Eight Cousins Traduction : P. J. Stahl

Assez curieusement, "Les Quatre Filles du Dr March" ne m'ont jamais intéressée même si j'ai vraiment apprécié le film de George Cukor où Katherine Hepburn tenait le rôle de Jo. En revanche, l'un de mes romans favoris, dans mon enfance, fut "Rose et le Clan des Campbell" que l'on connaît aussi en français sous le titre "Rose et ses sept cousins."

L'héroïne, la petite Rose Campbell, vient de perdre son père - elle était déjà orpheline de mère. La voilà condamnée - elle le vit ainsi - à passer le restant de ses jours chez deux des soeurs de son père, tante Patience et tante Prudence (en anglais, tante Paix et tante Abondance). On comprendra que, entre la mort de son père et cette triste perspective, sa santé ne subisse le contrecoup d'une dépression qui la fait pleurer et larmoyer comme une Madeleine.

Un jour de pluie, qu'elle est donc fort occupée à songer à son malheur, le chant d'un oiseau l'attire à l'office où elle fait la connaissance de Phoebe, une fillette de son âge qui, elle aussi, est orpheline et domestique chez les deux tantes, sous la férule de la gendarmesque Debbie. Celle-ci survient justement pour expédier "Melle Rose" à la salle-à-manger où "on la demande." Très étonnée (elle ne connaît personne à Boston) et même inquiète, Rose obtempère à cette invitation revêche et s'aperçoit avec horreur - car elle déteste les garçons, elle vient juste de le confier à Phoebe - que le Destin l'a pourvue de sept cousins, tous de sexe mâle et fils des autres soeurs de son père.

Bien entendu, Rose finira par s'habituer à ce cousinage imprévu. Elle deviendra l'amie de tous et, bien plus tard, épousera même le plus intellectuel de ses cousins, Mac, qu'elle soignera avec dévouement dans ce roman lorsqu'il manquera perdre la vue.

C'est un roman délicieux, entraînant, sans rien de gnangnan, sans non plus un seul prêchi-prêcha en faveur de telle religion ou de telle autre, où l'on est étonné de trouver des principes d'éducation - ceux de l'oncle Alec, tuteur de Rose et autre personnage-clef du livre - on ne peut plus modernes et où les caractères de tous les protagonistes sont dépeints avec une rare finesse, qu'il s'agisse de celui des tantes de Rose (ne ratez pas la tante Myra, hypocondre finie) ou de celui de ses cousins. Le tout largement saupoudré d'humour, ce qui continue à en rendre la lecture extrêmement plaisante. ;o)