Dans son remarquable "L'Homme aux Pistolets", biographie romancée du pistolero John Wesley Hardin, James Carlos Blake évoque ainsi la Guerre de Sécession dont les séquelles n'ont pas fini d'envenimer les relations entre le Sud et le Nord des USA :

... ... On entendait récit sur récit de cruautés yankees dans tout le Texas. La façon dont ils se sont conduits au Texas après la guerre a été purement et simplement atroce, et c'est une chose qu'aucun d'entre nous n'oubliera jamais. Ils ont abattu plus d'un homme pour la seule raison qu'il continuait à porter la casquette des confédérés. Ils te jetaient en prison juste parce que t'avais regardé un Yankee bien en face sans baisser les yeux. Ils ont volé pratiquement tout ce qu'ils voulaient, bétail, chariots, provisions. Ils ont brûlé des fermes par pure volonté de nuire ... bon Dieu, c'est des villes entières qu'ils ont brûlées. Une bande de soldats nègres ivres ont réduit Brenham en cendres, même qu'y en a pas eu un seul d'arrêté pour ça, et c'est vraiment comme ça que ça s'est passé. Il était tout à fait clair que ces ordures de Yankees seraient pas contents tant que tout ce qui restait du Texas ça serait pas de la terre brûlée. Y a pas de quoi s'étonner que pendant tant d'années après la guerre, le Texas ait compté plus de mauvais garçons qu'il pouvait y avoir de cordes de chanvre pour leur faire peur. La façon que beaucoup de jeunes gars avaient de voir les choses, c'était que si c'étaient les Yankees qui faisaient les lois, la seule attitude correcte à adopter, c'était de devenir hors-la-loi. ... ...

__''Nota Bene : c'est ici un Sudiste, un Texan, qui s'exprime, en l'an de grâce 1895 (la Guerre civile avait éclaté en 1861). Il est possible que certains termes puissent choquer certains lecteurs. Je leur rappelle qu'il s'agit ici d'un texte, librement écrit et librement publié jusqu'en France, qui cherche à restituer un contexte bien précis et ne fait en rien l'apologie du crime (il suffit de lire l'ouvrage pour s'en rendre compte) et que, par conséquent, dans les passages que je choisirai de citer, je me refuse formellement à censurer quoi que ce soit audit texte au nom d'une quelconque bien-pensance tartuffienne.

L'Homme aux Pistolets - James Carlos Blake - Rivages/Noir.