19 avril 1824, Missolonghi, Grèce : décès de George Gordon, lord Byron, poète et dramaturge.

Fils de John Gordon, surnommé "Mad Jack" par ses camarades du régiment de cavalerie où il était capitaine, et de Catherine Gordon de Gight, dont la famille était alliée aux Stuarts, George perdit son père alors qu'il n'avait que trois ans et fut élevé par une mère qui balançait toujours à son égard entre une sévérité excessive et un amour aussi sincère que profond.

En dépit d'un caractère sujet aux sautes d'humeur, il fit de bonnes études universitaires avant d'hériter, à l'âge de 19 ans, de la fortune et du titre de son grand-père.

Depuis déjà quelques années, la poésie constituait, pour le nouveau lord et pair d'Angleterre, le meilleur moyen d'expression. Bien qu'il se fît éditer pour la première fois à compte d'auteur, sa première plaquette : "Les Heures de Loisirs" fut reconnue comme apportant quelque chose de particulier à la poésie anglaise.

Par la forme, la poésie de Byron est classique mais les sujets abordés et plus encore la passion et la révolte avec lesquelles il les traite font de lui le premier des Romantiques anglais.

Certains titres sont évidemment plus célèbres que d'autres. On citera : "Le Corsaire" et, évidemment, "Childe Harold." Parmi les pièces présentées par Byron, on se rappelle aussi"Manfred."

Et, pour peu que l'on soit un tant soit peu anglophone, on ne peut que rester émerveillé devant la beauté, la cadence et la flamme des strophes, devant l'esprit, tour à tour lyrique et féroce, qui les anime.

Car Byron, qui était né avec ce que l'on nomme un pied-bot, a toujours eu pour objectif de se surpasser, aussi bien sur le plan purement physique que sur le plan artistique. Il y parvint sur les deux plans et son oeuvre poétique est absolument sans égale. Le seul poète qu'on peut lui associer est Robert Burns.

Esprit brillant et tourmenté, Byron mena une vie excentrique, affichant plus ou moins une bisexualité scandaleuse, se mariant apparemment pour de simples raisons d'argent, liant avec sa soeur, Augusta, des liens tels qu'il en naquit une petite fille, semant maîtresses et amants aussi naturellement qu'il composait des vers.

Profondément celte par son enfance, qu'il passa en Ecosse, il afficha toujours un mépris certain, voire une haine absolue de l'Angleterre, allant même, dans son admiration pour Napoléon Ier, jusqu'à dédier à l'Empereur déchu une "Ode" qu'il signa en 1814.

Il voyagea énormément en Europe et, sur la fin de sa vie, s'engagea en faveur des patriotes grecs qui voulaient obtenir leur indépendance.

C'est à Missolonghi qu'il fut touché par une fièvre des marais qui, mal soignée, devait l'emporter aux petites heures de ce fatal 19 avril 1824.

Apprenant la nouvelle, le jeune Tennyson, alors âgé de 15 ans, s'enfuit dans les bois et grava sur un arbre : "Byron est mort ..."