Partant de l'idée très simple que le premier texte de la Bible - le récit de la création en six jours - décrit géométriquement et mot à mot une représentation symbolique de l'univers, Janik Pilet nous invite à travers cet essai à le suivre dans toutes les étapes de cette reconstruction du monde. Le résultat est une figure étonnamment équilibrée qui semble bien être le mythique Sceau de Salomon tel qu'il a pu être réservé aux initiés. L'empreinte du Sceau se retrouve dans d’autres textes de l'ancien et du nouveau testament, comme la vision d'Ezéchiel et l'Apocalypse en particulier. L'auteur va ainsi nous révéler l'utilisation secrète de cette figure, réputée magique, comme support d'inspiration sacrée, par nombre d’auteurs de textes bibliques. (Prix Alexandrie 2006 de l'Essai)

L'ouvrage est intéressant, la théorie tout à fait convaincante - bravo pour l'argumentation ! - et le style, plus qu'honorable tout en demeurant simple et dépouillé de tout jargonisme déplorable. Les illustrations ajoutent une touche de fraîcheur bien venue dans un sujet tout de même assez ardu.

Cependant, dès la première apparition des signes zodiacaux dans l'histoire, j'avoue avoir tiqué. L'auteur semble tenir en effet pour acquis que, dès le départ, il y a eu douze signes. Or, la Balance n'apparaît pas tout de suite, bien loin de là. L'astrologie a tâtonné pendant des siècles et de nos jours encore, certains astrologues - tout à fait sérieux, je précise - considèrent que le troisième décan du Scorpion constitue un signe à lui tout seul, celui du Serpentaire (Janik Pilet mentionne d'ailleurs cet oiseau dans sa théorie).

Le trio Vierge-Balance-Scorpion comporte donc toujours bien des zones d'ombres que l'on ne rencontre nulle part ailleurs dans le Zodiaque. Du coup, je les vois mal "coller" aussi bien à la Bible - texte très poétique mais enfin, excusez-moi de le souligner, tissé lui-même de contradictions et de fantaisies poétiques mais flagrantes. Le Coran s'appliquant quant à lui à reproduire toutes les bizarreries hébraïques et chrétiennes en les portant à la puissance P, me paraît encore moins fiable. Quant aux Evangiles, il y a contradiction frappante entre ce qui est dit dans Jean (le fameux passage où Jésus répond, en parlant pourtant de Jéhovah, son soi-disant père :"Ce fut un homicide quand il commença ...", la Création étant très clairement sous-entendue) et ce qui se dit à ce propos dans les trois autres.

Mais je m'égare : le sujet demeure si passionnant ! ... ;o) Il n'en reste pas moins vrai que, pour adhérer totalement aux théories d'interprétation de la Bible, quelles qu'elles soient, il faut au moins croire à la véracité de ce qui est dit dans ces textes. Qu'on les prenne au pied de la lettre - cela arrive, hélas ! - ou qu'on n'y voit que du second degré. Or, c'est vrai, je n'y crois pas. J'aimerais notamment savoir pourquoi, dès le départ, le texte hébreux utilise non pas un singulier mais un pluriel ("eloïm") pour désigner le fameux Jéhovah. Cette histoire d'"eloïm" qui s'unissent aux filles des hommes me paraît bien étrange également.

En tous les cas, je crois en deux choses : à la sincérité de Janik Pilet et en son ardent désir de comprendre, de savoir. Et je crois aussi - ce n'est qu'un avis personnel - qu'il sera beaucoup donné à ceux qui auront beaucoup et sincèrement cherché. ;o)

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