Sur Alexandrie, je me suis composé une petite Bibliothèque privée, qui renferme les livres dont je considère qu'ils ne dépareraient abolument pas sur les rayons de la bibliothèque de mon salon mais qui, malheureusement, n'ont pas eu (jusqu'ici en tous cas mais j'espère que ce petit billet et tous ceux que je projette vont faire avancer les choses ! ;o) ) l'heur de plaire au public.

A cette indifférence, il y a plusieurs raisons. Première de toutes, l'ignorance.

En effet, autant l'on aime à fourrager dans les rayons d'une librairie ou d'un bouquiniste, autant on se lasse vite de fouiller des rayons purement virtuels. C'est un tort énorme mais comme on l'ignore avant d'avoir vraiment expérimenté l'édition en ligne, trop de lecteurs passent ainsi à côté de bien des merveilles que, pourtant, ils auraient pris plaisir à savourer chez eux, au coin du feu ou dans leur lit - ou encore, puisque la saison avance, sur la plage, au soleil.

Deuxième raison : le snobisme.

Quel autre nom donner en effet à ce tour d'esprit qui considère que tout manuscrit refusé par les maisons d'édition "papier" est forcément illisible ? Bon, soyons honnêtes : il y en a, c'est vrai, qui ne casseraient pas trois pattes à un canard (inutile, je ne citerai aucun nom et pourtant, si je voulais ... ;o) ) Mais si l'on veut demeurer honnête, le même phénomène se produit aussi dans l'édition classique. Prenez - par exemple - des auteurs comme Camille Laurens ou encore Hugo Boris. Vous les avez lus ? ... Oui ? ... Allons, ne détournez pas les yeux : vous avez été déçus, n'est-ce pas, très déçus ? ... Et pourtant, ces deux auteurs ont bénéficié d'une excellente campagne de presse, M. Boris a même reçu des prix ... Vous voyez donc que, en ce qui concerne non seulement la littérature virtuelle mais toute la littérature, le snobisme ne devrait pas être : ce n'est pas parce qu'on a reçu l'aval du Paris faussement littéraire mais stupidement mondain qu'on EST un écrivain, un VRAI.

Troisième raison : l'indisponibilité.

On ne le dira jamais assez : lire, ça prend du temps. Tous tant que nous sommes, nous avons souvent du mal à en dégager en suffisance pour nous réserver un temps-lecture. Et quand nous le faisons, nous privilégeons - c'est assez naturel - la lecture classique, avec de bons gros livres qu'on a bien en mains et qui fleurent bon le papier - ancien ou tout frais. La lecture virtuelle, qui en est encore à ses balbutiements, doit faire face à deux handicaps : ou on la pratique sur écran, ou on imprime son texte pour mieux l'apprécier. En sus du temps, il faut donc disposer d'une bonne vue ou d'une imprimante. Alors, c'est vrai que, à ce compte-là, le livre-papier est infiniment plus pratique. Evidemment, on pourrait acheter la version "papier" du livre virtuel en se basant sur la quatrième de couverture et les commentaires des lecteurs. Mais alors que l'on achète souvent chat en poche avec des livres ayant, si j'ose m'exprimer ainsi, "pignon sur édition" (cf. ma désastreuse expérience avec "Les Profanateurs" de Michael Collins), on répugne, pour de mystérieuses raisons, à faire pareil avec des textes n'ayant pas reçu l'imprimatur des grandes maisons parisiennes Sur ce plan-là, nous avons tous de grands progrès à faire, de nouvelles habitudes à acquérir mais chaque chose en son temps. ;o)

Aujourd'hui, en guise de prolongement aux commentaires que, en tant que membre de son Comité de lecture, j'ai pu faire sur Alexandrie sur la totalité des ouvrages parus en Bibliothèque, je vous invite à découvrir une sélection plus resserrée qui vous incitera, c'est mon voeu le plus cher, à vous intéresser vraiment aux livres retenus.

Les critères en fonction desquels j'ai retenu les ouvrages que je vais m'appliquer à mettre en valeur sont :

1) le travail effectué sur le manuscrit : je ne parle pas seulement, vous vous en doutez, de l'absence de fautes d'orthographe et de grammaire. Le travail d'un écrivain, c'est avant tout une intrigue qui se tienne, sans clichés, avec des personnages à la psychologie affirmée et cohérente ;

2) l'originalité du propos poursuivi et/ou de la forme ;

3) le style, bien entendu. Je le mets en troisème position car, pour ma part, je privilégie les styles littéraires, voire complexes, et tout le monde ne partage pas mes goûts

4) et le fait qu'ils n'ont pas bénéficié, souvent par un manque de réelle connaissance littéraire de la part du lecteur et/ou par la timidité quasi congénitale de leur auteur, d'une publicité qui leur aurait permis de caracoler au nombre des téléchargements.

J'ai écarté - impitoyablement, je l'admets mais je ne le regrette pas - tous les manuscrits qui me semblaient :

1) incohérents ;

2) sans réelle profondeur et bourrés de clichés ;

3) inachevés, qu'il s'agisse des tenants et des aboutissants de l'intrigue ou encore de la psychologie des personnages ;

4) surfant sur une vague "à la mode" - le plus sûr moyen pour se faire oublier

5) et enfin ceux qui, à mon sens, ont bénéficié d'une publicité suffisante - et parfois exagérée, compte tenu de la qualité de trop d'entre eux.

Voilà, vous savez tout. Vous pouvez maintenant entrer dans ma Bibliothèque alexandrine personnelle. Tous mes voeux vous accompagnent. ;o)