Ce n'est pas un mais une multitude de billets que l'on pourrait consacrer, sur ce blog ou ailleurs sur le Net, aux servitudes et aux grandeurs de l'édition, surtout s'il s'agit d'une édition tournée vers un public d'amateurs avertis comme celle de la SF française.

A la SF en général, je ne me suis intéressée que lorsque j'avais quatorze-quinze ans et, depuis lors, j'avoue que je n'ai pas persisté. Toutefois, je sais que ce genre souffre, comme tant d'autres de nos jours, de l'ombre du géant américain.

Non que la SF américaine soit la meilleure mais elle produit bien plus et, atout non négligeable, elle bénéficie des bonnes grâces de l'industrie cinématographique qui voit en elle, à tort ou à raison, une excellente occasion de gagner de l'argent.

Face à des pointures SF comme Silverberg (mon préféré ;o), Philip José Farmer, Philip K. Dick et bien d'autres encore dont le plus récent Dan Simmons ("L'Echiquier du Mal"), il est évident que la SF européenne et plus spécialement francophone a bien du mal à suivre. Faute de moyens, faute aussi d'une reconnaissance suffisante par le monde de l'édition, faute encore d'une foi suffisante en leur particularité qui paraît bien paralyser nombre d'auteurs actuels, jeunes et moins jeunes.

Contrairement au roman policier, voire au roman fantastique, qui ont tous deux conquis le droit de banqueter au riche festin de la littérature française, le roman de SF mange donc toujours à l'office, avec les domestiques.

Le prodigieux essor d'Internet renversera-t-il la donne ? ...

Alain Pelosato, à qui on ne reprochera ni son manque de flamme, ni son besoin d'en découdre, a fait de ce constat assez frustrant l'un des thèmes principaux de "Fandom" qui, bien que présenté comme un roman, tient surtout de l'auto-biographie.

Pelosato évoque en effet dans ces pages incisives, à la limite du pamphlet, ses propres luttes et déboires au sein de l'édition SF - et c'est un vrai chemin de croix. Le lecteur devra sans doute s'accrocher car le ton de l'auteur est très amer mais c'est grandement édifié qu'il ressortira de ce texte assez bref - trente-sept pages bouillonnantes.

Détail amusant : Alain Pelosato est contre la politique des prix littéraires. ;o)