The Last Continent Traduction : Patrick Couton

Le Bibliothécaire de l'Université de l'Invisible est malade ! Le Bibliothécaire a la grippe ! Et forcément, c'est une grippe un peu bizarre puisque le virus qui l'a provoquée n'a pu échapper aux émanations thaumiques* de la Bibliothèque. Ce qui explique pourquoi, outre la goutte au nez et la fièvre habituelle, le malheureux Bibliothécaire, à chaque éternuement, trouve le moyen de changer de forme. Tantôt il se mue en fauteuil, tantôt en livre (normal, pour un bibliothécaire, me direz-vous ;o) ) mais il parvient tout de même à conserver sa couleur rousse et même sa fourrure.

Comme le fait remarquer l'archichancelier Mustrum Ridculle, avec son bon sens si caractéristique : "C'est déjà ça !"

De discutaillage en prise de bec, les mages finissent par tomber d'accord : le seul moyen de faire retrouver sa forme originelle au Bibliothécaire, c'est de se livrer à quelques petites manipulations magiques. Mais, pour ce faire, il est impératif de posséder le nom du patient. Or, le Bibliothécaire s'est depuis si longtemps transformé en orang-outang (Cf. "La Huitième Couleur" du même auteur) et tant de mages sont morts depuis cette lointaine époque (dans leur lit ou pas) que personne, dans l'Université actuelle, ne sait plus quel était ce nom.

En fait, le seul mage qui pourrait le révéler, ce fameux patronyme, c'est ... Rincevent. Or, ainsi qu'il a été expliqué dans "Les Tribulations d'un Mage en Aurient" (toujours du même auteur ;o) ), un mauvais calcul établi par ses collègues de l'UI a expédié le pauvre Rincevent de l'Empire agatéen, où il avait superbement tenu son rôle de contre-héros, au continent XXXX. Du moins les mages le supposent-ils. Plus ils regardent dans leur boule de cristal le malheureux se débattre au sein d'un désert de sable rouge et brûlant, plus ces messieurs sont convaincus qu'il s'agit bien du Dernier continent. Du coup, à près de deux heures du matin, ils partent se renseigner sur le continent auprès de l'un de leurs confrères, spécialisé en géographie.

Mais la chambre de ce dernier est vide, pour l'instant. Vu les bruits natatoires (comme dirait Achille Talon) qui sortent de sa salle-de-bains, on peut penser qu'il se détend un peu. Perdant patience comme toujours, Ridculle ouvre la porte de la salle-de-bains et ...

Et ainsi s'ouvre l'un des voyages dans le temps et l'espace les plus farfelus qui aient jamais été écrits. Les amateurs du "temps en boucle" apprécieront tout particulièrement. Quant au lecteur ... Ma foi, en ce qui me concerne, ça passe mieux quand je le lis à haute voix. Sinon, j'ai un peu l'impression de ne pas suivre aussi allègrement que d'habitude. Certes, l'humour est toujours là, faisant alterner des trouvailles étincelantes (les interventions de Mme Panaris, le Bagage en travesti par allusion au très beau "Priscilla, folle du désert" et sans doute le premier dieu carrément athée de l'Histoire de la Littérature universelle) avec des plaisanteries un peu plus banales et parfois plutôt lourdes (la tonte des moutons en Australie et l'intermède à la "Mad Max").

En tous cas, si Rincevent s'embarque bel et bien à la fin de l'ouvrage avec tous ses collègues pour regagner (enfin !) l'UI, il aura dû promettre au Bibliothécaire, entretemps guéri et bien résolu à conserver sa forme anthropoïde, de ne jamais révéler le nom qui fut jadis le sien. ;o)

* : le thaum est l'unité de mesure de la Magie. Il est courant pour un mage de se promener avec un thaumomètre plus ou moins déglingué dans sa poche.