The God Of Nightmares Traduction : Marie-Hélène Dumas - Préface : Rosellen Brown

Extraits Personnages

Roman initiatique dont le cheminement quelque peu douloureux n'apporte en fait qu'illusions à son héroïne, Helen Bynum, "Le Dieu des Cauchemars" vaut surtout - mais ce n'est que mon avis - par la petite galerie de personnages sortant de l'ordinaire qui y occupent la case - centrale - de La Nouvelle-Orleans.

C'est en effet dans cette ville qu'atterrit un jour Helen, envoyée par sa mère afin de tenter d'y récupérer sa tante Lulu, ancienne danseuse de la troupe Ziegfield et ancienne beauté de music-hall. Le prétexte donné par la mère d'Helen : maintenant que sa fille est prête à vivre sa propre vie, elle souhaite ne pas rester toute seule dans la vieille ferme qu'elle exploite depuis le départ de son mari. En réalité, Mrs Bynum se doute bien que sa soeur, perdue dans ses souvenirs et son désespoir d'alcoolique, ne reviendra jamais et que, même si elle sacrifiait à l'amour fraternel, elle n'aurait pas la patience de s'enterrer avec elle dans une toute petite ville perdue de l'Etat de New-York. Mais lorsqu'Hélène s'en apercevra à son tour, il sera trop tard : gagnée elle-même par l'atmosphère de La Nouvelle-Orleans et grisée par l'assurance de ses premiers pas - à vingt-trois ans - loin de la maison familiale, la jeune fille, elle, ne voudra plus entendre parler de rentrer au bercail.

Ce n'est pas que Mrs Bynum n'aime pas sa fille. Bien au contraire. Mais la nouvelle de la mort de son mari, Lincoln, annoncée par une lettre adressée, par la femme avec laquelle il vivait depuis treize ans, non à elle, l'épouse bafouée, mais à Helen, l'enfant préférée, vient de réveiller le souvenir d'une autre lettre dans laquelle Lincoln accusait son épouse de vouloir garder Helen pour elle seule - et, partant, de s'apprêter en connaissance de cause à lui gâcher l'existence ...

Il faudra bien du temps à Helen pour comprendre la raison véritable qui a poussé sa mère à l'engager à partir en quête de la tante Lulu. Et son univers se sera considérablement enrichi avant qu'elle ne prenne conscience du cadeau qui lui a été ainsi fait par une mère envers qui, pour être franc, elle ne ressentait guère qu'irritation maussade et semi indifférence.

Au bout du compte, elle s'apercevra aussi que son passage à La Nouvelle-Orleans fut sans aucun doute l'époque la plus aimable, la plus captivante - et certainement la moins routinière - de son existence. Ce qui, somme toute, est bien peu.

Désenchantement, demi-teintes, nuances, non-dits également, manière qui rappelle les auteurs anglais comme Barbara Pym et Elizabeth Taylor, "Le Dieu des Cauchemars" est un de ces livres où il ne paraît pas se passer beaucoup de choses. Et pourtant, quand on y regarde bien, on y trouve le désir de découvrir d'autres livres de Paula Fox. Ce qui, finalement, n'est pas si mal.