21 avril 1720, St-Germain-en-Laye (Yvelines) : décès d'Antoine (ou Anthony), comte Hamilton, dit Antoine ou Anthony Hamilton, poète, romancier & conteur.

Il naquit dans une famille de vieille noblesse écossaise et catholique, soit en 1645, soit en 1646. En 1651, les Hamilton préfèrent l'exil à la dictature puritaine de Cromwell. C'est donc à Paris et sous le règne de Louis XIII que le jeune garçon fait ses études.

A seize ans, il part pour l'Angleterre sur laquelle règne désormais Charles II. Il y rencontre le comte de Gramont, alors en visite à la cour anglaise, et sympathise avec ce libertin aimable et brillant qui devient d'ailleurs son beau-frère en 1663. Lorsque le nouveau couple rejoint la France, Antoine les suit avec leurs bagages.

A vingt-trois ans, il entre comme officier dans un corps de "gendarmes" anglais appartenant à l'armée royale française. Mais, le mal du pays se faisant sentir, il repart pour l'Angleterre en 1678. Ce n'est cependant qu'à l'avènement de James (Jacques) II, en 1685, que Hamilton se laisse tenter par la politique. Nommé gouverneur de Limerick, en Irlande, il reçoit avec son titre un régiment d'infanterie.

Lorsque survient le clash entre James II et ses sujets, Hamilton demeure en Irlande et organise la lutte pour la restauration du monarque désormais exilé à St-Germain-en-Laye, sous la protection de Louis XIV. Mais ce combat fera long feu et, en 1695, Hamilton se voit contraint d'emprunter une fois encore le chemin de l'exil.

Désormais, il partagera sa vie entre St Germain et Versailles. Il rencontre le maréchal de Berwick (fils naturel de James II), fréquente les soeurs Bulkeley et la duchesse du Maine (belle-fille de Louis XIV) dans sa petite cour de Sceaux sans oublier sa soeur, Mme de Gramont, si appréciée du Roi-Soleil qu'elle possède sa petite maison dans le parc de Versailles.

Il meurt à St Germain-en-Laye, le 21 avril 1720.

De son oeuvre, on retient avant tout les "Mémoires du Comte de Gramont", inspirés de la vie de son beau-frère, qui furent publiés en 1713 et qu'il avait lui-même rédigés. Il y a aussi ses parodies de contes orientaux qui connaîtront le succès en manuscrit et ne se verront imprimées que dix ans après la mort de leur auteur.

Parmi ses contes les plus célèbres, citons "Histoire de Fleur d'Epine", "Le Bélier" (dédié à l'une des soeurs Bulkeley), "Les Quatre Facardins", "Zeynede" et "L'Enchanteur Faustus."

On citera encore ses poèmes, une traduction de l'"Essay on Criticism" de Pope, un "Dialogue sur la Volupté", le poème allégorique "Les Rochers de Salisbury" et une correspondance impressionnante.

Selon les critiques, y compris Sainte-Beuve qui l'appréciait énormément, le style d'Antoine Hamilton est particulièrement brillant et agile, avec beaucoup de finesse et de recherche dans l'analyse ainsi qu'un sens aigu de l'humour. Si Boileau le tenait pour un disciple de Voiture, la lecture de ses contes parodiques révèle une ironie déconstructrice qui annonce le conte satirique et libertin tel qu'on le rencontrera chez Diderot, Crébillon, etc ... "La Princesse de Babylone", de Voltaire, s'inspire ouvertement de Hamilton.

De nos jours, une partie de ses oeuvres est disponible sur Amazon. Qu'on se le dise : par leur style aussi scintillant que persifleur, elles valent largement le détour et n'ont pas beaucoup vieilli. Lisez-les. ;o)