Le 29 février 1844, fut déclarée, à la mairie de Gleux-lès-Lures (Saône-Supérieure), la naissance d'un enfant du sexe masculin, fils d'Anatole Camember, cultivateur, et de Polymnie Cancoyotte, son épouse. L'enfant fut inscrit sous les noms de François-Baptiste-Ephraïm.

Ce sobre état-civil est celui du Sapeur Camember dont les facéties ont encore un bel avenir devant elles. Avant cela cependant, ses parents n'avaient craint qu'il ne sombrât dans ce que nous appellerions la délinquance car François-Baptiste-Ephraïm, très farceur par nature, était un grand sacripant. Arriva la conscription où il tira le numéro 4 et qui, en somme, le sauva.

Et Christophe de noter avec un malicieux à-propos :

Il y a lieu toutefois de remarquer qu'il était soldat bien jeune, puisqu'étant né un 29 février, il n'avait vu, depuis 1844, que cinq fois son jour de naissance.

Raconter "Les Facéties du Sapeur Camember" est chose impossible. De même qu'il faut lire le vocabulaire et les tournures grammaticales du sapeur pour y croire. Disons en substance que l'adolescent dont ses parents désespéraient de faire quelqu'un s'intègre très bien dans l'armée où il passe beaucoup de temps à servir un colonel irascible.

Le colonel est mariée et sa femme a pour cuisinière la sympathique Victoire, alsacienne de naissance, envers laquelle notre sapeur commence très vite à éprouver de doux sentiments. Enfin, à l'issue des épisodes patriotiques d'usage (où Camember sauve son colonel), notre héros recueille le petit Victorin.

Le tout est mené à un rythme d'enfer par un Christophe qui se délecte à créer et peaufiner l'incroyable jargon de son Camember. A ne pas rater !