au cas où les auteurs se réveilleraient, ce qui, malheureusement, n'arrive à aucun moment. ;o)