Mais voici que parviennent de Pologne des nouvelles aussi curieuses que troublantes :

"... ... On apprit avec étonnement que l'abbé de Polignac s'était beaucoup trop avancé et, entre autres promesses, s'était engagé d'accorder que le prince de Conti prendrait à ses dépens (1) Kaminieck, occupé par les Turcs, et qu'il ferait cette conquête avant son couronnement : sans quoi son élection demeurerait nulle.

Un particulier, quelque grand et riche et appuyé qu'il fût, ne pouvait pas se flatter de suffire à cette dépense, et, de faire dépendre la validité de l'élection du succès de cette entreprise, c'était exposer la fortune d'un prince du sang non seulement à l'incertitude des hasards d'un grand siège, mais à toutes les trahisons de ceux qui se trouveraient intéressés à le faire échouer par leur engagement contre l'élection de ce prince. On en fut si choqué à la cour qu'on envoya Forval (2) en Pologne pour voir plus clair à ses avances de l'abbé de Polignac, essayer de raccommoder ce qu'il avait gâté, et donner des nouvelles plus nettes et plus désintéressées de toute cette négociation. ... ... ..."

(1) : il faut comprendre que tous les frais de l'entreprise restaient à la charge de Conti, lequel, malgré sa grande fortune, n'aurait pu suffire à une telle charge. Eût-il accepté la condition qu'il aurait dû demander à Louis XIV de l'aider.

(2) : nom d'un gentilhomme d'origine normande, qui fut bien souvent envoyé dans les cours européennes à cette époque pour tenter d'arranger des situations que l'on considérait comme perdues.