Le prénom "Eulalie" signifie, paraît-il, "celle qui parle bien" et, par une étrange coïncidence, les premiers textes français que nous ayons conservés, et qui sont tous d'inspiration religieuse, étaient surtout récités devant la masse des fidèles réunis à la prière ou à la messe.

Pourquoi ces textes étaient-ils exclusivement religieux ? Parce que, à cette époque, les moines et les prêtres étaient les premiers et presque les seuls à avoir accès aux bibliothèques. Umberto Eco, dans son excellent roman "Le Nom de la Rose", rappelle d'ailleurs que cet accès à la Connaissance n'était exempt ni de tentations, ni de périls.

La « Séquence - ou Cantilène - de Sainte Eulalie », date vraisemblablement de 881. Redigé en roman, dans une orthographe et une phonétique proches du proto-picard, ce texte évoque le martyre de sainte Eulalie de Mérida et se clôt, bien entendu, sur une prière. Comme la plupart des textes contemporains, il reprend une source antique, un hymne du poète latin Prudence.

Il est inclus dans une espèce de compilation où l'on peut lire également un discours (en latin) de St Grégoire et quatre poèmes (trois en latin, un seul en tudesque) formant le Ludwigslied. Enfin, il faut savoir que les chercheurs ont de bonnes raisons de croire que la "Cantilène" fut écrite aux alentours de Liège et d’Aix-la-Chapelle, ce qui permet donc à certains historiens belges d’affirmer que la littérature française est née en Wallonie. ;o)