Extraits

Personnages

Merci à La Louve-Editions qui, en partenariat avec notre forum Nota Bene, a gracieusement permis à quelques uns de nos membres de découvrir cet ouvrage.

Second tome de la trilogie médiévale de Jean-Louis Marteil, "L'Os de Frère Jean" tient les promesses de "La Relique." L'humour est toujours là, avec une bonhomie et un à-propos qui évoquent certains fabliaux du Moyen-Age, truculents mais jamais trop paillards. Il arrive bien que notre trio de moines songe à la chair - on apprend que frère Jérôme a connu jadis le grand amour mais que cela s'est mal terminé - mais cela passe vite.

Il faut dire qu'ils ont, le plus souvent, bien d'autres chats à fouetter. Au début pourtant, tout est (relativement) calme. Cela fait maintenant dix ans que la fameuse Relique miracule à plein temps, exposée dans la crypte au coeur d'un reliquaire précieux, lui-même enchâssé derrière une solide grille de fer, le tout confié à la garde de frère Gabriel, le borgne du monastère, lequel, à vrai dire, n'en peut plus. Songez donc : il ne remonte de la crypte qu'à l'heure des repas et aussi à l'heure des prières ! Et dix ans, dame ! c'est long !

Toujours aussi obtus et sadique avant la lettre, l'abbé du lieu fait la sourde oreille aux réclamations du malheureux. Du moment que l'abbaye croule sous les donations reconnaissantes des pèlerins guéris ou en voie de guérison, qu'importe l'abrutissement de l'existence menée par Gabriel ? Il faut bien que quelqu'un le garde, ce fameux os de Saint-Vincent (ou prétendu tel mais cela, l'abbé ne le sait pas ...) Supposez en effet que l'idée vienne à un monastère rival de s'emparer de l'objet miraculeux ? Adieu alors ex-votos dorés, beaux écus d'or et d'argent, magnifiques offrandes faites au saint ... et richesses de l'abbaye. Adieu et bonjour à nouveau la misère et la frugalité ...

Or - et c'est ainsi que débute le livre - le projet d'une "translation" nouvelle de l'os de Saint Vincent (cette fois en direction de l'Auvergne) vient bel et bien de germer dans la cervelle d'un prieur pour l'instant abonné à compter sur les doigts d'une seule main les richesses de l'abbaye dont il a la charge. Pour atteindre son but, le prieur délègue frère Déodat en Rouergue, avec ordre de ramener la relique, coûte que coûte.

Dans "L'Os de Frère Jean", ce ne sont ni les voyages, ni les moines voyageurs qui manquent : Déodat s'en vient en Rouergue, ; son larcin accompli (grâce à une complicité que nous ne vous dévoilerons pas), il s'enfuit droit sur son Auvergne natale ; là-dessus, Bernard se précipite à sa recherche ; puis c'est au tour d'Abdon et de Jérôme de courir derrière leur camarade en priant le Ciel que rien de fâcheux ne lui soit arrivé et, pour couronner le tout, ces divers périples croisent la route de trois moines se rendant à St Jacques de Compostelle, frère Je-sais (en vérité le frère Jean du titre), frère Aicart et frère Eléazar. Ajoutez à cela que le trio de "La Relique" est bien obligé de revenir à son monastère où, pour une raison que je vous laisse découvrir, Jean, Aicart et Eléazar viennent de faire halte.

Comme dans l'ouvrage précédent, l'auteur nous convie à une promenade au coeur du XIIème siècle, peaufinant les caractères de ses personnages et surtout de ses moines, nous les rendant encore plus attachants et nous invitant - discrètement - à nous interroger sur nous-mêmes. Les multiples voyages de ses héros, bons et mauvais, amènent tout naturellement celui que Bernard, le moine à l'intelligence d'un enfant de six ans mènera, avec les moyens intellectuels qu'on lui a concédé et grâce au soutien de frère Jean, aux confins de sa propre quête intérieure. Il nous est ainsi rappelé que les gens dits "normaux" n'ont pas, ne leur en déplaise, le monopole des besoins spirituels.

A lire. Pour l'émotion, pour l'humour, pour la joie et l'optimisme de l'ensemble. De toutes façons, si vous avez lu "La Relique", vous ne pourrez pas faire autrement.