Mommie Dearest Traduction : Thérèse Lauriol

De son vrai nom Lucille LeSueur, Joan Crawford débuta comme girl dans une troupe de danseuses avant de s'imposer peu à peu à la MGM où elle finit par gagner autant que Garbo ou Norma Shearer.

A la fin des années trente cependant, elle dut quitter les plus célèbres studios de Hollywood pour s'en aller chez les Warner où elle allait d'ailleurs reprendre d'assaut le box-office.

L'une de ses dernières prestations demeure "Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?" où, pour la dernière et seule fois de son existence, elle se voyait opposée à sa vieille ennemie de la Warner, la grande Bette Davis.

Crawford mourut d'un cancer en 1977. Son troisième mari, PDG de la firme Pepsi, l'avait pourvue d'une confortable fortune dont elle refusa de laisser quoi que ce fût aux deux premiers des enfants qu'elle avait adoptés : Christina et Christopher.

"Mommie Dearest", qui sortit après la mort de Crawford, nous explique en partie cette ultime et haineuse pirouette. L'ouvrage a été écrit par l'aînée des enfants qu'adopta la star hollywoodienne, Christina. Et celle-ci y raconte l'enfance qu'elle partagea avec son frère adoptif, Christopher, que la charmante Crawofrd avait l'habitude de sangler sur son lit la nuit pour le punir de ses crises d'énurésie.

Alors, bien sûr, on se dit que tout ce que raconte Christina est peut-être le résultat de l'éternel conflit Mère-Fille. De fait, le conflit est très net, aussi net que, par exemple, dans "Marlène Dietrich par sa fille." Mais la différence est de taille car si Dietrich ne se montra jamais avare de démonstrations d'affection envers sa fille, Crawford, elle, avait visiblement un problème de ce côté-là.

Ce qui donne encore plus de prix aux très rares moments de complicité rapportés - et avec quelle ferveur ! - par Christina Crawford.

Plus que le banal "livre à scandale" qu'on a cherché à faire de lui, "Très chère Maman" est le récit d'un amour malheureux et pratiquement impossible entre une femme qui avait souffert elle-même dans son enfance et les enfants qu'elle adopta dans le désir sincère de les rendre heureux mais qu'elle ne put plus supporter dès qu'elle comprit qu'ils grandissaient - et lui échappaient.

Circonstance qui n'a certainement pas arrangé les choses - et qui était par contre de notoriété publique - Crawford buvait sec. Habituée en outre, par la force des choses, à ne compter que sur elle-même, elle avait développé une personnalité autoritaire qui, très vite, tourna à la tyrannie. Enfin, il lui était impossible d'admettre qu'elle pouvait avoir tort.

A noter qu'un film, avec Faye Dunaway dans le rôle de Joan Crawford, a été tiré assez récemment de cet ouvrage. ;o)