Outre William George Heirens, l'ouvrage retrace l'essentiel des parcours d'Ed Gein (dont les meurtres inspirèrent le "Psychose" de Robert Bloch et, plus tard, le film éponyme d'Hitchcock), d'Alberto de Salvo (le violeur en série connu sous les noms de "Le Mesureur", puis "L'Homme en Vert" avant d'être reconnu coupable des meurtres de l'Etrangleur de Boston), de Charles Manson (le "gourou" qui téléguida l'assassinat de Sharon Tate et de ses visiteurs, dans la résidence hollywoodienne de l'actrice, sur Cielo Drive), d'Edmund Kemper (dit "L'Ogre de Santa-Cruz", l'un des très rares tueurs en série qui aient choisi de se rendre à la police) de John Wayne Gacy (l'entrepreneur à la vie bien établie qui montait des spectacles d'anniversaires pour les enfants de ses amis et, dans l'ombre, tuait de jeunes homosexuels), du très charismatique Ted Bundy, de Henry Lee Lucas (complice d'Otis Toole et anthropophage), de Ricardo Ramirez (parfois surnommé "Le Fils du Diable") et enfin de Jeffrey Dahmer (le "Cannibale de Milwaukee," mort en prison des suites du SIDA).

Une chose frappe dans l'attitude des auteurs : certes, ils considèrent les tueurs choisis comme des monstres - y compris Ed Gein, le seul qui fut officiellement reconnu comme atteint de folie - mais cela ne les empêche pas d'en accabler certains plus que d'autres. Or, curieusement, ce sont les plus intelligents ou ceux qui réussirent le mieux leur intégration sociale qui restent dans le collimateur de Simon & Pujol. Alors, on pourrait penser que les deux auteurs déplorent le gâchis qu'ont ainsi fait de leur existence - et de celles de tant de victimes - des hommes qui, au départ, possédaient de réelles qualités pour réussir. Mais à la lecture, on perd vite ses illusions ...

Par exemple devant l'acharnement - il n'y a pas d'autre mot - avec lequel Simon & Pujol s'entêtent à dénier à Ted Bundy le QI élevé qui fut le sien, raillant presque sa faculté à faire des études et à émerger de la classe moyenne pour atteindre le niveau supérieur. (Au passage, Ann Rule, coupable d'avoir tenté de décrire son ancien collègue de travail de manière aussi impartiale que possible dans son livre "Un Tueur Si Proche", est accusée d'avoir contribué à forger le "mythe" Bundy.) Edmund Kemper, au QI lui aussi largement supérieur à la moyenne, paraît pour sa part avoir basculé dans le crime non à cause de sa relation plus que chaotique avec sa mère mais à cause de la participation de son père aux Forces spéciales durant la Seconde guerre mondiale. Circonstance aggravante, Kemper Sr admirait John Wayne.

Qu'ils rappellent avec raison l'éclatant manque de lucidité des institutions psychiatriques où séjourna Kemper après le meurtre, commis dans son adolescence, de ses grands-parents, carence qui aboutit à son renvoi à la vie de tous les jours parce que, selon les psys, il était "guéri", ne dédouane pas pour autant nos auteurs. En effet, ils présentent alors les dysfonctionnements de ce genre d'organismes et les erreurs des psychiatres comme typiquement américains, ce qui est loin d'être le cas.