The House of Sleep Traduction : Jean Pavans

Un modèle de construction où les chapitre impairs narrent une action se déroulant en 1983/1984 tandis que les pairs sont concentrés dans la deuxième quinzaine de juin 1996. Les personnages, quant à eux, sont exactement les mêmes, avec une quinzaine d'années en plus. L'un des protagonistes des années 80 est néanmoins décédé.

Tous se sont croisés alors qu'ils vivaient à la résidence universitaire d'Ashdown, une demeure impressionnante nichée sur la côte anglaise. En ce temps-là, Gregory, étudiant en médecine brillant mais terriblement froid, a eu une liaison, vite rompue, avec Sarah, une jeune fille fragilisée par sa propension à s'endormir au beau milieu d'une activité et à qui il arrivait, en outre, de confondre rêve et réalité.

Robert, autre étudiant du coin, est tombé amoureux fou de Sarah. Mais celle-ci, après sa rupture avec Gregory, lie une relation homosexuelle avec Veronica, féministe avérée. Terry, quant à lui, étudie le cinéma et ne jure que par les films d'auteurs.

Quinze ans plus tard, le destin de tous ces personnages a suivi son cours et parfois de façon très curieuse. Ainsi, le dormeur boulimique que fut jadis Terry est devenu un critique cinématographique connu pour son insomnie chronique. Sarah, revenue à l'hérérosexualité, est institutrice et songe à Robert, lequel a un jour disparu d'Ashdown sans laisser de traces et qui ne lui a plus jamais donné de nouvelles. De Veronica, Coe ne nous dit pas grand chose. Quant à Gregory ... Je laisse au lecteur le plaisir de découvrir ce qu'il est advenu de lui. Et sur Robert non plus, je n'ajouterai rien de plus.

L'insomnie de Terry l'ayant conduit à ne plus dormir du tout pendant plusieurs jours, il accepte de se faire soigner par le Dr Dudden, grand spécialiste des troubles du sommeil. Le fait que Dudden a monté sa clinique dans l'ancienne résidence universitaire d'Ashdown n'est évidemment pas étranger à cette décision.Et bien entendu, à peine arrivé à la clinique, Terry se rémémore bien des souvenirs ...

Allègre et mené de main de maître, ce roman n'est sans doute pas ce que l'on peut appeler une oeuvre majeure mais il se lit avec plaisir et curiosité. Les insomniaques, les gros dormeurs et, de façon générale, tous ceux qui connaissent, à quelque titre que ce soit, des troubles du sommeil seront les premiers conquis car Jonathan Coe a su capter et restituer le mystère à la fois fascinant et épuisant que représentent le sommeil et ses rêves.

Les personnages sont complexes et bien campés. Et même si le lecteur se doute un peu trop facilement de la fin prévue par l'auteur, "La Maison du Sommeil" reste un livre particulièrement ... délassant. ;o)