Hogfather Traduction : Patrick Couton

Apparus, eux et leur arrogance, dans "Le Faucheur" - volume où ils tentaient en vain de mettre la Mort à la retraite - les "Contrôleurs" du Multivers décident cette fois-ci de se débarrasser du Père Porcher, équivalent discal de notre Père Noël.

Pour ce faire, ils demandent à M. Sédatiphe, Maître de la puissante Guilde des Assassins d'Ankh-Morpork, de confier cette mission ô combien surprenante, à son meilleur élément. Mais, conscient de ce que l'idée d'assassiner le Père Porcher présente de gênant, Sédatiphe s'adresse en fait au plus tordu des membres de la Guilde - et aussi, il faut bien le dire, le plus méprisé par ses pairs : M. Leureduthé.*(Pourquoi méprisé ? Parce qu'il tue pour le plaisir : une honte pour la Guilde tout entière.)

Pendant ce temps, la Mort, qui a de bonnes raisons de se méfier des "Contrôleurs", a vent de ce projet insensé et décide de le contrer. Mais le Père Porcher, en principe, c'est une "affaire humaine." Aussi la Mort va-t-il partir en campagne pour que sa petite-fille, Suzanne Sto-Hélit (déjà rencontrée dans "Accros du Roc" et depuis devenue gouvernante chez les Guêtre) s'en mêle.

Il y va tout d'abord en douceur en laissant la Mort-aux-Rats et le Corbeau annoncer à la jeune fille que son grand-père est devenu fou. Comme Suzanne, fine mouche, refuse tout d'abord d'accorder du crédit à ce qu'elle tient pour des ragots sans fondement, la Mort, habillé en Père Porcher et flanqué d'Albert, son fidèle serviteur, déguisé pour la circonstance en "lutin du Porcher", déboule en personne dans la cheminée où les chaussettes des petits Guêtre attendent leurs cadeaux.

Là, bien entendu, Suzanne se dit qu'elle doit effectivement agir.

Le vingtième volume de la saga du Disque-Monde est inénarrable. Si le début, avec Lereduthé, en est peut-être un peu laborieux, le reste prend très vite de la vitesse avec les croquemitaines que Suzanne chasse impitoyablement à coups de tisonniers de dessous les lits des enfants, la découverte des "comptes-vies" des dieux et des entités dans la maison de la Mort, la disparition mystérieuse de Violette (l'une des nombreuses fées des dents car, sur le Disque, elles sont plusieurs à récolter les dents de lait), l'inoubliable visite de la Mort-Père Porcher aux Grands Magasins Crassèque où il entreprend de distribuer gratuitement les cadeaux souhaités à des enfants mi-effrayés, mi-ravis, diverses apparitions inattendues comme celle du Gnome des Verrues, du Mangeur de Chaussettes, de l'Oh-bon-dieu des gueules de bois et de la Fée Bonne Humeur ainsi que l'Université de l'Invisible au grand complet (bibliothécaire, archichancelier, doyen, Cogite Stibon et même Sort, l'ancêtre de nos ordinateurs, qui finira lui aussi par écrire sa lettre au Père Porcher).

C'est délirant tout en trouvant le moyen, une fois de plus, de poser pas mal de questions intéressantes. C'est, à mon avis, l'un des meilleurs de toute la série. Alors, n'hésitez pas une seconde : lisez-le !

* : prononcez Le-Re-Dou-Té, SVP. Sinon, il se vexe. Et attention : c'est un vrai psychopathe, celui-là : il ne plaisante pas ! ;o)