Michel Fourniret, Monique Olivier : Les Diaboliques Devant Leurs Juges Alain Hamon, Fabienne Ausserre & Hervé Rouvira

Extraits

L'affaire citée étant particulièrement abominable, nous ne reviendrons pas sur les faits reprochés à leurs auteurs. D'autres sites - et d'autres ouvrages - sont là pour ça. Nous précisons également que l'ouvrage évoqué ici n'est pas celui, également écrit par Hamon et Ausserre, et qui fut retiré de la vente à la demande des familles des victimes.

Le présent volume vise avant tout à restituer, autant que faire se peut, les personnalités des assassins, Michel Fourniret d'une part et Monique Olivier-Fourniret, de l'autre. Pour ce faire, les auteurs ont abondamment puisé dans une correspondance que l'un d'eux avait entamée avec Fourniret lui-même, en lui dissimulant bien entendu sa profession de journaliste. Le résultat, en dépit de certaines précisions apportées sur le déroulement des crimes, reste assez sobre : il a en outre le mérite de poser la question de la responsabilité réelle de Monique Olivier-Fourniret.

En dépit des apparences comme en dépit de la logique, la personnalité de cette dernière, qui tient ici le rôle ô combien trouble de ce que Corinne Hermann et Philippe Jeanne, dans l'excellent "Un Tueur Peut En Cacher Un Autre", définissent comme "la Femme de l'Ogre", est encore plus complexe que celle de Fourniret. (Son QI est d'ailleurs plus important que celui du tueur - et pourtant, Fourniret en possède un particulièrement élevé.)

Se présentant, au début de l'affaire, comme la malheureuse compagne d'un fou - nul ne l'oubliera, dissimulant son visage derrière une veste devant les caméras affamées, ne donnant en pâture à la meute des journalistes que deux pauvres mains toutes tremblantes - Monique Olivier est tout de même la première, après l'arrestation de son mari, à révéler les crimes de celui-ci. Mieux encore, alors que Fourniret tentera presque jusqu'au bout de la protéger et d'amoindrir sa part de responsabilité, elle n'hésite pas à le charger au maximum. Tout cela en jouant à l'épouse soumise et pas très fine, qui subit par peur des représailles plus que par amour véritable, fût-il gangrené.

Mais tout cela ne colle pas avec les lettres adressées par elle à Fourniret avant la sortie de prison du tueur, en 1987, et dans lesquelles ceux qui ne sont pas encore amants concluent un véritable pacte de sang : lui se charge de liquider l'ex-mari de Monique, elle lui fournira des proies. Et ça ne colle pas non plus avec la participation active de cette femme aux "chasses" de Fourniret, mettant les jeunes filles en confiance puis les "préparant" pour le viol. Et puis, un argument s'impose d'office, écrasant : puisque Fourniret n'a pas respecté sa part du marché - l'ex-mari de Monique Olivier est toujours en vie - pourquoi a-t-elle continué ?

... Parce qu'elle y trouvait du plaisir. Evidemment.

"Mais comment ?" dira-t-on. "N'était-elle pas mère, elle aussi ?" Si peu ... Sans doute à la manière égocentrique et dénuée de réel amour de ces femmes qui tolèrent l'inceste sur leurs enfants et même le favorisent pourvu que cela fasse le bonheur de leur cher époux ...

Et l'on referme le livre avec la certitude angoissante qu'il existe des ténèbres pires que celles qui inspirent les tueurs en série - les ténèbres de celles qui, en pleine connaissance de cause, les acceptent pour compagnons. ;o)