Le Thème :

Le boulot à la fabrique n'est pas des plus enrichissants, dans tous les sens du terme. Ce n'est pas une vie mais c'est celle d'André. Avec son père, ses frères, ils se lèvent chaque matin pour aller raboter, dégauchir, assembler, vernir. Faire autre chose ? Dans une ville comme celle-ci, presque un coron ? Certains ont dû essayer, sans doute. En tout cas, personne ne les a vu revenir, se pavaner dans des grosses américaines. Ce qu'ils n'auraient pas manqué de faire si ça s'était si bien passé.

Heureusement, au milieu de tout ça, il y a Rose, Rose qui a ses défauts mais qui est là. C'est déjà une qualité. Elle attend, elle se débat avec une belle mère qui a du mal à supporter sa présence quotidienne, elle voudrait bien trouver du travail, mais personne ne lui en donne. En chercher ? Ca se fait ? Cette petite vie pourrait très bien continuer des années comme ça si elle n'allait pas ramasser un spermatozoïde qui traîne. Et cette graine là, André est sûr qu'elle n'est pas de lui. Qu'est-ce que vous feriez à sa place ?

A ce jour, le meilleur ouvrage de Jean Matrot, en tous cas sur Alexandrie.

Personnages plus vrais que nature, qui ont tant de mal à exprimer leurs émotions, surtout quand celles-ci sont troubles. Intrigue d'une construction quasi horlogère, d'une noirceur terrible parce que solidement enracinée dans une situation banale.

J'étais entrée dans ce roman en redoutant un peu, je l'avoue, que cela ne se terminât dans la pègre mais non : tout ici parle du quotidien, les décors, les personnages, les faits. Ce qui renforce cette constatation : le Mal, quand il se dissimule dans la vie de tous les jours, dans des faits aussi heureux en principe que l'annonce d'une grossesse ou un nouvel amour qui se présente, est bien plus hideux et plus performant.

Si vous ne deviez lire qu'un seul roman de Jean Matrot, ce serait celui-là que, sans hésitation aucune, je vous conseillerai. ;o)

A télécharger sur Alexandrie.