16 février 1848, Trévières, Calvados : naissance d'Octave Mirbeau, journaliste, romancier et dramaturge.

Issu d'une famille de notaires normands, il fait son droit et aurait été perdu pour la littérature si le député du coin ne l'avait pris comme secrétaire. Cet emploi lui fera connaître bien des amertumes mais lui permettra au moins de prendre pied dans le milieu journalistique et littéraire.

Il écrira dans des feuilles diverses et, au début en tous cas, en fonction de ses différents employeurs et de leurs convictions politiques, très conservatrices, voire anti-sémites. Il se fera aussi le "nègre" d'écrivains aujourd'hui oubliés et mènera à Paris une vie assez désordonnée, entretenant une maîtresse qui l'épuise et qui va lui fournir le thème de son premier roman en tant qu'Octave Mirbeau :"Le Calvaire."

Dans ce roman, qui date de 1882, quelques chapitres sont consacrés à l'éducation que Mirbeau reçut chez les Jésuites. Mais, si grinçantes que soient ces pages, elles ne sont rien si on les compare au troisième roman de l'auteur : "Sébastien Roch", qui raconte purement et simplement le viol du héros par l'un des pères jésuites du pensionnat où ses parents l'avaient placé.

Mirbeau ayant été chassé de chez les Jésuites dans des circonstances restées obscures et ayant développé une haine de l'Eglise catholique qui devient virulente à partir des années 80, on peut se demander s'il ne fut pas la victime ou le témoin des événements relatés dans "Sébastien Roch."

Comme "Le Calvaire", comme "L'Abbé Jules", qui narrait le destin d'un abbé libertaire, en constante révolte contre Rome, et qui lègue toute sa fortune au premier prêtre de son canton qui se défroquera, "Sébastien Roch" fait scandale.

Comme le feront nombre d'oeuvres du romancier, parmi lesquelles "Le Jardin des Supplices" (qui établit le rapport étroit entre le sexe et le meurtre) et le "Journal d'une femme de chambre" sont les plus connus.

Dramaturge, Mirbeau fera dans le même genre avec, par exemple, "Les Affaires sont les Affaires", pièce grinçante, pièce noire, où un affairiste sans scrupules, Isidore Lechat, perd à la fois son fils et sa fille mais, le jour même de l'annonce du décès du premier et de l'abandon de la seconde, n'en oublie pas pour autant de conclure une fructueuse affaire.

Mirbeau fut également un critique d'art estimé et novateur,partisan résolu des Impressionnistes et autres courants modernes, ainsi qu'un critique littéraire à la plume redoutable, qui n'hésita jamais à descendre dans l'arène pour défendre les auteurs qu'il aimait, comme les Goncourt ou Léon Bloy - deux styles pourtant carrément à l'opposé l'un de l'autre. ;o)

Journaliste polémique, Mirbeau, dès qu'il le put, s'engagea dans la voie de l'anti-cléricalisme et de l'anti-militarisme, particularités que l'affaire Dreyfus, où il s'investit résolument (c'est lui qui paya l'amende infligée à Zola à l'issue de son procès) devaient radicaliser.

Dans de telles conditions, il est normal que la Première guerre mondiale l'ait désespéré. Il mourut en 1917, le jour de son anniversaire, le 16 février.

Son oeuvre, puissante et libre, mérite d'être mieux connue.Lisez-la. ;o)